Les maladies cardiaques, un problème d’hommes? Rien n’est plus faux!

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Les femmes âgées demeurent sous-représentées dans les essais cliniques portant sur les maladies du cœur, alors qu’elles en constituent les principales victimes. Photo: MaxPixel / CC
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Publié 05/09/2018 par Ève Beaudin

Les femmes sont non seulement de plus en plus nombreuses à souffrir des maladies cardiaques, mais elles seraient aussi moins bien diagnostiquées et moins bien soignées que les hommes…

Pas rares chez les femmes

Selon Statistique Canada, les maladies du cœur (cardiopathie ischémique, insuffisance cardiaque, crise cardiaque, etc.) sont la deuxième cause de décès après les cancers chez les Canadiennes.

«Malheureusement, les maladies cardiaques sont encore perçues comme un problème d’hommes», déplore le Dr Nicolas Noiseux, cardiologue au CHUM. «Les femmes se sentent peu concernées par les maladies du coeur, alors qu’elles sont cinq fois plus à risque d’en mourir que du cancer du sein», souligne le spécialiste.

Certes, les hommes restent encore plus nombreux à mourir d’une maladie cardiaque. Mais l’écart entre les deux sexes ne cesse de diminuer. En 2013, 23 437 femmes en mouraient contre 26 454 hommes.

30% plus susceptibles d’en mourir

Alors que les hommes sont plus susceptibles de mourir de cardiopathie ischémique et d’insuffisance cardiaque, les femmes sont, en moyenne, 30% plus susceptibles de mourir d’une crise cardiaque que les hommes.

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De plus, selon la Fondation des maladies du coeur (FMC), elles sont plus à risque de subir un deuxième événement cardiaque dans les six mois suivants.

«Souvent, leur pronostic est moins bon, car les maladies cardiaques touchent les femmes plus tardivement que les hommes en raison des hormones qui les protègent jusqu’à la ménopause», explique le Dr Nicolas Noiseux.

«Comme elles ont aussi tendance à ignorer les signes précurseurs des maladies cardiaques, elles tendent à attendre davantage pour consulter. Quand on les diagnostique, elles sont plus âgées et la maladie est plus avancée: ça joue en leur défaveur», ajoute le médecin.

Les symptômes ne sont pas similaires

Une douleur intense à la poitrine qui s’étend dans le bras gauche fait partie des signes avant-coureurs classiques d’une crise cardiaque chez les deux sexes.

Toutefois, de nombreuses femmes décrivent plutôt des symptômes atypiques, comme des essoufflements, des nausées, des sueurs ou des douleurs dans le dos qui peuvent apparaître des mois avant la crise cardiaque.

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«Comme ces symptômes peuvent passer pour de l’anxiété, une indigestion ou des signes de vieillissement, elles ont tendance à y accorder peu d’importance», explique le Dr Noiseux.

Les tests mal adaptés aux femmes

Les différents tests qui permettent de faire un diagnostic de maladies cardiaques — comme l’épreuve d’effort effectuée sur un tapis roulant ou l’électrocardiogramme — seraient moins adaptés aux femmes.

«Leur cœur est moins gros et positionné différemment, ce qui rend le diagnostic plus difficile. Les résultats peuvent être normaux, même si la femme a un problème cardiaque. Il faut souvent faire des tests plus poussés pour trouver le problème», explique le Dr Noiseux.

La FMC travaille par ailleurs à sensibiliser les médecins aux différences qui touchent les femmes en matière de maladies du cœur, afin qu’elles soient diagnostiquées plus rapidement. «Un diagnostic rapide fait toute la différence», souligne Nicolas Noiseux.

Moins bien traitées que les hommes

En partie à cause de ces difficultés diagnostiques, les femmes qui font des crises cardiaques sont aussi plus sujettes aux retards dans leur traitement: moins du tiers recevrait les soins nécessaires dans les délais stipulés, estime la FMC.

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Elles seraient aussi moins susceptibles de recevoir des interventions médicales adaptées — comme un pontage — ou à se faire prescrire des médicaments.

«Comme les deux tiers, des études cliniques scientifiques se concentrent sur les hommes, il y a des incertitudes sur les interventions et la médication», déplore le Dr Noiseux. «Il faudra faire des études pour mieux répondre à leurs besoins spécifiques.»

Des facteurs de risques méconnus

Plus de 50% des femmes qui ont un risque élevé de souffrir d’une maladie cardiaque l’évaluent comme faible ou modéré. Parmi les facteurs de risque, il faut retenir: l’hypertension; le diabète; le cholestérol; l’obésité; les antécédents familiaux; la ménopause.

S’ajoutent des facteurs comportementaux comme: le tabagisme; la consommation abusive d’alcool; la sédentarité; une mauvaise alimentation.

Pour en savoir plus sur les maladies cardiaques chez les femmes, consultez le site de la Fondation des maladies du cœur.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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