Pénurie d’enseignants francos : les organismes partent à la recherche de solutions

15% du Plan d’action

FNCSF
Les 12 membres de la Table nationale sur l’éducation ont mandaté la Fédération nationale des conseils scolaires francophones de leur trouver une place à table dans la recherche de solutions aux problèmes de rétention du personnel enseignant. (Photo : FNCSF 2017)
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Publié 04/05/2018 par Jean-Pierre Dubé

Patrimoine canadien fournira aux milieux éducatifs les moyens de mater un des grands obstacles à l’essor des écoles françaises et d’immersion: la pénurie d’enseignants.

Quelque 62,6 des 500 millions $ du Plan d’action pour les langues officielles dévoilé le 28 mars seront consacrés dès 2019 à soutenir des stratégies de recrutement d’enseignants, sous la houlette du ministère du Patrimoine canadien.

La prochaine année sera dédiée à recueillir des données et à rallier les intervenants pour établir des stratégies nationales et partager 31,3 millions $ d’investissements pour chacun des deux secteurs: langue première et langue seconde.

Table nationale

Alors que les organismes se positionnent sur la marche à suivre, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) tiendra le 9 mai une première rencontre avec le ministère pour lui offrir la collaboration des 12 membres de la Table nationale sur l’éducation.

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) se place également sur la ligne de front. «On est en lien avec Patrimoine canadien régulièrement», souligne la directrice générale Lynn Brouillette. «Notre réseau regroupe les neuf facultés d’éducation qui forment les professionnels, autant pour enseigner en français qu’en immersion française. On connaît la demande.»

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«Il y a plusieurs nouvelles écoles françaises et les programmes d’immersion prennent beaucoup d’ampleur. Souvent en début d’année, on entend les conseils scolaires évoquer le manque de profs. En septembre passé en Nouvelle-Écosse, par exemple, il manquait 30 profs dans les programmes d’immersion. En Colombie-Britannique, la pénurie est particulièrement importante.»

«Un enseignant sur cinq quitte la profession»

La FNCSF évoque des données récoltées par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) sur les taux de rétention. «Un enseignant sur cinq quitte la profession après ses cinq premières années», selon le directeur général Roger Paul. «Ça fait mal.»

Ces chiffres refléteraient une baisse d’intérêt pour la carrière et de la demande de formations.

La recherche actuelle serait inadéquate pour élaborer des solutions, et Patrimoine canadien a pris les devants pour s’informer. Le ministère accordait en mars un appui à la FCE et à l’Université d’Ottawa, en partenariat avec l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF), pour une étude «sur la pénurie de personnel enseignant dans les écoles francophones en milieu minoritaire».

Premier rapport dans un an

«Le financement permettra de mieux cerner les causes de la pénurie et de formuler des recommandations concrètes avec nos partenaires communautaires», a expliqué le président de la FCE, Mark Ramsankar, selon un communiqué du CDEACF (éducation des adultes). «L’objectif est de trouver les mesures à mettre en œuvre afin d’atténuer, voire d’éliminer la pénurie.»

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Le projet aurait déjà débuté et ses trouvailles devraient être publiées dans un an. Les chercheurs entendent collaborer avec les divers niveaux de gouvernement «qui interviennent dans la formation et la rétention du personnel enseignant et avec les organisations membres de la FCE».

L’ACUFC joue un rôle critique dans le recrutement d’étudiants au Canada (pour les deux systèmes) et à l’étranger, dans la promotion des facultés d’éducation, mais aussi dans la valorisation de la profession, note Lynn Brouillette.

«Enseignante, infirmière ou secrétaire»

«Ma mère a été enseignante, mais à son époque, il y avait trois professions: enseignante, infirmière ou secrétaire», rappelle Lynn Brouillette. «Aujourd’hui, parmi toutes les possibilités, on a du travail à faire pour que cette carrière ressorte.»

La directrice générale reconnaît que le dossier engage plusieurs intervenants. «On va demander à Patrimoine canadien de faire des rencontres dans chacune des provinces avec tous les partenaires pour voir comment on peut trouver ensemble des solutions. Les provinces ont un rôle important à jouer et le ministère veut rencontrer le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada

À Patrimoine canadien, la porte-parole Natalie Huneault confirme: «Nous entrerons en discussion avec des partenaires possibles comme les provinces, les territoires et les intervenants en éducation pour l’allocation de ces ressources supplémentaires. Nous aurons l’occasion de dévoiler les détails du plan au cours de la prochaine année.»

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Les conseils scolaires en première ligne

La FNCSF est encouragée par la volonté exprimée par la ministre Mélanie Joly de consacrer la grande majorité des investissements du plan d’action dans les communautés. Selon Roger Paul, la Table nationale réunie en avril a manifesté sa volonté de jouer un rôle clé dans cette initiative.

«On s’est dit qu’il faut trouver des façons innovantes de faire les choses. Si tout cet argent-là (les 62,6 millions $) s’en va vers les ministères de l’Éducation, peut-être que la particularité du français langue première devrait être prise en charge par les conseils scolaires francophones. Ils sont les mieux placés pour connaître les besoins et pour trouver des solutions.»

Lors de la rencontre prochaine avec le ministère, la FNCSF sera accompagnée par la FCFA du Canada. «On va voir si on peut convaincre nos collègues de Patrimoine canadien que c’est peut-être le temps de nous impliquer directement dans ces montants supplémentaires.»

ACUFC
Neuf des 21 membres de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne ont des facultés d’éducation qui forment des enseignants pour les réseaux des écoles françaises et d’immersion. (Photo: ACUFC 2016)

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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