Les producteurs laitiers canadiens sacrifiés ?

Accord controversé

Johnny Gallant
Johnny Gallant est fier du lait que produit son troupeau. (Photo : Brian Simpson)
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 13/10/2018 par Jacinthe Laforest

Les producteurs laitiers du Canada n’ont pas mis longtemps à réagir aux modalités de l’accord avec les États-Unis et le Mexique qui, s’il est entériné, pourrait les affecter grandement.

« Il n’y a plus de souveraineté au Canada »

C’est du moins ce que l’on comprend de la vive réaction de Pierre Lampron, président du regroupement des producteurs laitiers du Canada. «Notre gouvernement laisse non seulement notre modèle canadien se démanteler, mais il abandonne notre droit souverain de tirer profit de futurs accords commerciaux», a-t-il indiqué dans un communiqué de presse.

Pierre Lampron
Pierre Lampron (Photo: compte Twitter de Pierre Lampron).

«L’accès total concédé par le gouvernement fédéral au cours des dernières décennies était déjà désastreux, mais maintenant, nous (producteurs et transformateurs) ne pouvons même plus être compétitifs dans notre propre marché ni exporter des produits laitiers de grande qualité. Le Canada a cédé aux Américains qui voulaient s’assurer de neutraliser la concurrence de nos produits sur les marchés mondiaux! Il n’y a plus de souveraineté au Canada.»

Le gouvernement Trudeau visé

Dans une lettre ouverte diffusée le 2 octobre, Pierre Lampron a tenu des propos très durs à l’endroit du gouvernement de Justin Trudeau. «En se levant le matin du 1er octobre, les producteurs laitiers canadiens ont réalisé que leur pire cauchemar était maintenant la dure réalité», a écrit le président Lampron dans sa lettre à l’intention des médias.

«Après les avoir assurés à maintes reprises du contraire, le gouvernement Trudeau les a encore une fois sacrifiés sur l’autel de mauvaises négociations commerciales. Face à une administration américaine qui préfère nous refiler son problème plutôt que de le régler elle-même, le gouvernement Trudeau n’a pas su se tenir debout et défendre les fermes laitières familiales et les produits laitiers de chez nous. Pire encore, cet accord permettra aux Américains de nous dicter nos politiques laitières.»

Publicité

Beaucoup à encaisser

Le directeur général de la coopérative de transformation de lait ADL à Summerside dans l’Île-du-Prince-Édouard, Chad Mann, est déçu que le gouvernement canadien ait cédé ainsi devant les Américains.

Les producteurs laitiers de l’Île-du-Prince-Édouard
Les producteurs laitiers de l’Île-du-Prince-Édouard ont manifesté leur mécontentement concernant les termes de l’accord États-Unis, Mexique et Canada le 30 septembre dernier. Alors que le ministre fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Lawrence MacAulay, prévoyait de faire une annonce dans son comté le 5 octobre, il a été accueilli par un grand nombre de producteurs et même quelques vaches. (Photo : Gracieuseté)

«Selon ce nouvel accord, qui devrait entrer en vigueur en 2019, les Américains ont accès à une part de 2,6 % du marché canadien du lait. Cela s’ajoute aux concessions faites dans le cadre du partenariat transpacifique (3,25 %) et l’accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) (3 %). Tous ces accords sont survenus au cours des deux dernières années et ça fait beaucoup à encaisser pour nos producteurs et pour notre industrie», estime Chad Mann.

Concessions importantes

Avec les concessions faites au cours des récentes années, environ 10 % des produits laitiers que les Canadiens consomment pourraient venir de l’extérieur. Comme les Canadiens n’augmenteront pas leur consommation de 10 % pour absorber ce surplus, les producteurs canadiens vont perdre 10 % de leur quota.

Une vache
Même si les vaches ne se préoccupent pas réellement de ce que leur lait va devenir, les producteurs et les transformateurs, eux, sentent qu’ils ont été sacrifiés par le fédéral pour conclure à tout prix un marché avec les États-Unis et le Mexique. (Photo : La Voix acadienne, Jacinthe Laforest)

Tout le monde est perdant

Selon Chad Mann, la concession faite par Ottawa aura un impact négatif sur le Canada et n’aura aucun impact bénéfique pour les producteurs américains. En plus, il est convaincu que l’injection de lait à faible prix sur le marché canadien ne se traduira pas par des baisses de prix pour les consommateurs.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur