Les chasse-moustiques ne sont pas tous aussi efficaces

Les répulsifs qu'on retrouve dans les commerces n’offrent pas tous la même protection. Certains sont même carrément inutiles.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 05/07/2018 par Ève Beaudin

Virus du Nil occidental, maladie de Lyme, Zika, Chikungunya, malaria, dengue. La liste des maladies que l’on peut contracter à la suite d’une piqûre d’insecte ne cesse de s’allonger.

C’est pourquoi de plus en plus de personnes désirent se munir d’un chasse-moustiques efficace pour garder les insectes à distance et profiter de la belle saison au Canada ou à l’étranger.

Malheureusement pour les consommateurs, les répulsifs que l’on retrouve dans les commerces n’offrent pas tous la même protection et certains sont même carrément inutiles. Doutant des allégations du marketing, nombreux sont ceux qui se posent des questions.

Ingrédients

Parmi les produits que l’on retrouve couramment sur les tablettes, trois ingrédients sont reconnus comme étant sécuritaires et efficaces pour chasser les insectes par Santé Canada : le DEET, la picaridine (ou icaridine) et l’huile d’eucalyptus citronné (ou p-mentahne-3,8— diol, PMD).

Les deux premiers sont des répulsifs de synthèse, alors que l’huile d’eucalyptus citronné est le seul insectifuge d’origine végétale démontré comme étant efficace pour repousser les insectes.

Publicité

Attention, il ne faut pas confondre l’huile d’eucalyptus citronné avec les mélanges d’huile d’eucalyptus et d’huile de citron qui ne sont pas des répulsifs.

Citronnelle

Bien qu’elle soit utilisée depuis très longtemps pour repousser les insectes, aucune étude scientifique ne confirme l’efficacité de la citronnelle contre les moustiques et les autres insectes.

Cependant, la réputation de la citronnelle n’est pas totalement injustifiée. Sa particularité: en concentration suffisante, elle a un pouvoir répulsif. Par contre, sa durée d’action est beaucoup plus courte que celles des ingrédients cités plus haut.

Sur le site de la Société canadienne de pédiatrie, on peut lire que la citronnelle offre une protection pendant une période approximative allant de 30 minutes à un maximum de 2 heures, alors que le DEET peut éloigner les moustiques pour une période allant jusqu’à 6 heures, selon sa concentration.

Pour ces raisons, on ne recommande pas la citronnelle aux personnes qui se rendent dans des zones à haut risque de contracter des maladies transmises par des insectes ou qui ont besoin d’une protection de longue durée.

Publicité

Expériences

Pour étudier leur efficacité, les chercheurs qui mènent des recherches sur les chasse-moustiques établissent un protocole de recherche en laboratoire ou sur le terrain, selon les lignes directrices établies par l’Organisation mondiale de la santé.

Puis, à l’aide de cobayes humains enduits d’un insectifuge, ils examinent sa capacité à repousser une ou plusieurs espèces d’insectes (moustiques, tiques, etc.), la quantité requise pour être efficace, ainsi que la durée d’action du produit.

C’est donc sur une base de données scientifiques, et non des arguments marketing, que l’efficacité du DEET, de l’icaridine et de l’huile d’eucalyptus citronné a été établie.

Durée de la protection

La durée d’action d’un produit est déterminée par sa concentration en ingrédient actif. Plus un produit est concentré, plus longue sera sa protection.

Le DEET à 10 % offre une protection de 3 heures ou moins. La durée d’action du DEET à 30% s’étend jusqu’à 6 heures.

Publicité

L’icaridine, pour sa part, repousse les moustiques pendant une période allant de 3 heures (10%) à 10 heures (20 %).

Enfin, l’huile d’eucalyptus a un effet répulsif de 5 heures ou moins, selon la concentration du produit.

À noter que la durée d’action du produit peut être affectée par de nombreux facteurs, comme la sudation abondante et la baignade.

Moustiques et tiques

Parmi les ingrédients efficaces, seulement deux fonctionnent pour faire fuir à la fois les moustiques et les tiques: le DEET et la picaridine.

Pour ce qui est de l’huile d’eucalyptus citronné, on peut lire sur le site de l’Environnemental Working Group qu’elle offre une protection maximale contre les moustiques et les tiques moins longue que celle du DEET.

Publicité

C’est pourquoi on la considère comme un insectifuge de deuxième ligne, après le DEET et l’icaridine. La citronnelle n’offre aucune protection contre les tiques.

Enfants et femmes enceintes

Les insectifuges ne devraient jamais être appliqués sur les bébés de moins de 6 mois. Ensuite, cela dépend du produit choisi et de sa concentration.

On peut appliquer du DEET à 10% et de l’icaridine à 20% sur les enfants de 6 mois et plus. L’eucalyptus citronné ne devrait pas être appliqué avant l’âge de 3 ans. La citronnelle, seulement sur les enfants de 2 ans et plus.

Les femmes enceintes devraient s’en tenir au DEET dans une concentration maximale de 30% ou à l’icaridine dans une concentration de 20% ou moins.

Plusieurs fois par jour

Le nombre d’applications maximales recommandé varie en fonction de l’âge et du produit utilisé.

Publicité

À titre d’exemple, le DEET à 10% devrait être appliqué seulement 1 fois par jour sur les enfants entre 6 mois et 2 ans, alors qu’on peut faire un maximum de 3 applications par jour chez les enfants de plus de 2 ans.

On peut réappliquer le produit dès que les moustiques reviennent à la charge. Pour les autres produits, référez-vous au tableau que l’on trouve sur le Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec.

Vaporisateurs, lingettes, lotions, aérosols

Peu importe la forme, c’est l’ingrédient actif présent dans le produit qui compte — DEET, icaridine, citronnelle.

Il faut aussi bien appliquer le produit. On recommande d’en appliquer une mince couche sur la peau exposée aux moustiques, en évitant d’en mettre près des yeux et de la bouche.

On ne devrait pas appliquer de répulsif sur les mains des jeunes enfants, puisqu’ils ont tendance à les porter à leur bouche. En cas de contact avec les yeux, il est recommandé de rincer à grande eau.

Publicité

Protection solaire et chasse-moustiques

On ne recommande pas les crèmes et lotions qui combinent un chasse-moustiques et un écran solaire, car une crème solaire doit être appliquée plus généreusement et plus souvent qu’un chasse-moustiques.

Sur le Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec, on conseille d’appliquer d’abord la crème solaire et de la laisser pénétrer durant 15 minutes avant d’appliquer un chasse-moustiques.

Bougies, bracelets, gadgets

Plusieurs études scientifiques ont démontré que les bougies, les bracelets et les gadgets portatifs qui émettent des ondes sonores sont inefficaces.

Dans l’une des plus récentes, publiée en février 2017 dans le Journal Of Insect Science, les chercheurs de l’Université d’État du Nouveau-Mexique vont même jusqu’à les qualifier «d’huile de serpent des temps modernes».

Le seul gadget portatif ayant démontré une efficacité dans le cadre de cette étude contenait du methofluthrin, un insecticide considéré neurotoxique et potentiellement cancérigène par l’Agence américaine de protection de l’environnement.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur