Junior Mandoko défend les femmes africaines des campagnes

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Publié 20/07/2015 par Manon Bodel

En Afrique, plus de la moitié de la population est composée de femmes. Malgré leur nombre important, dans les milieux ruraux de l’Afrique noire, celles-ci restent aujourd’hui encore victimes de multiples discriminations. Ce sont ces injustices que dénonce Junior Mandoko dans un essai intitulé Les droits des femmes rurales en Afrique subsaharienne, lancé vendredi dernier à l’Alliance française.

Originaire du Congo, Junior Mandoko a immigré au Canada en 2007 où il a suivi des études au Collège Boréal, puis à Glendon, avant d’obtenir une maîtrise en droit au Québec. Si le domaine des droits humains le passionne, c’est surtout l’histoire de sa propre grand-mère qui l’a bouleversé et l’a conduit à s’intéresser de plus près aux inégalités vécues quotidiennement par les femmes africaines.

De la campagne à la ville

«Ma grand-mère m’a raconté son expérience personnelle. Elle vivait dans un milieu rural qu’elle a eu l’opportunité de quitter pour la ville. Elle m’a raconté son parcours et les différences entre la ville et le monde rural», explique-t-il.

Difficultés pour accéder à l’éducation, pression familiale et mariage forcé, tous ces problèmes ont interpellé Junior Mandoko et l’ont poussé à écrire ce livre dans le but, espère-t-il, de faire évoluer la situation en Afrique subsaharienne.

«Je suis né d’une femme, c’est important pour moi qu’elles aient les mêmes droits que les hommes. Contrairement à ma grand-mère, ma mère a vécu dans un milieu urbain et je me suis inspiré des différences entre leurs parcours, je les ai comparés», raconte-t-il.

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Développement économique

Pour lui, l’amélioration des conditions des femmes rurales en Afrique subsaharienne n’est pas qu’une question d’égalité entre les sexes. C’est aussi la condition sine qua non du développement économique du continent.

Ce sont elles, en effet, qui s’occupent des principales tâches ménagères, de la nourriture, de la pêche, de leur foyer, de leurs enfants et de leur mari. Leur donner du pouvoir, en, par exemple, leur donnant le droit de posséder des terres, serait, pour Junior Mandoko, une bonne façon de dynamiser l’économie du pays.

Mais le chemin à parcourir est encore très long et semé d’embûches, en témoigne les nombreux exemples évoqués par le jeune auteur lors de sa conférence : polygamie, incapacité d’ester en justice, de travailler sans autorisation maritale, atteintes à l’intégrité physique à travers l’excision…

«C’est la société qui a différencié l’homme et la femme. C’est une fabrication sociale qui peut être déconstruite», espère-t-il. «J’ai un idéal: inventer une nouvelle société. Je rêve d’une société où les femmes et les hommes peuvent s’épanouir et avoir les mêmes chances.»

Quelques solutions

Pour que son rêve se réalise, Junior Mandoko propose plusieurs solutions qu’il détaille dans la deuxième partie de son ouvrage.

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En voici quelques-unes: une législation adaptée au contexte local, des campagnes de sensibilisation, des colloques, des brochures, l’éducation pour déconstruire dès le plus jeune âge cette construction sociale discriminant les femmes… ainsi qu’une réforme des Nations Unies, l’organisation étant jugée peu efficace en ce qui concerne les textes internationaux relatifs aux droits des femmes.

«Il faut rénover certains de ses organes, les financer, établir des rapports sur l’évolution des droits des femmes dans le monde», explique-t-il.

«Par ce livre, je veux éveiller la conscience du peuple, offrir un moyen intellectuel à tout le monde pour que la population puisse prendre en considération les effets néfastes de cette discrimination.»

Confiant ne pas s’engager ici en politique pour promouvoir sa cause, Junior Mandoko souhaite travailler dans la société civile pour changer les choses. Il travaille actuellement pour une ONG, Hope 4 Africa, et prépare un autre ouvrage, toujours sur les droits des femmes.

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