Musique et découvertes pour la Journée de la Francophonie à la TFS

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Publié 15/03/2016 par Darnace Torou

Un mot, une définition, un dessein! Le mot «francophonie» (1880) serait un néologisme du géographe français Onésime Reclus.

Toutefois, rappelle Yao Assogba, sociologue à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), c’est le poète, académicien et homme d’État sénégalais Léopold Sédar Senghor qui, dès 1962, définissait la Francophonie en ces termes: «C’est l’humanisme intégral qui se tisse autour de la Terre: cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races qui se réveillent à leur chaleur complémentaire.»

Selon le Pr Assogba, «les composantes culturelles de la Francophonie seraient la francité, l’africanité («symbiose complémentaire des valeurs de la négritude et des valeurs de l’arabité»), la canadienité, la québécité, etc. Senghor est le chantre de la négritude, mais aussi l’apôtre et l’un des pères de la Francophonie car il avait émis, dès 1948, le vœu de voir se créer «un Commonwealth à la française», devenu l’Organisation internationale de la francophonie.

C’est dans cet esprit que, jeudi dernier, 10 mars, la Toronto French School a célébré la Francophonie, en vue de la Journée internationale du 20 mars.

Le directeur de la TFS, Josep González-Medina, a évoqué la richesse représentée par les 274 millions de francophones dans le monde, et sa littérature couvrant tous les thèmes. Il a conclu son propos avec le Poème à mon frère blanc de Senghor, qui juxtapose humour et revendications face au qualificatif «hommes de couleur».

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Au menu de cette célébration intitulée «une communauté riche de ses différences», présidée par le principale de l’école secondaire de la TFS, Norman Gaudet, et à laquelle a participé l’attachée culturelle du Consulat général de France à Toronto, Selma Toprak:

– des chants par la chorale de deux classes de 6e et 7e, Le phare du bout du monde (breton) et Il faudra leur dire de Francis Cabrel.

– des projections de vidéos réalisées par des élèves présentant quelques pays de la francophonie (Tunisie, Belgique, Martinique, Congo-Brazzaville, Cambodge, Haïti et… l’Ontario).

– la chanson Sous le ciel de Paris entonnée par des adultes menés par Didier Camps, architecte de cette célébration, avec M. Coté à l’accordéon et M. Lagarde à la guitare.

– Mlle Dylan Ber a majestueusement interprété la chanson d’Yves Duteil La langue de chez nous, accompagnée par M. Coté, cette fois au piano.

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Le tout fut clôturé par une dégustation des crêpes.

La célébration a permis de montrer, comme dirait Edgar Morin, qu’«enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité».

Règlement 17

Cette année, la célébration de la Francophonie a une consonance singulière en Ontario avec la présentation, le 22 février dernier par la première ministre Kathleen Wynne, d’excuses officielles aux francophones de la province pour une législation qui a banni l’enseignement du français des écoles ontariennes de 1912 à 1927.

De l’avis de la ministre Madeleine Meilleur, cela «va soulager la peine des Franco-Ontariens, marqués au fer chaud». Elle a observé que «des grands-parents de plusieurs de ses amis ont perdu leur langue à cause du Règlement 17».

Francophonie torontoise

L’avancement de la francophonie locale a été épique, a raconté Renaud St-Cyr, directeur du Centre d’alphabétisation pour adultes Alpha Toronto, au cours de l’émission Voir l’Ontario de Radio Canada du 9 mars.

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Dans son témoignage, il a rappelé qu’en débarquant en 1966 à Toronto avec sa famille, il y avait des francophones mais pas de francophonie…

Ses parents et d’autres francophones ont lutté avec obstination pour obtenir un plus grand accès d’enfants francophones à l’éducation dans leur langue. Sa mère Micheline St-Cyr a fondé et dirigé pendant une dizaine d’année un centre culturel, La Chasse Galerie, et son père Jean-Raymond St-Cyr a été le premier directeur de Radio-Canada à Toronto.

M. St-Cyr a révélé que dans le quartier North York où habitait sa famille, «on» jetait des œufs et inscrivait des graffitis exprimant sans ambages que les francophones n’étaient pas bienvenus!

Cinquante ans plus tard, Toronto est devenue une ville accueillante, ouverte et multiculturelle, habitée par des Francophones du monde entier! Comme l’enseigne le proverbe, «la persévérance est un talisman pour la vie.»

* * *
Darnace Torou est enseignant à la Toronto French School.

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