Incursion en terre berbère

Dans la vallée de l’Ourika

La vallée de l'Ourika dans les Monts Atlas au Maroc.
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Publié 15/01/2018 par Aurélie Resch

Marrakech disparaît et la voiture s’engage sur la route sinueuse qui s’enfonce dans les montagnes du Haut Atlas. La terre y est rouge. Tandis que je pars à la découverte des villages berbères et des merveilles naturelles que le lieu abrite loin du tumulte de la ville, j’apprends qu’en tournant ici, je peux me rendre à la station de ski de l’Atlas, ouverte à cette période.

Je souris songeuse, apposant une randonnée à dos de chameau dans le désert la veille aux pentes enneigées de la montagne. Oui pourquoi pas un jour…

Pour l’instant, je m’emplis de tout ce rouge qui pigmente la terre et les roches de part et d’autre des versants. Avec la lumière chaude du soleil, c’est tout l’Atlas qui semble s’embraser. Des villages construits à flanc de montagne dans les mêmes tons me font penser aux petits villages perchés provençaux qu’on retrouve dans les crèches.

Ourika

Thé à la menthe

La vie est ici plus ralentie qu’à Marrakech seulement éloignée de quelque 30 kilomètres. Les Berbères semblent davantage occupés par conduire à bon port leurs troupeaux de chèvres et de moutons que par l’acharnement mis à vendre un colifichet au touriste. Ceci dit, si l’occasion se présente, pourquoi refuseraient-ils le commerce ?

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Les gens ici échangent en langue berbère et vivent presque en autarcie une vie de montagnards. Accueillants, c’est volontiers qu’ils m’accueillent dans leur maison pour prendre un thé à la menthe. Leur maison est spartiate, à ciel ouvert, et je me demande comment ils ne succombent aux nuits froides d’hiver.

Jusqu’à aujourd’hui vivaient en communauté grands-parents, enfants et petits enfants. Mais, me dit mon hôte, aujourd’hui les jeunes filles font des études et ne veulent plus travailler la laine et les tapis. Elles partent pour la ville. Il le dit avec le sourire, mais je sens le fatalisme poindre.

Farine et olives

Dans la maison qui m’accueille, un poulailler, des lapins, un moulin à presser le grain régi par le courant de la rivière. Il est pour toutes les communautés de la montagne qui viennent s’en servir et donnent en échange de la farine. À l’arrière, des oliviers, des arbres fruitiers et des cultures. Oui, ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Mais l’essence, les vêtements…

Je vois peu d’enfants. Mon hôte m’explique que les enfants vont à l’école primaire en pension 6 jours sur 7, car l’établissement est trop éloigné des maisons et des villages. Les enfants rentrent le dimanche. Ceux qui poursuivent les études vont à Marrakech.

Ourika

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Un litre d’huile d’argan

En m’enfonçant dans la vallée de l’Ourika, je suis le cours d’eau au creux de la montagne. Joyeux, il cascade de roche en roche, fier des services qu’il rend aux communautés berbères. Au printemps, la montagne se couvre de fleurs et les fruits sentent bon aux branches des arbres. Les oliviers prolifèrent.

Un peu plus loin, je m’arrête dans une coopérative de femmes qui pressent les graines d’argan pour en faire de l’huile à usage cosmétique et comestible. Je suis le travail méticuleux et titanesque qui consiste à décortiquer le fruit et presser la graine. 8h par jour elles se penchent sur leur labeur.

Une qui parle le français me dit qu’il faut environ une trentaine de kilos de fruits pour obtenir 1 litre d’huile d’argan.

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Des singes dans les rochers

Temps pour moi de me dégourdir en arrivant au douar Setti-Fatma. Mais pas avant d’avoir goûté au fameux tajine traditionnel aux figues, préparé et servi au bord de la rivière. Une pause rafraîchissante en compagnie de familles berbères et touristes venus prendre un bain de fraîcheur et de tranquillité.

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Des singes jouent entre les rochers, de l’autre côté de la rivière. Prudents, ils ne s’aventurent tout de même pas parmi les tables. Ils savent qu’en fin de journée, les cuisiniers leur lanceront les restes.

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Les sept cascades

Vient ensuite la randonnée pour découvrir les sept cascades du coin. Si le chemin commence comme un souk où les marchands de tapis, de pierre d’albâtre et de poteries ont envahi les bords, il suffit de grimper et grimper encore pour les laisser derrière et atteindre la première cascade. On se sent alors tout petit face à la nature imposante.

Si l’ascension n’est pas toujours aisée en raison des pierres et roches glissantes, elle vaut absolument le coup quand on arrive au pied de la majestueuse cascade avec la vallée qui s’étend derrière soi dans la lumière rasante du jour parsemée de petits villages presque cachés. Si possible ne pas s’arrêter à cette première chute d’eau et poursuivre pour des paysages de plus en plus spectaculaires.

La randonnée peut se faire seul, mais un guide peut se révéler utile pour donner un coup de main dans les passages un peu compliqués et sur les petits ponts en bois de guingois au-dessus des précipices.

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Retour à Marrakech

Tandis que je rentre sur Marrakech, le soleil couché dans mon dos, j’ai une petite pensée pour ces hommes et femmes qui dormiront à ciel ouvert.

Des souvenirs de singes farceurs, des senteurs d’épices, des sensations de fraîcheur quand la brume de la cascade humecte la peau et des rires qui cascadent dans les oreilles m’accompagnent vers le minaret de la Koutoubia qui pointe fièrement son nez dans la nuit d’encre, éclairé derrière les remparts de la ville par les feux de Marrakech.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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