Le fléché, un art identitaire

Transmis de génération en génération

Ceinture fléchée (3 sur 6)/le fléché
Ceintures et bonnets fléchés.
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Publié 22/02/2018 par Camille Simonet

Porter une ceinture fléchée n’est pas un acte anodin. Derrière cette parure très colorée se cache une histoire symbolique et identitaire vieille de deux siècles.

L’historienne métisse Lisette Mallet a décrypté les origines de cet art de tissage traditionnel à l’Alliance française mercredi soir, pour la Société d’Histoire de Toronto.

 Symbole des Canadiens-Français et des Métis

À la fin du 18e siècle, la ceinture fléchée fait partie des vêtements d’hiver des Canadiens-Français, et notamment des coureurs des bois. Très colorée, elle servait à les maintenir au chaud et à protéger leur dos en soutenant des petites charges, comme leurs outils.

Cette parure est mentionnée dans les livres de la Compagnie du Nord-Ouest datant de 1798. C’est cette compagnie de commerce de fourrure qui a fait connaître la ceinture fléchée aux Autochtones, friands de ses couleurs, en l’échangeant contre des peaux de bêtes.

C’est ainsi que la ceinture est devenue progressivement un symbole identitaire des Autochtones, puis plus tard de la Nation métisse.

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Ceinture fléchée (1 sur 6)/le fléché
Lisette Mallet en pleine conférence.

Hauts et bas

Vers la fin du 19e siècle, l’arrivée des boutons, de la fermeture éclair et la baisse de la traite de fourrures met la ceinture fléchée au placard. Ce n’est que vers la fin des années 70 que l’ornement revient à la mode grâce au «retour à la terre», à l’artisanat et l’engouement nationaliste général.

Toutefois, cette frénésie retombe dans les années 90. Aujourd’hui, la complexité du fléché (une écharpe contient jusqu’à 200 fils) en fait un art de passionné.

Transmis de génération en génération, de maître en apprenti, ce type de tissage est pratiqué majoritairement par des femmes. La ceinture, elle, garde son côté symbolique et est souvent portée lors de rassemblements politiques, notamment par des représentants de la Nation métisse.

En 2016, le fléché a même rejoint le patrimoine immatériel de la culture du Québec.

Ceinture fléchée (6 sur 6)/le fléché/Lisette Mallet
Lisette Mallet.

Lisette Mallet, un parcours atypique

S’attaquer à la question de la ceinture fléchée n’est pas venue naturellement à Lisette Mallet. L’Acadienne-Métis avait débuté dans un tout autre domaine: l’illustration scientifique.

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«Je cherchais à faire du bénévolat à Toronto et quelqu’un m’a dit: ‘Vient faire un tour à la Société d’Histoire’. Je me suis joint à eux et je n’ai jamais regretté», raconte-t-elle.

Plus tard, en entrant en contact avec des membres des Premières Nations et grâce à ses recherches sur ses propres origines, elle se passionne pour la parure.

La chercheuse a même mis la main à la flèche, en créant son bracelet de motif fléché.

Le fléché en Ontario

Lisette Mallet a confirmé que l’Ontario francophone avait son lot de flécherands. «Ce sont plutôt les personnes d’un âge moyen qui s’y mettent, mais il y a de véritables passionnés ici!»

Il y a notamment la possibilité de dénicher sa ceinture fléchée à la Burr House Craft Gallery de Richmond Hill.

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Plus d’excuses pour ne pas s’intéresser à cet art profondément ancré dans la tradition canadienne!

Ceinture fléchée (2 sur 6)/le fléché
Lisette Mallet explique comment enrouler la ceinture fléchée.

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