Intérêt planétaire pour le Canada… en 1867

Marcel Martel, professeur au Département d’histoire de l’Université York.
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Publié 25/01/2018 par Paul-François Sylvestre

La naissance de la fédération canadienne, 150 ans passés, a suscité un intérêt planétaire, selon Marcel Martel, professeur au Département d’histoire de l’Université York et conférencier invité de la Société d’histoire de Toronto, le 24 janvier, à l’Alliance française. L’Europe, l’Amérique latine et l’Océanie auraient suivi les débats de près.

Ce sont les politiciens de la Province du Canada (Ontario-Québec), plus que ceux du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard, qui citent dans leurs débats des exemples européens, américains et latino-américains pour donner plus de poids à leur position. À leurs yeux, il y a lieu d’«insérer l’action canadienne dans des courants mondiaux».

Canadiens-Français méfiants

Dans la partie québécoise de la Province du Canada, il se trouve des politiciens pour arguer que «les Canadiens-Français auraient un meilleur avenir dans la fédération américaine», car ils disposeraient d’un État doté de plus de pouvoir que ce que prévoient les 72 résolutions adoptées à la Conférence de Québec (1864).

Du côté ontarien de la Province du Canada, on estime plutôt que «la division des pouvoirs, et surtout la faiblesse du gouvernement central dans la fédération américaine, démontrent que les Pères de la Confédération ont tiré des enseignements fort précieux».

Pas de sang versé

Marcel Martel note que l’aspect le plus étonnant de la Confédération est qu’«il n’y a pas eu une seule goutte de sang versée dans sa réalisation». Il précise que «d’autres régions dans le monde, confrontées à des défis similaires, ont été affligées par des révolutions, des guerres civiles et des conflits armés».

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Le Canada a cherché à faire paisiblement ce que la Hollande et la Belgique, après des années de luttes, n’ont pu accomplir. L’Autriche, la Hongrie, le Danemark, l’Allemagne, la Russie et la Pologne y sont arrivés, eux, sous le talon de la force armée.

Les Pères de la Confédération vers 1864.

Australie, Irlande, Cuba

Le conférencier souligne que le projet de Confédération canadienne est similaire à celui qui a existé en Nouvelle-Zélande au début des années 1850. Selon lui, en plus d’intéresser l’Australie et l’Irlande, la formation du Dominion du Canada devient pour Cuba «une source d’inspiration pour presser l’Espagne de suivre l’exemple britannique».

Il y a, bien entendu, plusieurs nations européennes qui considèrent que la Confédération canadienne demeure tout simplement une question de politique interne à l’Empire britannique, une réorganisation administrative.

Menace américaine

En France, cependant, quelques journaux et diplomates commentent la formation de la Confédération en formulant des opinions favorables. Selon eux, «cela profitera aux Canadiens-Français et empêchera une éventuelle annexion des colonies britanniques aux États-Unis».

Du côté de l’Amérique latine, certains journaux accordent une attention particulière à la Confédération en se concentrant sur ce qu’ils considèrent comme des problèmes cruciaux: «la menace de l’expansionnisme américain et le processus pacifique d’obtention de l’autonomie gouvernementale, contrairement aux conflits armés qui caractérisent le processus de construction des nations en Amérique latine».

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«L’Amérique du Nord britannique» en 1867. (Illustration: Archives Canada)

Premières Nations absentes

Le conférencier n’a pas manqué de faire ressortir un point crucial dans le débat sur la Confédération canadienne, à savoir qu’il y avait un absent de taille: les Premières Nations.

Lors des conférences de Québec et Charlottetown, la responsabilité de ce dossier est confiée au futur gouvernement fédéral.

Dans les débats parlementaires, et lorsque la planète s’intéresse au Canada et à son changement de régime politique, rien n’est dit au sujet des populations autochtones.

Dominion

Le projet de fédération de la Province du Canada, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse permet, pour la première fois, à des colonies britanniques d’atteindre un statut spécial, celui de Dominion. Cela n’échappe pas à la presse internationale.

Marcel Martel est titulaire de la Chaire Avie Bennett Historica Canada en histoire canadienne et membre de la Société royale du Canada.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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