L’odeur du partage

roman
Alexis Rodrigue-Lafleur, L’odeur du gruau, roman, Ottawa, Éditions L’Interligne, coll. Vertiges, 2018, 248 pages, 24,95 $.
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Publié 24/02/2019 par Paul-François Sylvestre

«Y a à peine une semaine, j’étais pas capable de l’endurer. (…) Et regarde-moi, là. Je suis en état de manque comme un junkie.» Voilà une scène typique du premier roman d’Alexis Rodrigue-Lafleur, L’odeur du gruau.

L’auteur met en scène six personnages qui gravitent autour d’un café-bistro à Montréal. La ville n’est jamais mentionnée dans le récit, mais comme il est question de la Place des Festivals, on peut déduire qu’il s’agit de la métropole québécoise.

Créativité et imagination

On suit les amis de 2009 à 2029, pas nécessairement de façon chronologique. Alexis Rodrigue-Lafleur écrit qu’«Étouffer la spontanéité étouffe tout le reste. Ça tue la créativité, tue l’imagination.» Dans ce roman, il ne manque ni de créativité ni d’imagination, loin de là.

L’auteur glisse souvent de petites réflexions ou questions sur les fréquentations, les couples et les relations humaines. Il se demande, par exemple: «Une femme qui a tout n’est-elle pas plus attirante qu’une femme qui veut tout?» Le roman est, en fait, un traité très actuel sur l’amour.

Les amis, c’est pour la vie

Il est tout autant question d’amitié, car les amis, c’est pour la vie. «C’est la famille. La vraie famille. Celle que l’on choisit.» Et l’amitié peut s’avérer charnelle, sans être amoureuse ou sexuelle. «Juste bien dans sa peau. Sensuelle. Paisible.»

Dans une relation amicale ou amoureuse, il arrive parfois que solitude et indépendance s’affrontent. Un personnage n’hésite pas à affirmer que l’amour ne dure jamais plus que trois ans. «Après ça, c’est du vide. Du mensonge.» Est-ce dire que personne ne semble avoir ce qu’il ou elle désire puisqu’on s’en débarrasse tellement facilement…?

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Des remarques s’appliquent plus aux hommes. Alexis Rodrigue-Lafleur écrit que «les garçons deviennent des hommes sans qu’on s’en rende compte. Je suis pas certain qu’ils s’en rendent compte eux-mêmes.»

Pour eux, quand la page est tournée, on ne revient jamais en arrière, pas en amour du moins. «Pour un garçon, ce serait un signe de faiblesse.»

Ombre sur l’ego

Peut-être pour faire un jeu de mot, le jeune romancier utilise un anglicisme en écrivant «On se fait forcément mal quand on tombe en amour…» Et un mot dans une simple réplique peut avoir un double sens, comme dans «Dégage un peu, tu me fais de l’ombre.» On est sur la plage, mais l’ombre n’est pas sur la peau, plutôt sur l’ego.

À travers des personnages et des relations complexes, L’odeur du gruau illustre que ce qui importe, au fond, «c’est de ne pas vivre en vain. D’avoir pu partager l’expérience de la vie avec d’autres.»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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