Le «peuple» a le dos large

Maxime Bernier et son nouveau Parti populaire du Canada

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Maxime Bernier et son nouveau Parti populaire du Canada (People's Party of Canada).
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Publié 14/09/2018 par François Bergeron

Après Doug Ford qui a fait campagne «pour la population» («for the people»), voici Maxime Bernier qui baptise sa nouvelle formation le «Parti populaire» («People’s Party», qui signifie en fait «Parti du peuple» ou «Parti de la population», mais bon).

Le député de Beauce, qui vient de quitter le Parti conservateur d’Andrew Scheer, a dévoilé le nom et le site internet de son parti vendredi matin. Apparemment, les meilleurs noms étaient déjà pris…

Pour la vertu

Il prône «plus de liberté et de prospérité au Canada» au moyen d’un programme où s’entrecroisent l’abolition des subventions aux entreprises et la fin de la taxe sur le carbone, en passant par une immigration axée sur nos besoins et une politique des armes à feu.

Mais c’est facile d’être pour la vertu, le progrès, la liberté, la prospérité, et bien sûr le «peuple» (qui songerait à se présenter «contre le peuple»?). C’est dans l’action que ça se vérifie.

Par exemple, les intellectuels et les politiciens qui se disent «progressistes» sont en réalité souvent rétrogrades et, au pouvoir, criminels. La République populaire démocratique de Corée (du Nord) ou l’ancienne République démocratique allemande (de l’Est) n’ont fait que bafouer la démocratie et opprimer la population.

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Et avilir le mot «république» (du latin «res publica»: la chose publique).

Novlangue

George Orwell (1984) a brillamment démontré comment les dictatures détournent systématiquement le sens des mots pour tenter de les rendre inopérants. Le «bien commun», ici, s’avère très différent du «bien de chacun» (l’élégante «poursuite du bonheur» de la Constitution américaine).

Quand les grandes gueules se réclament des «travailleurs», c’est généralement pour les embrigader ou les asservir. S’ils militent pour la «justice sociale», ils prônent plus souvent un système injuste, où l’effort et le talent des individus sont sacrifiés sur l’autel de «l’égalité» collectiviste ou de «l’équité» raciale ou sexuelle.

De nos jours, plusieurs sirènes du totalitarisme sont recyclées en prophètes de catastrophes climatiques, l’équivalent moderne de la vente des indulgences par l’église au Moyen-Âge.

Bonnes intentions

Je ne doute pas que Maxime Bernier considère sincèrement que son programme serait bénéfique au pays et à la grande majorité des Canadiens. De fait, je suis d’accord avec plusieurs de ses idées.

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Mais c’est aussi ce que croient tous nos chefs politiques, à gauche comme à droite: tous me semblent motivés par l’épanouissement des citoyens et des prochaines générations, même si beaucoup le sont aussi par la gloriole.

Même Donald Trump, qui serait affligé de tous les vices et toutes les tares, est sûrement persuadé d’agir pour le bien de la majorité des Américains. Il est donc bel et bien «populiste», un terme devenu interchangeable avec «démagogique», traduisant surtout le sentiment d’opposants qui aimeraient bien être aussi «populaires» que lui.

Il reste qu’il faut avoir du front tout le tour de la tête pour nommer son équipe «Parti populaire» ou faire campagne «pour le peuple». C’est le moyen qui nous intéresse: ça devrait se refléter dans le nom du parti ou dans le slogan de la campagne.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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