Pourquoi le revenu moyen des femmes reste inférieur à celui des hommes

Alors que les femmes sont de plus en plus scolarisées et percent le fameux plafond de verre, «l’équité salariale» n’est toujours pas gagnée entre les sexes.
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Publié 08/03/2018 par Laurie Noreau

Alors que les femmes sont de plus en plus scolarisées et percent le fameux plafond de verre, «l’équité salariale» n’est toujours pas gagnée entre les sexes.

Certes, la rémunération moyenne des femmes a fait des gains importants depuis les années 1980 au Canada, passant de 77 à 88 ¢ pour chaque dollar gagné en moyenne par les hommes. À travail identique, les femmes font le même salaire que les hommes: c’est la loi. Mais il reste encore du chemin à parcourir.

Entre 1950 et 2000, les femmes ont pris d’assaut le marché du travail, investissant certains métiers jusqu’alors occupés par les hommes. Le résultat, révélé par les statistiques du Bureau américain du recensement: parce que les femmes ont été généralement moins bien payées que les hommes, le salaire moyen de ces métiers a décliné avec les années.

Toutefois, même dans les métiers où, avec le temps, l’écart salarial s’est atténué, d’autres facteurs ont contribué à le maintenir, comme le nombre d’heures travaillées et la conciliation travail-famille.

Les emplois qui sont restés féminins payent moins

Mais il existe aussi une ségrégation des métiers, qui est d’ailleurs devenue l’une des causes les plus importantes de disparité salariale entre les sexes selon une étude de l’Université Cornell parue en 2016.

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En effet, malgré l’arrivée des femmes dans certains métiers traditionnellement masculins, plusieurs emplois restent encore le bastion des femmes: éducation à la petite enfance, restauration, commerce, soins aux personnes âgées, etc. Et comme ces métiers sont traditionnellement moins bien payés, ils contribuent à faire baisser la moyenne générale des salaires des femmes.

Les hommes font des semaines de plus de 50 heures

Les longues semaines de travail semblent être l’apanage des hommes. En effet, parmi les travailleurs et travailleuses qui accomplissent plus de 50 heures de boulot chaque semaine, 70% sont des hommes.

Généralement, les entreprises récompensent ces travailleurs acharnés en haussant leur salaire et en offrant des promotions, contribuant ainsi à l’écart avec les femmes.

Pénalité à la maternité

Bien que la société ait fait de gros progrès depuis les années 1950 dans la reconnaissance de la conciliation travail-famille et dans l’institution de congés parentaux, les femmes continuent d’être désavantagées lorsque vient le temps de fonder une famille.

La chercheuse Michelle J. Budig de l’Université du Massachusetts a d’ailleurs conclu que les femmes qui retournent sur le marché du travail après avoir eu un enfant font face à une pénalité salariale de 4% par enfant qui ne pourrait apparemment pas être expliquée par d’autres facteurs.

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Plus encore, une étude danoise menée sur plus de 30 ans a démontré l’impact majeur des enfants sur la carrière des femmes. Alors que celles sans enfants voyaient leur salaire augmenter sensiblement au même rythme que leurs collègues masculins, les mères de famille tiraient de l’arrière: leur salaire diminuait de 30% dès leur premier enfant et elles n’arrivaient jamais à combler l’écart plusieurs années après leur retour au travail.

Une situation que confirme Stéphane Moulin: «quand les femmes atteignent la trentaine, on voit des risques de chômage plus élevé chez les femmes et des difficultés à retrouver un poste ou un emploi équivalent», note-t-il.

femmes
Aujourd’hui, la maternité est une cause mesurable de l’écart des revenus moyens entre les hommes et les femmes.

Demander une augmentation: encore faut-il qu’elle soit acceptée!

Les femmes semblent avoir gagné en confiance et elles demanderaient maintenant des augmentations aussi souvent que leurs collègues masculins.

Toutefois, en début de carrière, les femmes qui manifestent leur intérêt de grimper les échelons ont 18% moins de chance d’être promues que les hommes, selon l’enquête américaine Women in the Workplace 2017. L’hypothèse la plus fréquemment admise est que cela coïncide avec le moment où elles désirent fonder une famille et les employeurs craignent qu’elles soient moins disponibles pour l’entreprise.

Selon cette même enquête, si les deux sexes obtenaient leurs promotions au même rythme, il y aurait deux fois plus de femmes qui occuperaient des postes de haute direction. «Il faut rapidement identifier les femmes compétentes et leur dire qu’elles peuvent accéder à des postes plus importants», croit Diane-Gabrielle Tremblay. «Les hommes doivent agir comme mentor auprès des femmes.»

Auteur

  • Laurie Noreau

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. la seule agence de presse scientifique au Canada et La seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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