Pologne et Lituanie : après la guerre et le communisme, la fierté retrouvée

Le quartier historique de Varsovie reconstruit pierre par pierre

Varsovie
Le Palais de la Culture de Varsovie à l'architecture stalinienne. (Photos: Marc Albert Cormier)
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Publié 16/05/2018 par Marc Albert Cormier

Je suis arrivé à Varsovie en train depuis Berlin. Il paraît que le numéro de mon siège était sur le billet rédigé en allemand. Il m’a fallu pas moins de quatre personnes pour le trouver: une Américaine de l’Ohio, une avocate polonaise, un grincheux et… celui dont j’occupais le siège. Peu importe, je me suis fait de nouvelles connaissances pendant le trajet.

Varsovie
Des gratte-ciel à Varsovie.

Cadeau de Staline

Le premier bâtiment qui m’a frappé en sortant de la gare, c’est l’atroce et affreux molosse stalinien: le Pałac Kultury i Nauki ou palais de la culture. «Cadeau» soviétique de Staline après la Deuxième Guerre mondiale, cette tour fut construite en un temps record. Symbole de la satellisation du pays, les Polonais surnomment cette tour la «botte de Staline» et beaucoup ont souhaité sa destruction.

Pourtant, malgré son origine, la tour est devenue un des symboles de la ville. On y trouve désormais un cinéma, des musées, un palais des congrès et bien entendu un observatoire en son sommet. La pluie aidant, j’ai vu un des grands films de l’été dernier sous-titré en polonais: «Dunkierka».

Intégralement détruite pendant la Deuxième Guerre mondiale, son superbe quartier historique fut reconstruit pierre par pierre pour la joie et la fierté de ses habitants, des visiteurs et touristes. Un avertissement cependant: quand vous irez farfouiller dans les boutiques d’antiquaires de la vieille ville, ne soyez pas surpris de trouver des affiches, médailles, figurines, statuettes et bustes à l’effigie des dictateurs allemands et soviétiques.

Varsovie
Une rue du centre historique de Varsovie.

Le ghetto juif

Bien entendu, Varsovie est indissociable de l’histoire des Juifs d’Europe centrale: lieu du fameux et terrible ghetto, aujourd’hui on y trouve plusieurs musées consacrés à l’histoire de ce peuple.

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Je vous les recommande fortement, notamment le musée de l’Histoire des Juifs polonais où l’on peut voir des reconstitutions de synagogues, une rue d’un quartier juif ainsi que des salles consacrées à l’histoire de ce peuple en Pologne.

À l’extérieur se trouve le fameux monument aux héros du ghetto où le chancelier Willy Brandt s’agenouilla en décembre 1970, expression du repentir de la nation allemande.

Varsovie, c’est aussi la ville de Chopin et de Marie Skłodowska-Curie. Tous deux ont leur musée, de qualité inégale. Je conseille fortement celui consacré au musicien romantique: vous pourrez facilement y passer deux ou trois heures si tel est votre passion.

Varsovie
Un monument à l’astronome Copernic à Varsovie.

Palais et églises

Toujours dans l’ancien quartier de la ville, vous pouvez visiter le superbe palais royal de Pologne ou Zamek Krolewski. Ancien royaume, d’innombrables salles sont aménagées telles qu’elles pouvaient exister sous les divers monarques du pays.

Bien entendu, quand on visite Varsovie, on se doit d’entrer dans ses nombreuses églises de ce pays où l’Église catholique a joué un rôle historique jusqu’aux luttes anti-communistes du 20e siècle.

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Du 16e siècle à la fin du 18e siècle, le Royaume de Pologne faisait partie de la «République des deux pays» qui incluait le grand-duché de Lituanie. Je me suis donc rendu de Varsovie à Vilnius ou Wilno pour les Polonais, capitale de la Lituanie moderne. Outre la longueur du trajet en autobus (plus de 10 heures), j’ai pris plaisir à y observer un très grand nombre de cigognes dans les prés et sur les poteaux téléphoniques qui longent les routes du pays.

Un souvenir que je vous conseille: l’ambre. Vous pourrez y trouver colliers, bagues, boucles d’oreilles, pendentifs et bien entendu, pour les paléontologues, des insectes et arachnides préhistoriques emprisonnés à jamais dans cette résine magique.

À noter: la Pologne n’utilise par l’euro mais le złoty. Vous devrez donc soit convertir vos devises ou faire des retraits au guichet automatique.

Varsovie
Le tableau périodique au musée Marie Curie.

Verdict

• Est-ce que j’ai aimé? Oui je suis heureux d’avoir découvert Varsovie.

• J’y retournerai? Non. C’est comme ça.

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• Est-ce que je recommande? Oui, mais allez aussi à Cracovie, je le regrette.

• En quelques mots: un monde nationaliste et post soviétique…

Varsovie
Partition manuscrite de Chopin.

Vilnius sous influences

Arrivé à Vilnius, j’ai pris contact avec quelques compatriotes qui m’ont permis de mieux comprendre l’histoire récente du pays.

Ancien satellite soviétique, le jeune pays, doit composer avec une minorité linguistique et ethnique: les Russes. La relation entre les populations autochtones et les enfants et petits-enfants de l’ancien occupant ne sont pas simples. De plus, ces pays sont parfaitement conscients qu’un mauvais traitement de ces minorités linguistiques et culturelles pourrait déboucher sur une pression politique et peut-être militaire du grand voisin Russe, l’exemple de l’Ukraine étant maintes fois cité.

Vilnius
La nouvelle ville de Vilnius.

Horreurs du KGB

Après avoir visité mon premier musée consacré aux horreurs perpétrées par le KGB, avec ces cellules où les prisonniers politiques étaient privés de sommeil, d’autres torturés par l’obligation de se tenir debout dans de l’eau glacée jusqu’aux genoux ou des cellules insonorisées, nous avons poussé la visite jusqu’à la salle des exécutions.

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Comme me l’a dit mon compagnon, l’air dubitatif: «Tu vois, nous sommes à moins 50 mètres de bâtiments habités, et à cette époque personne n’a rien vu et rien entendu.» Aujourd’hui, le nom des morts est gravé à jamais dans la pierre de cet édifice au sombre passé.

Vilnius
La cathédrale de Vilnius

La République d’Uzupis

Il existe à Vilnius un petit quartier que l’on compare à Montmartre: la République d’Uzupis, micro nation d’artistes avec une frontière officieuse. Ancien quartier abandonné de la ville, c’est devenu une pépinière d’artistes et de bohémiens très populaire.

Vilnius est une ville avec un centre médiéval, des quartiers au style néoclassique entrecoupée par des projets manifestement d’influence soviétique.

Dernier conseil: partez à la recherche d’un restaurant qui sert la soupe traditionnelle du pays, le Saltibarsciai. C’est une soupe froide de betteraves, concombres, aneth et œufs durs. Si vous n’en trouvez pas, passez au dépanneur du coin, ça ne vous coûtera qu’un ou deux euros.

Vilnius
La République d’Uzupis, micro-nation d’artistes.

Verdict

• Est-ce que j’ai aimé? Tout à fait, mais je suis passionné par les petits pays.

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• J’y retournerai? Pas forcément, une fois suffit parfois.

• Est-ce que je recommande? Oui, c’est une ville intéressante, mais n’y consacrez pas plus de 2 jours.

• En quelques mots: Laisvė Lietuva!

• Liens utiles : Tourisme Vilnius ; la porte de l’Aurore ; l’église Sainte-Anne ; la tour du château de Gediminas

Auteur

  • Marc Albert Cormier

    Passionné d’histoire, d’architecture et de géographie, Marc Albert Cormier travaille dans le milieu de l'éducation à Toronto. Il est aussi conseiller consulaire (élu des citoyens français) auprès du Consulat général de France en Ontario et au Manitoba.

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