Pier 21 à Halifax: un musée bientôt 
national

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Publié 08/12/2009 par Aurélie Resch

Porte d’entrée historique de l’immigration maritime sur le territoire canadien, Halifax continue d’accueillir les étrangers – des touristes aujourd’hui – désireux de découvrir le «Nouveau Continent». Ville universitaire et industrielle en bord de mer, la capitale de la Nouvelle Écosse s’enorgueillit d’abriter un très beau musée sur ses docs, Pier 21, en passe de devenir musée national.

Pier 21, lieu de transit, lieu de mémoire

De 1928 à 1972, le port d’Halifax a vu débarquer un million d’émigrants aux visages émaciés, les yeux pleins d’espoir et les traits tordus par l’appréhension, tous en quête d’un nouveau pays, d’un nouveau départ.

Ce port, le Pier 21, a été leur premier contact avec la terre promise. Le trait d’union entre deux existences. Deux identités. Pétris d’une autre culture, de langues différentes, ces hommes, femmes et enfants ont emporté dans leurs bagages un parfum d’ailleurs dont le port d’Halifax a gardé la trace jusqu’à nos jours.

Le Pier 21 a aussi été le quai d’embarquement pour la France de 494 874 soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce quai a également accueilli le retour de nombre de ces soldats et de quelques 48 000 épouses de guerre et leurs 22 000 enfants.

Tombé peu à peu en désuétude depuis le milieu des années 70, quand les étrangers commencèrent à venir au Canada par avion, le Pier 21 reprend vie en 1999 sous la houlette de ses deux présidents, M. J.P. LeBlanc et Mme Ruth Goldbloom, lorsqu’il est transformé, au bout d’une dizaine d’années, en musée de l’immigration.

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Un musée moderne et interactif

Grand, lumineux et moderne, le musée Pier 21, se veut la mémoire de tous les émigrants qui transitèrent par son enceinte vers leur ville, leur province d’accueil.

Une combinaison de technologie de pointe et de vestiges du passé entraîne le visiteur au cœur d’une époque unique, importante dans l’Historie du Canada et dans celle de millions d’individus. Grâce à des montages multimédias, des projections et reconstitutions, des documents d’époque et des témoignages, les murs du Pier 21 résonnent d’un écho touchant et captivant.

Dans un large espace ouvert, une grande maquette des infrastructures du port siège au milieu, nous révélant les endroits où arrivaient les étrangers, les salles dans lesquelles il leur fallait passer et attendre pour traverser la douane, répondre à une entrevue et recevoir leur visa, ou demeurer, selon le cas, jusqu’à ce qu’ils soient reconduits à leur pays.

Tout autour, des vitrines avec des témoignages écrits, des photographies, des vêtements et objets, des cages reconstituées où étaient entassés les bagages des arrivants complètent le tour d’horizon de ce que fut le premier lieu d’accueil de tous ces étrangers.

Sur la gauche, des wagons renferment chacun un écran sur lequel le visiteur peut récolter le témoignage de personnes venues de l’Est, de l’Afrique, de l’Asie et d’Europe pour s’installer au Canada.

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Un voyage initiatique et émouvant dans le temps, qui fait toucher la réalité de millions de canadiens et nous permet de mieux comprendre de quoi le Canada est fait.

Dans ce train virtuel qui nous emmène de la Nouvelle-Écosse eà la Colombie-Britannique, un wagon est mis à la disposition du visiteur qui souhaite enregistrer son histoire et nous faire part de son témoignage d’étranger ou de canadien.

Un musée pour les élèves

Au fond du musée, la maquette d’un bateau nous invite à assister dans ses entrailles à une projection multimédias du film «Océans d’espoir» qui retrace la vie d’un employé du Pier 21 du temps de la grande vague d’immigration par la mer et du destin de ceux qui ont transité par celui-ci de leur pays vers le Canada ou de leur maison vers le Vieux Continent, quand la guerre de 40 a nécessité l’envoi de soldats sur les champs de bataille français.

Une fiction fort intéressante et bien réalisée qui complète cette incursion dans le monde du Ellis Island canadien.

Dans cette même salle qui accueille aussi les écoles, un jeu de rôles est organisé pour les élèves qui leur permet de passer par chaque étape du processus d’immigration: arrivée, salle d’attente, triage, entrevue pendant laquelle l’étranger évoque ses raisons de demande d’asile au Canada, attribution de visa, douane, etc.… et de mieux appréhender l’histoire de leur famille ou de celle de leurs concitoyens.

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Pendant qu’ils attendent assis sur des chaises en réfléchissant à l’histoire qu’ils raconteront au douanier ou en lisant celle qu’on leur a remis en entrant, les élèves ont l’occasion de regarder tout autour d’eux les maquettes des bateaux, les photographies d’époque prises sur les bateaux ou sur le quai et les lettres écrites par certains des arrivants ou par le personnel travaillant au port. Pier 21 a ainsi enregistré la visite de près de 20 000 élèves depuis son ouverture.

Pier 21, un musée actif

Au rez-de-chaussée, le musée accueille également toute personne désireuse de faire des recherches sur la période d’immigration en Nouvelle Écosse de 1928 à 1972.

Un centre d’archives important qui offre une collection importante d’outils portant sur l’immigration, l’histoire nautique, les groupes ethniques, la généalogie et la Seconde Guerre Mondiale.

Des salles sont aussi mises à la disposition d’expositions itinérantes et spéciales qui permettent aux collectivités de prendre part à la commémoration de ce lieu unique.
Aujourd’hui, on peut recenser un canadien sur cinq ayant un lien direct avec le Pier 21.

Toute l’année le Pier 21 accueille de nouveaux arrivants sur le sol canadien avec son programme Welcome Home to Canada qui les aide (entre autre) à acquérir une expérience professionnelle notable et à trouver un emploi.

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Un musée en passe de devenir musée national

Reconnu comme l’une des sept merveilles canadiennes, le Pier 21 est en passe de devenir musée national. En effet, Le Premier Ministre Stephen Harper, a annoncé le 25 juin 2009 son intention de nationaliser le Pier 21 pour en faire un musée national de l’immigration.

Un statut qui rend hommage à cette intelligente célébration de l’immigration à Halifax et qui devrait se concrétiser dans les prochains mois.

Une occasion parfaite de partir à la rencontre de la mémoire canadienne sur les belles terres de la Nouvelle-Écosse.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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