«Nous sommes tous Charlie»

Manifestations mercredi soir et dimanche après-midi à Toronto

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Publié 07/01/2015 par François Bergeron

Environ 600 Français et francophiles de Toronto se sont rassemblés ce dimanche après-midi 11 janvier devant l’hôtel de ville, brandissant drapeaux tricolores, bougies et crayons, pour manifester leur solidarité avec la France et affirmer leur attachement à la liberté d’expression après trois jours d’attentats islamistes commencés le 7 janvier par la fusillade au journal satirique Charlie Hebdo .

Dès mercredi soir, quelque 200 personnes avaient manifesté devant le consulat de France à Toronto, à l’angle de Bloor et Yonge, en mémoire des 10 journalistes, dessinateurs et des deux policiers abattus ce matin-là à Paris par trois hommes criant «Nous avons vengé le prophète».

Brandissant des pancartes, tablettes et téléphones affichant «Je suis Charlie», l’expression solidaire déjà virale quand les Canadiens se réveillaient mercredi matin, les manifestants ont bravé un froid intense pour exprimer leur horreur face à cet attentat, qualifié par plusieurs de «11-septembre de la France».

Le rassemblement torontois a été organisé par une page Facebook créée le matin même par Florent Guérard, qui a aussi organisé la manifestation de dimanche avec Sophie Perceval et Marjorie Roulmann.

Jeudi, une policière était assassinée en banlieue de Paris par un homme qui, le lendemain, a tué quatre autres personnes dans une épicerie juive avant d’être abattu par les forces de l’ordre. Quelques minutes plus tôt, deux des trois responsables du massacre à Charlie Hebdo étaient tués en sortant de l’imprimerie dans laquelles ils s’étaient retranchés. Un troisième complice s’était rendu à la police la veille. Le bilan des événements, les pires du genre en France depuis un demi-siècle, est de 20 morts.

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Jeudi soir, l’Alliance française de Toronto a modifié sa programmation pour projeter le film Fini de rire, d’Olivier Malvoisin, sur les nouvelles frontières de la liberté d’expression vues à travers le dessin de presse. La soirée s’est poursuivie par un hommage aux victimes à la galerie Pierre Léon, un endroit d’autant plus approprié que le romancier, essayiste et chroniqueur franco-torontois Pierre Léon (décédé en 2013) était un farouche défenseur de la liberté d’expression et, justement, de l’humour iconoclaste.

De grandes manifestations de solidarité avaient lieu ce dimanche à Paris, dans plusieurs villes de France et dans de nombreux pays, dont chez nous à Montréal et Québec notamment.

À la tribune du rassemblement torontois, le maire John Tory et le ministre fédéral des Finances, John Oliver, ont exprimé leur tristesse et leur horreur face à ces événements, mais aussi leur intention de résister à ces assauts contre nos libertés, contre la démocratie et contre ce que les Français appellent «les valeurs républicaines». Le maire a aussi insisté sur la nécessité de continuer d’inclure tous les groupes culturels et religieux dans la gestion de nos sociétés.

À l’extérieur de l’hôtel de ville, on pouvait signer un livre de condoléances qui sera transmis aux autorités françaises. Le rassemblement s’est éventuellement transformé en marche dans les rues de Toronto jusqu’au Yonge/Dundas Square.

Charlie Hebdo était la cible de nombreuses menaces depuis la parution de caricatures de Mahomet en 2006. Le journal avait remis ça à quelques reprises, ce qui lui avait valu en 2011 d’être attaqué au cocktail molotov. L’équipe du journal revendiquait fièrement son droit de se moquer des religions et des grands de ce monde.

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«Cet acte barbare, combiné aux attaques perpétrées à Sydney, à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa, nous rappelle cruellement qu’aucun pays n’est à l’abri des attaques terroristes que nous avons vues ailleurs dans le monde», a déclaré le premier ministre Stephen Harper mercredi. «Le Canada et ses alliés ne seront pas intimidés, et nous continuerons de faire front commun contre les terroristes qui voudraient menacer la paix, la liberté et la démocratie auxquelles tiennent nos pays. Les Canadiens sont solidaires de la France en ce jour sombre.»

À l’ambassade de France au Canada, on a affirmé: «Il n’y a pas de mots assez durs pour condamner l’attentat odieux qui s’est déroulé ce matin à Paris. Ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui est attaquée, mais la démocratie dans son ensemble.»

Le président François Hollande a rappelé qu’«aucun acte barbare ne saura jamais éteindre la liberté de la presse. Nous sommes un pays uni qui saura réagir et faire bloc.»

L’Ambassade de France à Ottawa se dit «très touchée par les témoignages de solidarité qui se manifestent au Canada, de la part de citoyens, de journalistes, et des plus hautes instances de l’Etat. Tous condamnent sans ambiguïté ce crime abject. Ceci montre que la France et le Canada sont unis et déterminés dans la lutte contre le terrorisme et pour la défense des valeurs fondamentales.»

Mercredi, Marc Cormier, l’un des quatre conseillers consulaires élus au printemps dernier pour représenter les citoyens français de l’Ontario et du Manitoba auprès de leur consulat à Toronto, s’est dit «attristé, consterné et révolté par les actes odieux qui ont été perpétrés contre des dessinateurs, des journalistes, la presse, la liberté d’expression et la liberté de pensée.»

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«Aujourd’hui, nous ne sommes pas de droite, de gauche ou du centre, mais nous sommes tous Charlie», avait-il conclu.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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