Joe LaFlamme, l’homme qui domptait les loups et les orignaux

Joe LaFlamme
Suzanne F. Charron a présenté son ouvrage, Joe LaFlamme, l'indomptable dompteur de loups, le 26 septembre dernier à l'Alliance française.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 12/10/2018 par Claire Gillet

Suzanne F. Charron a 21 ans et se rend chez un ami pour jouer aux cartes, dans leur village de Gogama. «Tu ne sais pas qui a vécu dans cette maison?», lui glisse-t-il, «Joe LaFlamme!».

Pendant 35 ans, l’histoire incroyable de ce curieux dompteur d’animaux sauvages de la première moitié du XXe siècle ne l’a pas quittée.

En 2007, elle se lance et entame de vastes recherches sur l’homme dans les archives et auprès de sa famille. Son livre, Joe LaFlamme, l’indomptable dompteur de loups, sort en 2013.

À l’initiative de la Société d’Histoire de Toronto, Suzanne F. Charron est venue présenter son ouvrage et ses projets de recherche sur les loups, le mercredi 26 septembre dernier à l’Alliance française, 24 rue Spadina.

Dompter des loups

Joe LaFlamme
Joe LaFlamme et Calgary, janvier 1939 (Photo: Gogama Chamber of Commerce).

Né en 1889 à Saint-Télesphore au Québec, Joe LaFlamme déménage à Gogama en 1920 avec sa femme Lillie, une Parisienne arrivée au Canada après la guerre.

Publicité

Il s’essaye alors aux chiens de traîneau. Cependant, ces derniers ne sont pas résistants au froid et finissent par décéder d’une maladie.

Quelque temps après, alors qu’il dépose des pièges à castors dans la forêt, une louve se retrouve bloquée dans l’un d’eux. Il décide de la garder et de disposer d’autres pièges pour attraper davantage de loups. Lorsqu’il en a assez pour tirer un attelage, Joe LaFlamme se met donc à les entraîner.

Très attentif à leur langage corporel, il parvient à les dresser et devient le loup alpha de la meute, le meneur, celui que les autres redoutent.

«Joe aimait énormément ses animaux, il a consacré sa vie pour eux», explique Suzanne F. Charron.

Du loup de traîneau dans Queen’s park

En 1925, le Toronto Daily Star l’invite à Toronto avec ses loups. Le musher est accueilli par des foules immenses qui se massent autour de son traîneau.

Publicité

Il rencontre même le Premier ministre de l’Ontario de l’époque, Howard Ferguson. Avec sa meute, il parcourt les grandes rues enneigées ainsi que Queen’s park, pour le bonheur des riverains.

Son succès croissant l’emmène jusqu’aux États-Unis où il provoque un embouteillage sur Times Square.

Grands voyages obligent, Joe LaFlamme prend l’avion… avec ses loups! Il achète une place pour chacun d’eux, et même si les voyages sont périlleux, ils arrivent à bon port.

Les orignaux, et pourquoi pas?

Après plus de quinze années à dresser ses loups, Joe LaFlamme, fatigué, arrête sa carrière de musher. Toutefois, cet «indomptable dompteur» ne s’arrête pas là.

En 1940, il décide de dresser des orignaux. Il les entraîne à être propres, à manger à table et à monter les escaliers. De la même façon, il les emmène aux États-Unis, et devient le premier homme du continent américain à avoir fait voyager ces grands cervidés par avion.

Publicité
Joe LaFlamme
Joe LaFlamme et l’un de ses orignaux sur un balcon vers 1940 (Photo: Gerry Talbot).

Ses contemporains ont pu rencontrer Joe LaFlamme et ses orignaux à de nombreuses reprises lors de l’Exposition nationale canadienne lors de laquelle il leur faisait boire du thé.

En 1948, le célèbre magazine américain Life fait un reportage sur le parcours de cet homme hors du commun. Il décède en 1965.

Onynx: Découvrir le loup

Une fois son livre publié, Suzanne F. Charron s’est mise à étudier les loups. Elle a eu l’opportunité de suivre un cours sur leur comportement dans le centre international des loups à Ely, dans le Minnesota.

«J’ai visité une dizaine de centres dédiés aux loups au Canada et aux États-Unis», nous explique-t-elle.

Depuis, elle a créé son entreprise, Onynx: Découvrir le loup, avec laquelle elle réalise des présentations dans les écoles. La passionnée entend bien démocratiser la connaissance sur ces animaux, et expliquer leur rôle déterminant dans la biodiversité.

Publicité

«Je fais de la science citoyenne pour tous les âges», explique l’éducatrice en science du loup. En effet, cet été, Suzanne F. Charron a organisé un voyage de quatre jours pour des retraités «sur les traces du loup».

Joe LaFlamme

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur