La Havane des arts et des petits commerces

Au temps des réformes économiques

La Havane
Les petits commerces privés forment le cœur battant d’une grande partie de la nouvelle économie cubaine. Les salons d’esthétique où on fait les ongles sont particulièrement populaires, car ils requièrent peu de capital et peu de formation spécialisée. (Photo: Benoit Legault)
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Publié 09/01/2019 par Benoit Legault

Le cœur de la Vieille Havane a maintenant des airs de destination touristique typique avec ses terrasses et restaurants privés, et ses nombreux musées.

Le quartier limitrophe, El Centro, est aussi bien marqué par l’empreinte touristique.

Le voyageur explorateur doit donc aller plus loin pour trouver son lot d’expériences inusitées qu’on ne voit qu’à Cuba. Heureusement, pas beaucoup plus loin.

Le Vedado

La Havane s’est développée vers l’ouest en partant de la Vieille Havane. Les nouveaux quartiers ont d’abord été El Centro et ensuite El Vedado.

Ce dernier quartier est plus tranquille, plus aéré et, surtout, plus authentique au sens où ses activités ne sont pas établies en fonction des touristes.

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D’ailleurs, les restaurants privés sont souvent moins chers et meilleurs au Vedado que dans la vieille ville.

La Havane
La vierge est hautement symbolique de l’histoire de Cuba, de son affirmation de la religion catholique et de son adoption symbolique par les Afro-Cubains. Le double visage, la signature de l’artiste José Fuster, présente parfaitement cette dualité dans le secteur nommé affectueusement Fusterlandia. (Photo: Benoit Legault)

Expérimentations économiques

Au-delà des nouveaux établissements privés, on trouve partout à La Havane des expérimentations économiques.

Les rénovations de bâtiments financées par le secteur privé sont les plus visibles. Mais on voit aussi des petits commerces voués à une clientèle locale, et aux touristes qui sortent des sentiers battus.

Les Cubaines ouvrent de nombreux salons de beauté, notamment pour l’entretien des ongles. De tels commerces requièrent peu de capital et d’expérience en affaires. Se faire faire les ongles à un tel commerce assure une échange intéressant.

Au-delà du Vedado

Passé El Vedado, on arrive dans le chic mais un peu stérile quartier des ambassades. Plus loin, à quelque 20 pesos convertibles en taxi du centre-ville, le quartier pauvre de Jaimanitas est embelli et enrichi par des artistes de calibre international dévoués au développement de leurs communautés.

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Ce mouvement a été engendré par le sculpteur, peintre et céramiste cubain José Fuster (72 ans). Il a créé, au fil de décennies de labeur, un secteur à la fois fantaisiste et bien ancré dans les réalités sociales, religieuses et politiques cubaines, le Fusterlandia.

Ce secteur est désormais bien connu, mais il demeure une curiosité excentrée.

La Havane
Rafael Pérez Alonso est un artiste contemporain de renom à Cuba. Il est photographié ici sur une de ses œuvres: un sofa de fils barbelés qui représente l’inconfort dans lequel se trouvent les Américains et les Cubains d’avoir à coexister avec une telle proximité. (Photo: Benoit Legault)

Atelier d’artistes engagés

En revenant vers le centre-ville, dans un autre secteur défavorisé, Buena Vista, on trouve La Lavanderia (la blanchisserie), un grand atelier d’artistes engagés, qui sont des porte-étendards de l’art contemporain cubain.

Cet art est porté par une grande technique et une pulsion politique inspirée, mais un art plombé par un manque d’argent, et par des rapports parfois bloqués avec l’étranger.

Interviewé dans son atelier, l’artiste Rafael Pérez Alonso dit: «Le manque de financement et d’infrastructures écrase les artistes cubains. On n’a pas les ressources nécessaires pour réaliser nos rêves.»

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Les voyageurs étrangers peuvent visiter La Lavanderia et y acheter des œuvres, mais ce n’est pas un espace commercial au sens où la vente n’est pas encouragée; c’est plutôt un espace de réflexion et d’échange avec les artistes.

Rapport avec les États-Unis

La lutte pour ne pas être absorbé par les États-Unis est une constante de l’art cubain, et ce l’était même avant la révolution cubaine.

Pérez Alonso est un des fondateurs de La Lavanderia. Ses œuvres phares sont souvent inspirées par l’affrontement constant des Cubains avec les Américains.

«Nous sommes des insulaires qui vivons en plus hors des courants de la mondialisation. Vivre dans un monde avec des frontières claires comme Cuba est souvent frustrant», dit-il. «C’est le prix à payer pour affronter la domination des USA.»

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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