La «maman sandwich»: entre les parents âgés et les petits-enfants

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Quelle famille!
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Publié 05/02/2018 par Annik Chalifour

Une femme, mi-cinquantaine, mariée, travailleuse à temps plein. Ses enfants ont quitté la maison depuis un certain temps; ils sont devenus parents à leur tour. Résultat: une jolie marmaille de quatre petits-enfants entre 2 et 9 ans. Il y a aussi mamie (85 ans), en perte d’autonomie, et Louis, le frère dépressif.

Un scénario digne d’un téléroman. En réalité, il s’agit du vécu de nombreuses baby-boomers d’aujourd’hui, femmes aidantes, gestionnaires de multiples agendas quotidiens à la fois…

Un défi constant de garder les choses en équilibre entre les exigences de la vie à deux, le travail, la situation des parents vieillissants, les enfants-parents (certains comptent encore souvent sur leur mère), les petits-enfants turbulents et bien plus… Comment s’en sort-on?

Voici une fenêtre sur la réalité d’une baby-boomer.

La saga de Josette

C’est samedi. Josette rentre de faire l’épicerie pour la semaine. Tandis que son mari Daniel est parti pour la journée, aider son fils adulte qui vit avec un handicap.

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Restent la lessive et le ménage, changer les draps du lit, vider le composteur, payer les factures en ligne, prendre rendez-vous avec sa fille Chloé pour récupérer ses deux fils (5 et 7 ans) qui viendront passer la nuit chez leurs grands-parents (Josette et Daniel).

Puis il y a aussi mamie Denise (la mère de Josette) qui vit seule dans sa petite maison qu’elle ne veut laisser pour rien au monde, malgré son arthrite handicapante et ses pertes occasionnelles de mémoire… Elle appelle Josette tous les jours; Denise requiert de plus en plus d’attention et d’encadrement. Un petit stress constant que vit Josette… car il faudra bientôt prendre certaines décisions…

La familia

Sans oublier les hauts et les bas de Louis, l’unique frère de Josette, cinq ans son cadet, divorcé sans enfants, qui a tendance à la dépression. Louis compte sur l’appui moral de sa sœur, encore davantage depuis le récent décès de leur père.

Outre le reste, Josette a soutenu son père durant sa longue maladie – une démence vasculaire – qui a duré sept ans.

Une super woman? Non, c’est tout simplement la réalité de la maman sandwich qui se retrouve a la croisée des chemins, prise entre diverses obligations familiales et son désir de vivre a son propre rythme, de respirer ses propres bouffées d’air…

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Vivre au pluriel

Avec le temps Josette a appris à jongler avec les multiples priorités de sa vie quotidienne, tout en déplorant le peu de ressources dédiées à soutenir les parents aux prises avec d’intenses responsabilités familiales.

Ainsi depuis plusieurs années, Josette arrive à mener de front ses obligations familiales, sociales et professionnelles. Ce qu’elle appelle ‘vivre au pluriel’, non sans soucis, la fatigue et le stress. Alors comment faire? Il n’y a pas de potion magique…

«Il faut tenter de se concentrer sur le raisonnable et le positif», témoigne Josette. «Facile à dire, mais pas facile a faire, surtout quand les émotions nous rentrent dedans», admet-elle. «Finalement, a quelque part, c’est peut-être le sens du devoir accompli qui prime…»

Pourtant Josette aime la polyvalence, les imprévus et les défis. «J’ai horreur de la routine, qui me déprime», confie-t-elle. «J’essaie de rester dans un mode plutôt créatif, de trouver des nouveaux angles à toutes situations pour me maintenir motivée.»

Cultiver la nouveauté

«Mais la nouveauté n’est pas toujours facile à vivre autour de tes proches qui comptent sur toi et qui, à l’inverse de toi, ont plutôt besoin d’activités routinières, d’horaires prévisibles sans trop de bousculements», avoue Josette.

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Au bout du compte, chacun, chacune, doit faire face aux étapes incontournables de la vie humaine: les enfants qui partent de la maison, le départ des vieux parents, la continuité avec les petits-enfants, les défis continus du triple agenda personnel-social-travail.

«Il me semble que pour réussir à passer au travers des périodes les plus exigeantes de notre vie, il faut tenter de repérer des nouveaux projets inspirants, qui nous permettront de nous émerveiller, mais aussi d’émerveiller les autres», conclut l’intrépide Josette.

La baby-boomer souhaite s’impliquer dans un projet d’art collectif pour la jeunesse qu’elle aspire à transférer à l’international, dans le cadre d’un jumelage entre écoles d’ici et d’ailleurs.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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