Les Berlinois assument leur histoire

La capitale de l'Allemagne est moderne et cosmopolite

Berlin vue aérienne
Berlin vue depuis la Fernsehturm Berlin, à l'origine une tour émettrice de signaux de télévision. (Photos: Marc Albert Cormier)
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Publié 09/05/2018 par Marc Albert Cormier

Berlin c’est un monde en soi. Profondément meurtrie par l’histoire, vous verrez partout en son sein les traces de la Deuxième Guerre mondiale, de l’occupation alliée et soviétique, et le fameux mur de la Guerre froide.

Malgré tout cela, les Berlinois assument leur histoire, ils ont choisi de ne rien cacher, de ne rien dissimuler. En revanche, ne cherchez pas les traces du bunker d’Adolf Hitler, c’est aujourd’hui une zone de stationnement pour appartements, tout ce qu’il y a de plus ordinaire et inintéressant.

Suite à la réunification des deux Allemagnes, Berlin est redevenue la capitale politique du pays tout en restant une ville de bohémiens, d’artistes, d’originaux. D’une grande modernité, Berlin est internationale et cosmopolite au même titre que Londres ou Paris.

la porte de Brandebourg
La porte de Brandebourg (Brandenburger Tor en allemand), qui se situe à l’entrée de l’ancien Berlin, est un symbole de la ville, mais fut pendant presque trois décennies le symbole de la division de la ville : le monument faisait partie intégrante du mur de Berlin. Elle fut érigée par Carl Gotthard Langhans (1732-1808) pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II (1744-1797). Elle fut construite de 1788 à 1791 dans le style néoclassique, en s’inspirant du Propylée de l’Acropole d’Athènes.

Des traces du mur

Enfant de la guerre froide, comme une bonne moitié des lecteurs de ce journal, j’ai pris plaisir à traverser le mur de Berlin et le plus souvent sans même m’en rendre compte!

En effet, la plaie que représentait ce mur infâme s’est pratiquement refermée. Outre Checkpoint Charlie (où l’on trouve désormais un énorme Macdonald) et le Tränenpalast, où l’on a reconstitué un poste-frontière de la gare de train avoisinante, le mur disparaît sans qu’on s’en rende compte sous les pavés.

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L’ancien centre de Berlin Est, capitale de l’état communiste, est aujourd’hui le quartier où se trouvent les Galeries Lafayette, Nespresso, Gucci, Lagerfeld…

ancien emplacement du mur de Berlin
Pavés délimitant l’emplacement du mur de Berlin.

Humour communiste

Pour ce périple, j’ai choisi de rester chez l’habitant, en utilisant les services de Airbnb. À Berlin, je suis resté chez un couple qui occupe un appartement très spacieux dans des bâtiments de style stalinien autour d’une place qui débouche sur Karl-Marx-Allee.

Inutile de préciser que je me trouvais dans l’ancien Berlin Est, à quelques pas du restaurant Moscou avec sur son toit une réplique de Spoutnik et la fameuse tour de télévision de l’ancienne Allemagne de l’Est: le Berliner Fernsehturm qui diffusait la propagande du paradis soviétique.

Mon hôte, très sympathique et drôle m’a raconté comment il a pu prendre connaissance de sa fiche aux bureaux de la Stasi, la police d’État qui espionnait tous ses citoyens. Il a ainsi appris qu’une voisine avait rapporté à cette police qu’il avait un jour «fait des blagues à la pharmacie»… Information capitale qui se devait d’être reportée sur une fiche.

Ce même interlocuteur me raconta comment en novembre 1989 il avait accouru pour dire à son père que le mur était en train de tomber, que l’on pouvait désormais passer à l’Ouest. C’est la seule fois de sa vie qu’il vit son père lâcher une larme. Vous comprenez pourquoi je préfère loger chez l’habitant: parfois les conversations peuvent prendre une orientation imprévue et enrichissante.

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DDR Allemagne de l'Est
Le musée de la RDA à Berlin (DDR-Museum Berlin) est un musée situé à Berlin-Mitte. La collection permanente se concentre principalement sur la vie quotidienne et la culture populaire dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Le musée de la RDA se situe sur la promenade au bord du fleuve de la Spree, en face de la cathédrale de Berlin et occupe le terrain de l’ancien Palace Hôtel.

Musée de la RDA

Si vous voulez en savoir plus sur l’ex-RDA, un excellent musée est consacré à la vie dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Il s’agit du DDR Museum, à quelques pas de la cathédrale de Berlin: vous pourrez vous faire prendre en photo au volant d’une Trabant.

Malheureusement le restaurant est fermé depuis 2013. On pouvait payer le prix d’un bon restaurant pour manger comme les anciens dirigeants du pays communiste. Le projet n’a pas survécu à la loi du marché.

Berlin regorge de musées: musée d’art, d’histoire, de culture, d’espionnage… Il faut choisir. Bien entendu, je ne pouvais m’empêcher de visiter ce dernier! J’ai pu voir un exemplaire de la machine Enigma, des chaussures avec semelles creuses, une pipe pour cacher des microfilms. Berlin était un nid d’espions, cela va de soi, quel meilleur endroit pour découvrir leur panoplie?

machine enigma
Enigma est une machine électromécanique portable servant au chiffrement et au déchiffrement de l’information. Elle fut inventée par l’Allemand Arthur Scherbius, reprenant un brevet du Néerlandais Hugo Koch, datant de 19191,2. Enigma fut utilisée principalement par les Allemands (Die Chiffriermaschine Enigma) pendant la Seconde Guerre mondiale. Le terme Enigma désigne en fait toute une famille de machines, car il en a existé de nombreuses et subtiles variantes, commercialisées en Europe et dans le reste du monde à partir de 1923. Elle fut aussi adaptée pour une utilisation par les services militaires et diplomatiques de nombreuses nations.

Willy Brandt

Européen convaincu, j’ai aussi visité le centre consacré à un très grand chef d’état et ancien maire: le musée Willy Brandt, un homme que nous avons tous un peu oublié et qui mérite qu’on le redécouvre.

Toujours dans le domaine politico-historique, vous pouvez visiter le Bundestag et son dôme de verre, mais vous devez réserver votre place plusieurs semaines à l’avance sur le site web officiel!

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Ce haut lieu de la démocratie allemande, d’abord détruit lors d’un incendie qu’on imputa aux Nazis, puis occupé par les Soviétiques, ne cache pas les traces de son histoire. Vous pourrez donc voir les graffitis des soldats russes sur les murs intérieurs que les Allemands ont refusé de recouvrir afin de rappeler au peuple leur histoire, aussi douloureuse soit-elle.

bière
La bière de Berlin, le Berliner Kindl.

Saucisses en sauce au curry

Bien entendu, vous ne pouvez visiter Berlin sans boire une Berliner Kindl et manger le fameux currywurst : de la saucisse découpée avec une sauce au curry. Invention d’après-guerre, les Berlinois ont leur équivalent culturel de la poutine. Ce n’est pas mauvais du tout, mais à consommer avec modération, sauf la bière bien entendu.

Si vous ne voulez ramener qu’un seul souvenir de Berlin, tous ceux qui y sont passés vous diront Ampelmännchen ou Ampelmann. Le fameux personnage des feux pour piétons de Berlin Est, création de Karl Peglau et Anneliese Wegner, devenu une icône culturelle.

Avec son drôle de chapeau, son torse raccourci et sa démarche plutôt déterminée, vous trouverez dans divers magasins ce personnage sur des chapeaux, porte-clefs, coques pour téléphone, boucles d’oreille… C’est d’ailleurs quelque part un code secret pour ceux qui ont visité Berlin, si vous reconnaissez le symbole, vous faites partie du club!

Dernier conseil pour les mélomanes, si vous êtes de passage en saison, allez au Philharmonique de Berlin! En attendant, vous pouvez toujours vous abonner à leur service en ligne, assister à des concerts en direct sur iPad ou Apple TV.

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cathédrale
La cathédrale de Berlin (Berliner Dom, ou officiellement : Oberpfarr- und Domkirche « Église paroissiale supérieure et collégiale ») est l’église principale protestante historique de Berlin située sur l’île aux Musées à Berlin-Mitte. Traduit en français comme cathédrale, l’église n’est pas une cathédrale dans le sens strict du mot, car elle n’a jamais été le siège d’un évêché.

Verdict

• Est-ce que j’ai aimé? Absolument!

• J’y retournerai? Sans hésiter.

• Est-ce que je recommande? Oui!

• En quelques mots: à la croisée de toute l’histoire européenne du 20e siècle.

Auteur

  • Marc Albert Cormier

    Passionné d’histoire, d’architecture et de géographie, Marc Albert Cormier travaille dans le milieu de l'éducation à Toronto. Il est aussi conseiller consulaire (élu des citoyens français) auprès du Consulat général de France en Ontario et au Manitoba.

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