Le Dark Web dans un polar irlandais

Irrespirable, d’Olivia Kiernan

Éditions Hugo & Cie
Olivia Kiernan, Irrespirable, roman traduit de l’anglais (Irlande) par François Thomazeau, Paris, Éditions Hugo & Cie, 2018, 368 pages, 29,95 $.
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Publié 03/03/2019 par Paul-François Sylvestre

«Savoir qu’un assassin est en liberté, voilà la seule chose qui rend la vie irrespirable.» Voilà aussi les dernières lignes du roman Irrespirable d’Olivia Kiernan. Cet assassin est un tueur en série dans les environs de Dublin en 2011. La commissaire Frankie Sheehan se voit confier l’enquête, elle est aussi la narratrice de ce polar.

Les mots «crime, meurtre, homicide, pendaison» reviennent sans cesse. La première victime est une scientifique respectée, puis son mari, ensuite sa maîtresse. Le fil conducteur tourne autour du BDSM, du Dark Web, de la torture et de l’horreur des images. «C’est assez dingue pour être vrai.»

Parallèlement à cette enquête, ou en parenthèse, on suit une autre affaire où la commissaire Sheehan a été attaquée au couteau.

Manipulation affective

Évidemment, les lignes parallèles finiront par se croiser… Entretemps, on voit comment «la manipulation affective peut être une arme redoutable» et comment on peut être coincé au fond d’un trou noir «sans la moindre lueur fugace» pour indiquer une possible sortie.

La résidence du couple assassiné à quelques mois d’intervalle est évidemment scrutée à la loupe. La commissaire ressent une impression trouble, comme si personne n’y a vécu. Tout semble avoir été éviscéré, énucléé, purgé. «Rien de notable ne transpire des briques et du mortier, sinon un sentiment diffus de tristesse.»

L’enquête se déroule dans les années 2010. Les pistes à explorer incluent les courriels envoyés ou reçus et la géolocalisation d’un portable, bien entendu, mais aussi «la manipulation faite femme».

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Dépaysement irlandais

Le style d’Olivia Kiernan est direct et souvent coloré. Elle écrit, par exemple, «que nous sommes si près du but que je peux sentir la raie du cul de cet enfoiré».

Elle truffe son récit de petits commentaires tels que «On ne reste pas mariée plus de trente ans en disant la vérité…»

Et lorsqu’un collègue dit que seul le pape ment mieux que lui, la commissaire lui répond: «Le pape ment mieux que tout le monde. Tu as vu Dieu récemment?»

Écrit en anglais d’Irlande, Irrespirable prend pour acquis que le lecteur connaît la géographie de Dublin, que Whitehall est une banlieue nord de la ville et que la fleuve Liffey traverse Dublin d’ouest en est. Quelques touches de dépaysement ajoutent du charme à ce premier polar irlandais qu’il m’a été donné de recenser.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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