Nouvelle escouade anti-corruption à Montréal

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Publié 11/01/2013 par Marie-Michèle Sioui (La Presse Canadienne)

à 13h49 HNE, le 11 janvier 2013.

MONTRÉAL – La Ville de Montréal se dote de sa propre unité de lutte contre la corruption et la collusion.

Michael Applebaum a annoncé vendredi la création de l’Escouade de protection de l’intégrité municipale (EPIM), composée d’une vingtaine de spécialistes et de policiers enquêteurs qui pourront, selon le maire, déclencher eux-mêmes des enquêtes lorsqu’ils le jugeront «nécessaire».

Les portes de la Ville sont désormais «grandes ouvertes» et l’EPIM décidera d’elle-même les dossiers à sonder, a assuré M. Applebaum.

L’EPIM pourra se rendre sur des chantiers, enquêter sur l’octroi de contrats d’infrastructures — ou même sur les contrats d’achat des pantalons des pompiers de Montréal, a affirmé le maire Applebaum pour illustrer la portée du champ d’investigation de la nouvelle escouade.

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Il a décrit l’EPIM comme un «outil complémentaire aux autres mesures en place», notamment le comité-conseil sur l’octroi des contrats municipaux, dont la composition sera dévoilée sous peu.

Le ministre responsable de la région métropolitaine, Jean-François Lisée, a qualifié de «très bonne nouvelle» l’annonce de la nouvelle escouade.

«C’est un événement de plus qui dit aux fraudeurs que les belles années sont terminées pour eux à Montréal (…), que ça va devenir très, très compliqué de faire de l’argent en fraudant les Montréalais, a-t-il déclaré en point de presse. C’est le signal qu’il faut envoyer. On sort d’une période noire pour Montréal et cette sortie-là doit nous permettre de devenir exemplaires.»

M. Lisée a reconnu que les pouvoirs publics devaient se montrer «attentifs» pour éviter une bureaucratisation excessive du processus d’octroi des contrats publics. «Mais en ce moment, la priorité, c’est de casser les fraudeurs», a-t-il insisté.

Le directeur du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, assure quant à lui que l’EPIM travaillera en complémentarité avec les autres partenaires de la lutte pour l’intégrité, notamment l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et son bras policier, l’escouade Marteau.

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Bien que le manque de collaboration entre l’UPAC et l’escouade Marteau ait été dénoncé au cours des derniers mois, M. Parent se réjouit de la mise en place d’une unité d’enquête additionnelle. Il ne croit pas qu’elle pourra compliquer davantage la coordination des diverses instances.

«Nous allons exploiter nos expertises au maximum et travailler dans un objectif commun: combattre la corruption et maintenir l’intégrité dans nos instances municipales», a-t-il lancé, assurant qu’il n’était pas question de «dédoubler» les enquêtes.

«L’objectif est de se projeter dans l’avenir. On ne veut pas faire des dossiers parallèles, mais bien poursuivre les démarches, être un bras supplémentaire.»

Le chef du SPVM a par ailleurs estimé à 3 millions $ le budget supplémentaire qu’allouera Montréal à l’EPIM en 2013.

Une rare satisfaction teintait les commentaires des partis de l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal, où Vision Montréal et Projet Montréal ont loué la décision de M. Applebaum.

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«Enfin!», a laissé tomber le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. «Ça vient avec trois ans et demi de retard, mais ce n’est pas grave. J’ai totalement confiance en Marc Parent afin qu’il rende l’escouade opérationnelle, et je suis content que le mandat de l’EPIM soit large.»

Pour Vision Montréal, il s’agit également d’une victoire, mais partielle. Le parti de Louise Harel se félicite de l’arrivée de policiers enquêteurs à la Ville, mais demande davantage de mesures anticorruption. Vision Montréal réclame notamment la création d’un poste de commissaire a l’éthique, et une enquête approfondie sur la gestion des contrats.

Michael Applebaum devait aussi rencontrer plus tard vendredi les enquêteurs de la Commission Charbonneau.

«Je ne peux pas vous dévoiler la nature des discussions, mais ils (les enquêteurs de la Commission) sont bienvenus dans mon bureau, a-t-il assuré. Je vais travailler avec eux. Si je peux lutter contre la collusion et la corruption, je le ferai avec plaisir.»

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D’autres reportages de la Presse Canadienne sur les audiences de la Commission Charbonneau.

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