L’Acadie: berceau de la francophonie canadienne

Détail de la statue d'Évangéline à Grand-Pré.
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Publié 15/07/2014 par Paul-François Sylvestre

Bien avant Québec, l’établissement de Port-Royal en Nouvelle-Écosse marque les débuts de la colonisation du continent nord-américain par les Français. C’est donc l’Acadie qui demeure le berceau de la francophonie canadienne. Voilà un fait trop méconnu qui m’a été révélé par Novacadie et son guide Richard Laurin.

Quand on se rend en Nouvelle-Écosse, on a souvent tendance à visiter Cabot Trail et la forteresse de Louisbourg. Ces deux endroits valent le déplacement, mais la vallée d’Annapolis mérite aussi un arrêt, surtout à Port-Royal.

En 1603, Pierre Dugua, sieur de Mons, propose au roi Henri IV de fonder un établissement en Amérique du Nord. L’année suivante, de Mons, Champlain et 79 colons s’installent à Sainte Croix, une petite île située entre le Maine et le Nouveau-Brunswick actuels. Après un hiver meurtrier (scorbut), les Français recherchent un lieu plus accueillant.

Ils optent pour une baie située au confluent de l’actuelle rivière Annapolis et du bassin qui porte son nom. L’endroit est fertile et une longue chaîne de collines le protège des redoutables vents du nord-ouest. Les colons baptisent leur nouvel établissement Port-Royal et de Mons accorde à Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt, cette première seigneurie nord-américaine (1605).

Ordre du bon temps

Au courant de l’hiver 1606-1607, Samuel de Champlain crée l’Ordre du bon temps, qui permet aux hommes de bien se nourrir et de se divertir pour améliorer leur santé et leur moral durant les longs hivers. À tour de rôle, chaque membre prépare un véritable festin: potage à la citrouille, esturgeon, fricassée d’épinards, canards, oies, perdrix, lapin, orignal, caribou, castor, topinambours en beignets, tarte aux pommes ou poires.

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Lors de ma visite de l’Habitation de Port-Royal (reconstruite par le gouvernement fédéral en 1939-1940 après de minutieuses recherches patrimoniales), j’ai eu l’honneur d’être intronisé dans l’Ordre du bon temps. Voici les responsabilités dont je dois m’acquitter: avoir du bon temps, garder de bons souvenirs de mon séjour, parler en bien de la Nouvelle-Écosse et promettre d’y revenir un jour.

Marc Lescarbot

C’est à Port-Royal qu’est jouée la première pièce de théâtre en Amérique du Nord. En 1606, l’avocat et écrivain parisien Marc Lescarbot accepte d’accompagner le sieur de Mons en Acadie. Il écrit la pièce Le Théâtre de Neptune pour célébrer le retour de Poutrincourt à Port-Royal.

L’histoire relate l’arrivée, dans un petit bateau, du dieu Neptune pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs qui reviennent dans la colonie. Neptune y est entouré d’une cour de tritons et d’Amérindiens qui font les louanges des dirigeants de la colonie, puis chantent en chœur accompagnés de trompettes et du tir des canons.

Lescarbot écrit sa pièce au moment où Shakespeare rédige King Lear et Macbeth.

La visite de l’Habitation de Port-Royal inclut diverses salles regroupées dans sept bâtiments. On peut y voir une cuisine, une forge, un fournil, une chapelle, un magasin, un atelier des artisans et quatre logis. Mon passage a eu lieu au lendemain de la tempête Arthur. Il n’y avait pas d’électricité, comme en 1606!

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Grand-Pré

Dans la vallée d’Annapolis, le plus important site de patrimoine acadien demeure Grand-Pré, lieu de la Déportation des Acadiens ou du Grand Dérangement. Cette page d’histoire étant bien connue, je ne m’attarderai pas à rappeler les événements de 1755. Je vous suggère plutôt d’écouter la chanson Évangéline.

Il est cependant important de signaler que le paysage de Grand-Pré (13 kilomètres carrés) est devenu le seizième site du patrimonial mondial au Canada à être reconnu par l’UNESCO en 2012. On reconnaît ainsi un établissement agricole traditionnel qui remonte aux années 1680.

Grand-Pré est situé dans une zone où les marées sont parmi les plus fortes au monde (11 mètres). Les Acadiens ont eu recours à une technique de digues, appelée «aboiteaux», pour drainer les terres et assurer ainsi un riche développement agricole. Les aboiteaux sont encore en usage de nos jours.

Halifax

J’ai évidemment profité de mon séjour en Nouvelle-Écosse pour visiter sa capitale, Halifax. Aussi intéressant que connaissant, mon guide Richard Laurin m’a conduit aux lieux incontournables que sont la Citadelle, les Jardins publics et Province House. Ce dernier endroit est un must.

C’est en Nouvelle-Écosse qu’a été créé le premier gouvernement responsable de l’Empire britannique en dehors de la Grande-Bretagne. Peu de gens savent que, à partir de 1758, la Nouvelle-Écosse se dote d’une Assemblée législative qui siègera à Province House. Une visite en français de cet édifice dans le style du palladianisme britannique est disponible.

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Un autre endroit peu visité par les touristes est l’église anglicane Saint-Paul. Érigée en 1750, elle devient une cathédrale vingt-sept ans plus tard. Tous les bancs de la nef centrale sont originaux. Une visite en français y est aussi offerte.

Enfin, je vous recommande fortement de visiter le Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (Pier 21). Il s’agit de l’unique musée national du Canada atlantique. On y présente de nombreuses photos et affiches, ainsi qu’un film documentaire d’environ vingt minutes: très émouvant et très représentatif de la mosaïque culturelle canadienne.

Renseignements

Novacadie: Richard Laurin
Téléphone: (902) 678-7560
Courriel: [email protected]
novacadie.ca

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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