NON à Doug Ford en Ontario, au Québec, en Acadie, dans l’Ouest

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Le plus important groupe de manifestants du 1er décembre, regroupant environ 5000 personnes, s’est formé dans les rues d’Ottawa. (Photo : SRC Ottawa/Michel Aspirot)
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Publié 03/12/2018 par Jean-Pierre Dubé

Ce samedi de mobilisation franco-ontarienne, le 1er décembre 2018, a aussi marqué l’histoire de toute la francophonie canadienne.

La journée a commencé avec un édito en français du Ottawa Citizen titré: «Les Franco-Ontariens méritent mieux.» La semaine précédente, le chroniqueur Patrick Lagacé, de La Presse, qui a passé une partie de sa jeunesse à Ottawa, avait écrit en anglais.

Quelque 40 communautés ontariennes ont tenu des rassemblements samedi, réunissant un total estimé à 15 000 personnes, s’opposant à l’abolition du projet d’Université de l’Ontario français et du Commissariat aux services en français, annoncée le 15 novembre par le gouvernement ontarien.

Chez Doug Ford

À Toronto, c’est devant le bureau de la circonscription d’Etobicoke Nord du premier ministre Doug Ford, sur Albion Road, que près de 500 personnes s’étaient donné rendez-vous. Dans le nord de la métropole, on a aussi manifesté devant le bureau de la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney.

Hors Ontario, une dizaine de manifestations ont eu lieu, de Vancouver à Moncton, en passant par Regina et Winnipeg.

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Le quotidien Acadie Nouvelle a fait trois pages, en plus de sa une, sur les militants acadiens et leurs slogans en appui aux Franco-Ontariens dans les rues de Moncton. (Photo: Acadie Nouvelle)

En deux semaines seulement

Le directeur général du Regroupement étudiant franco-ontariens, François Hastir, a résumé la situation dans une entrevue à la société Radio-Canada: « L’affaire (de l’Hôpital) Montfort a pris plusieurs années. En deux semaines, regardez ce qu’on a déjà accompli. On a réussi à dépasser les nombres [de manifestants] de Montfort, et on a dépassé la portée aussi, parce qu’on est allé chercher des alliés dans toutes les provinces et on a ramené une unité qu’on n’a pas vue depuis des années.»

Cette nouvelle solidarité nationale s’est exprimée notamment par des dons en provenance de tous les coins du pays, précise l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) par voie de communiqué.

Plus de 15 000 inscrits à la Résistance de l’AFO

«Jusqu’à présent, le mouvement de Résistance de l’AFO a pu recueillir plus de 55 000 $ pour financer sa campagne pour sauvegarder l’Université de l’Ontario français et le Commissariat aux services en français. 15 370 personnes se sont ralliées à la cause en devenant membres», révèle l’organisme de représentation.

Le sociologue-conseil Marc Johnson est vivement impressionné par la réaction. «Tout le monde a été surpris de la flambée du mouvement de la résistance. On était très peu à penser qu’il y avait encore une fibre collective aussi vive chez les francophones du Canada. Comme ce n’est pas des enjeux temporaires, la mobilisation peut continuer à se construire.»

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Un groupe de 200 personnes s’est regroupé devant l’Hôtel de Ville de Saint-Boniface pour entendre leurs députés et porte-paroles. (Photo : compte Twitter d’Ariane Freynet-Gagné)

Le Nouveau-Brunswick ne touchera pas aux droits linguistiques

Les prochaines mobilisations n’auraient pas lieu au Nouveau-Brunswick, si l’on s’en tient à l’engagement pris par le vice-premier ministre Robert Gauvin, lors du rassemblement à Moncton.

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Selon Radio-Canada, l’unique Acadien parmi les Conservateurs au pouvoir à Fredericton a déclaré que son gouvernement «ne touchera pas aux droits linguistiques. On est l’exemple du Canada. On va continuer de l’être.»

Un coup de fouet aux communautés hors Québec

À la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, on n’entend pas lâcher prise. Selon le président Jean Johnson, la mobilisation a commencé au début de l’année avec des pressions relatives au renouvèlement du Plan d’action pour les langues officielles. Puis les étoiles se sont alignées avec une série de provocations et d’attaques.

«On avait parlé avec nos membres de l’importance de dénoncer qu’en 2018 on remette en cause le bilinguisme canadien. Les coupes de monsieur Ford sont la goutte qui a fait déborder le vase. Les évènements ont attiré l’attention des médias québécois. Ils ont parlé de nous, de nos communautés. On a fait beaucoup d’entrevues!»

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À Québec, le drapeau franco-ontarien a flotté sur l’Assemblée nationale alors que des manifestants ont défilé dans les rues. (Photo: Le Soleil)

Appuis du Québec

La participation du Québec est déterminante pour la suite, soutient Marc Johnson. «Parce que tous les médias comme Radio-Canada, [l’émission] Tout le monde en parle, les journaux et les radios de Montréal en ont parlé, ça a catalysé une solidarité qui ne se laissait pas deviner au cours des dernières années au Québec.»

«Cette impulsion a donné un coup de fouet aux communautés hors Québec», dit-il. «Des représentants de tous les partis politiques se sont mobilisés avec nous samedi.»

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Le député caquiste et ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe (Papineau) a signé ce message sur Twitter: «Wow. Vous m’impressionnez! Franco-Ontariens: sachez que notre gouvernement sera toujours présent pour promouvoir la francophonie et assurer son épanouissement partout au pays.»

Si le Québec est dans le coup, remarque Marc Johnson, les Franco-Ontariens sont aussi prêts à appuyer les communautés des autres provinces. «Leur mobilisation a régénéré une solidarité canadienne. Ils vont vouloir donner ailleurs le retour du chariot. On voit une interdépendance plus évidente qu’avant.»

Ne pas lâcher

Où pourraient avoir lieu les prochaines mobilisations? «À la FCFA, lors de notre dernière rencontre, on a eu l’occasion de se parler sur quoi et quand intervenir. On doit agir dans le respect de nos membres. Par exemple, après les élections au Nouveau-Brunswick, on a sorti une déclaration, mais en consultation avec la Société des Acadiens.»

Les manifestations n’ont encore rien réglé, conclut Marc Johnson. «Mais on met beaucoup de pression sur le gouvernement Ford et sur les autres qui voudraient faire comme lui. Il ne faut pas lâcher.»

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Posted by Nathalie Prezeau on Sunday, December 2, 2018

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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