Vivre près de 46 usines: du «racisme environnemental»

L'exposition «Nos ancêtres étaient des chefs»

Laurence Butet-Roch
La photographe et journaliste Laurence Butet-Roch lors de l'inauguration de son exposition, à l'AFT jusqu'au 8 mars.
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Publié 16/02/2018 par Lina Fourneau

Certaines communautés sont parfois amenées à cohabiter avec leur pire cauchemar. C’est le cas de la Première Nation d’Aamjiwnaang, dans la région de Sarnia, voisin de 46 usines pétrochimiques. La photographe québécoise Laurence Butet-Roch en a fait une cause qu’elle présente à l’Alliance française de Toronto dans sa série de photos intitulée Nos ancêtres étaient des chefs.

Lors du vernissage, le 14 février, la photographe a raconté que l’idée lui est venue d’une de ses amies, Sarah Marie Wiebe, professeur en science politique. Cette dernière est notamment l’auteur d’un texte sur la «justice environnementale» dans la «vallée chimique» du Canada.

Au départ, la photojournaliste y va par curiosité, «un peu à l’aveugle», dit-elle à L’Express. Là-bas, elle prend conscience du problème, se sentant même «honteuse de ne pas en avoir eu conscience plus tôt».

Un travail dans le temps

Ce premier pas, c’était il y a déjà sept ans. Depuis, l’artiste a fait des recherches. Pendant les quatre premières années, Laurence vivait en France et pouvait se rendre chez les Aamjiwnaan «deux fois par an». En 2014, elle revient au Québec, et c’est l’occasion de s’y rendre «plus fréquemment, tous les trois mois».

Ses photos sont accompagnées d’un texte, car on ne peut pas tout montrer par la photographie. Notamment, l’ancienneté du phénomène, la première raffinerie sur place datant de 1871. Il fallait donc insister sur «la mauvaise durabilité de ces usines».

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Exposition "Nos ancêtres étaient des chefs"
Photographies de l’exposition « Nos ancêtres étaient des chefs ».

Prise de conscience

Laurence souhaite que ses photos suscitent une prise de conscience de la population sur la situation des Aamjiwnaang.

Elle veut aussi mettre en valeur l’espace vert que cette Première Nation du Sud de l’Ontario cherche à protéger depuis 140 ans. Enfin, elle veut faire réaliser aux Canadiens «leur rôle dans la politique jouée ici».

Sept ans de travail pour des photographies remplies d’émotion. Car même si, au départ, l’artiste porte simplement un regard sur «la communauté vivant au milieu des usines», petit à petit, elle comprend la «force et la tâche que les autochtones s’engageant à fournir» pour leur terre.

Selon Laurence, cette communauté est loin d’être la seule qui fait face à un tel «racisme environnemental», puisqu’on en trouve d’autres près des sables bitumineux de l’Athabasca ou encore des mines de diamants du Nord.

Exposition "Nos ancêtres étaient des chefs"
Photographies de l’exposition « Nos ancêtres étaient des chefs » à l’AFT jusqu’au 8 mars.

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