La science du racisme

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Publié 09/02/2006 par Pascal Lapointe (Agence Science-Presse)

C’est au XVIIIe siècle que des gens, y compris des scientifiques, ont commencé à se servir des progrès de la science pour justifier le racisme: alors qu’on travaillait à classifier de façon systématique les roches, les plantes et les animaux, certains ont imaginé qu’il serait également possible de «classifier» les humains.

Avec une conséquence évidente: si on peut démontrer qu’un groupe (par exemple, les Noirs) est, de naissance, moins intelligent qu’un autre, cela permet de justifier l’esclavage (dans le contexte du XIXe siècle) ou la pauvreté (aujourd’hui).

Ces penseurs n’ont jamais atteint leur but, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, se sont multipliés les efforts. L’un d’eux, qui a obtenu un certain succès populaire, s’appelait la crâniologie, ou étude des crânes: des chercheurs ont tenté de démontrer que le crâne d’un Blanc était plus large que celui des autres «races»; donc, un cerveau plus gros; donc davantage intelligents.

La crâniologie est morte dans les décennies qui ont suivi, lorsqu’il a été démontré que les variations de taille des crânes n’avaient rien à voir avec le fait d’être Noir ou Blanc.

Mais parallèlement, progrès de la psychologie aidant, des tests d’intelligence sont apparus au début du XXe siècle et ont rapidement été utilisés par des eugénistes américains comme Harry Laughlin et Madison Grant pour affirmer, «sur la base d’études scientifiques», que certaines populations – Noires, Est-européennes et Juives – étaient «physiquement inférieures» et qu’il fallait par conséquent en limiter l’immigration aux États-Unis.

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Ces travaux ont eu, de son propre aveu, une influence déterminante sur la pensée d’Adolf Hitler.

La découverte des camps de la mort nazis a eu un impact dévastateur sur les travaux qui essayaient encore de justifier scientifiquement le racisme. Mais la popularité des tests de Q.I. leur a permis de se donner une apparence de modernité.

Et c’est dans ce contexte qu’est arrivé, en 1994, un livre appelé The Bell Curve: le titre réfère aux tableaux statistiques des résultats aux tests de Q.I., sur lesquelles s’inscrit une courbe en forme de cloche (bell).

Dans cet ouvrage de plus de 800 pages, Richard H. Hernstein et Charles Murray prétendent démontrer, chiffres à l’appui, la croissance aux États-Unis d’une «méritocratie», c’est-à-dire une classe sociale composée de gens qui, grâce à leur intelligence, ont pris les rênes de la société.

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