La Commission Charbonneau a permis de confirmer la popularité du Canadien de Montréal

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Publié 11/02/2013 par Sidhartha Banerjee (La Presse Canadienne)

à 10h55 HNE, le 10 février 2013.

MONTRÉAL – La plus grande concession de l’histoire du hockey a effectué des présences régulières sur le glissant plancher de l’enquête sur la corruption au Québec.

La commission Charbonneau a permis de découvrir, deux fois plutôt qu’une, à quel point les billets de match du Canadien de Montréal se voulaient un outil de prédilection lorsque venait le temps de soudoyer des fonctionnaires.

Une demi-douzaine d’employés des Travaux publics de la ville de Montréal ont témoigné jusqu’à maintenant, et chacun d’entre eux a admis avoir accepté des billets de hockey, remis gratuitement, dès qu’ils pouvaient s’en procurer.

Ils ont été invités à des restaurants et corrompus par des entrepreneurs en construction. Certains ont accepté des voyages de golf et d’autres, des rénovations payées de leurs résidences. Certains ont dit oui lorsqu’on leur a offert des sommes d’argent, d’autres ont dit non. Un témoin a carrément refusé une offre de profiter des services de prostituées.

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Mais personne n’a servi une fin de non-recevoir à des billets de hockey du Canadien, l’objet le plus convoité dans une ville qui boit et respire hockey.

Bien que le nom de la formation montréalaise ait été involontairement entraînée dans l’enquête sur la corruption, un porte-parole affirme que l’organisation n’y peut rien.

«Nos matchs sont disputés à guichets fermés et la demande pour les billets est très élevée, fait remarquer Donald Beauchamp, vice-président des communications chez le Canadien. Et bien que nos billets soient très en demande, nous ne pouvons suivre le cheminement de chacun d’entre eux; c’est impossible.»

Les anecdotes issues de la Commission Charbonneau ne sont certes pas les premières à associer sport national canadien et controverses politiques.

Au fil des ans, des personnalités de la politique dans la capitale fédérale ont quelques fois été accusés de conflits d’intérêts parce qu’ils ont assisté à des matchs des Sénateurs d’Ottawa.

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Puis, récemment, des médias ont rapporté qu’une diplomate canadienne avait dépensé 10 000$ de l’argent des contribuables pour recevoir des invités dans une loge privée lors d’un match des Penguins de Pittsburgh. Le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, a aussitôt mis fin à cette pratique après avoir appris la nouvelle.

Par ailleurs, en Alberta, le propriétaire milliardaire des Oilers d’Edmonton s’est retrouvé au coeur d’un scandale impliquant des contributions politiques illégales au Parti conservateur de la province.

Le Canadien avait aussi campé un petit rôle lors de la Commission Gomery sur le scandale des commandites, alors que Jean Lafleur, qui dirigeait une firme de marketing, a plusieurs fois offert des billets aux matchs du Tricolore à des clients.

De tels billets peuvent pourtant être difficiles à obtenir dans des villes canadiennes.

Par exemple, le Canadien joue à guichets fermés depuis janvier 2004. Le Centre Bell peut asseoir 21 273 spectateurs, et l’équipe compte environ 15 000 détenteurs d’abonnements saisonniers. Selon M. Beauchamp, la liste d’attente s’élève à 4000 clients. Et selon Forbes Magazine, le prix moyen d’un billet à un match du Canadien est de 96$, parmi les plus dispendieux dans toute la Ligue nationale.

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Ça, c’est quand il y en a de disponible.

En vue du prochain match du Canadien à domicile, samedi prochain face aux Flyers de Philadelphie, deux billets côte à côte ne sont disponibles que par le biais d’un intermédiaire. Et les prix, sur un site internet de revendeur, varient entre 184$ et 1298$.

Mais certains employés de la Ville de Montréal ont obtenu des billets pour la modique somme de 0$. En échange, ils ont accordé certaines faveurs à des entrepreneurs en construction. Certains auraient modifié des plans et devis, approuvé de fausses dépenses, ou partagé des informations privilégiées permettant à quelques entreprises de remporter la soumission et, ensuite, de gonfler le coût des projets.

Lors d’un récent témoignage, le pdg d’une firme d’ingénierie a acheté des billets de saison au coût de 14 015 pour les bons soins d’un fonctionnaire d’un arrondissement de la ville de Montréal. Ce fonctionnaire aurait demandé ces billets, pour la saison 2007-2008, en plus d’un pourcentage de trois pour cent de la valeur des contrats octroyés.

«La demande pour les billets était élevée à cette époque — peut-être parce que le Canadien gagnait plus souvent», a déclaré M. Lalonde lors de son témoignage.

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En 2007-2008, le Canadien a terminé au premier rang du classement général de l’Association de l’Est.

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