Les secrets brûlants de Scorched

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Publié 27/02/2007 par Julie Burelle

Le théâtre francophone est à l’honneur au Tarragon cet hiver. En effet, en plus de John & Beatrice, une pièce de Carole Fréchette, le théâtre Tarragon présente, à partir du 20 février, Scorched de Wajdi Mouawad.

Scorched, ou Incendies, constitue la deuxième partie de la tétralogie que Mouawad a amorcée avec Littoral et poursuivie avec Rêves et Forêts. Ce texte coup de poing, incendiaire et fiévreux, véritable voyage au cœur de la tragédie est mis en scène par Richard Rose. Le directeur artistique du Tarragon s’est entouré pour l’occasion d’une solide équipe de comédiens parmi lesquels on retrouve, en autres, Alon Nashman, David Fox et Sophie Goulet.

Scorched, comme Littoral, aborde le thème des origines et des grands cycles de la vie: cycles de silence, de violence, cycle d’amour aussi. Nawal, une femme d’origine libanaise, meurt après avoir vécu emmurée dans son silence pendant 5 ans. Dans son testament, Nawal lègue à ses enfants, les jumeaux Janine et Simon, la mission de remonter jusqu’à leurs origines, et de découvrir la vérité sur leur genèse.

«L’enfance est un couteau planté dans la gorge, on ne le retire pas facilement». Ces mots de Nawal pousseront Janine et Simon dans une odyssée qui les mènera au Liban, patrie de leur mère et pays brûlé par la guerre. Ce périple leur permettra de faire la lumière sur le passé douloureux de leur mère, de comprendre et de renaître enfin.

«Scorched c’est en quelque sorte un voyage initiatique comme ceux que vivaient les héros antiques tel qu’Ulysse et Icare. On y retrouve l’idée du labyrinthe, de la quête de la vérité, même si cette vérité peut nous brûler», explique Sophie Goulet qui interprète le personnage de Janine. La vérité que Janine et Simon vont déterrer les plongera en effet au cœur des horreurs de la guerre; ils en sortiront écorchés vifs.

Wajdi Mouawad avec son écriture échevelée et poétique se défend bien, cependant, d’offrir une lecture de l’actualité ou d’un contexte politique particulier. Il est d’abord conteur et sait tisser une trame narrative riche et complexe. La pièce se déroule au Liban et les parallèles avec les conflits de l’été dernier semblent inévitables, pourtant, Mouawad amène rapidement les spectateurs ailleurs, vers quelque chose de plus universel.

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«Ce serait réducteur de ramener la pièce à une lecture d’un conflit particulier», explique Sophie Goulet, «alors qu’il y a de tout dans ce texte: la tragédie des victimes et des gens qui ont recours à la violence, un drame oedipien…»

Une des grandes forces de Wajdi Mouawad réside dans sa capacité à créer «des images, une allégorie puissante autour du feu: le feu violent qui brûle à vif, qui marque et burine; le feu purificateur qui permet de renaître de ses cendres tel un -phénix», de poursuivre Sophie Goulet.

Scorched est effectivement une histoire de renaissance et de pardon; «une histoire qui doit être racontée» explique la comédienne «surtout dans la période riche en événements historiques que nous vivons actuellement.»

Scorched est présenté au Tarragon jusqu’au 31 mars. «La pièce évolue encore», rapporte la comédienne qui explique que pour elle «le théâtre c’est comme la cuisine: une fois qu’on a mélangé les ingrédients, il faut laisser mijoter pour que cela prenne vie». Dans le cas de Scorched, parions que le produit final sera des plus relevés.

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