Hot Docs: le documentaire franco s’impose

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Publié 29/04/2014 par Sonia Baritello

Le festival HotDocs est lancé! Cette année, plusieurs documentaires francophones donnent à voir. Parmi eux, deux documentaires produits par l’Office Nationale du film (ONF): La marche à suivre de Jean-François Caissy projeté à la 64e Berlinale, et Jutra de Marie-Josée Saint-Pierre, sélectionné au Festival de Cannes cette année.

«Tu as eu des nouvelles de Claude, toi?» Marie-Josée Saint-Pierre, elle ne l’a jamais perdu de vue. Son court-métrage de 13 minutes met en lumière un parcours de renom, celui du cinéaste montréalais Claude Jutra, disparu tragiquement il y a plusieurs années.

Entre documentaire et animation

Jutra, Marie-Josée l’a connu lorsqu’elle était étudiante à l’Université Concordia. «Son film À tout prendre m’avait vraiment touchée. Il avait tout fait lui-même. Il est pour moi le plus grand cinéaste québécois de tous les temps», confie-t-elle.  

À la croisée du documentaire et du film d’animation, son œuvre est une sorte de biographie reconstruite, de manière personnelle. Images d’archives, films de famille, extraits de ses films sont réimplantés dans de nouveaux décors et se succèdent, où homme et cinéaste se confondent.

«L’animation vient servir le film, car elle retravaille l’information et la place entre deux mondes, entre réalité et fiction. C’est ensuite au spectateur d’y croire ou non, de se faire sa propre interprétation», explique la cinéaste.

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Son documentaire retrace ainsi le parcours du réalisateur, mais aussi de l’homme, en remontant le film de sa vie. En noir et blanc, dans une atmosphère inquiète, on s’en va donc à la recherche de Claude Jutra, de la vérité sur son histoire.

Dialogue interne

«Je voulais que les gens comprennent directement qu’il avait disparu. Le but n’était pas de faire une simple biographie, chronologique, mais de construire, déconstruire, pour remonter le film de sa vie jusqu’à ce moment final», explique Marie-Josée.

Loin de la biographie classique, c’est dans les profondeurs de l’esprit de Jutra que le spectateur se retrouve plongé. Une ambiance déconcertante, assez dramatique, où l’on assiste à une sorte de dialogue interne entre Jutra et lui-même à différents moments de sa vie, comme s’il était le spectateur de sa propre chute en avant.

En effet, le documentaire, qui met en scène «Claude Jutra et… Claude Jutra» aborde entre autres la progressive déchéance de ce grand homme de cinéma, atteint de la maladie d’Alzheimer, qui, n’ayant «plus le cœur à ça», finira par mettre fin à son existence.

«Il y a une sorte de glorification chez le public, les gens ont tendance à penser que tout est beau et fantastique lorsqu’on est connu et reconnu.» Un constat qui a poussé l’artiste à amener le public plus loin, vers le questionnement.

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«L’idée est de comprendre pourquoi un homme aussi extraordinaire et brillant a décidé de mettre fin à sa vie. Plus on explore le sujet, plus on comprend la finalité d’une personne, ce qui la rend si unique», explique Marie-Josée, habituée du thème de la création artistique, puisqu’elle rend souvent hommage à ceux qui l’inspirent à travers son art.

Un hommage pour lequel on lui rendra hommage, puisque son film est officiellement sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes cette année, du 15 au 25 mai 2014.

Regard sur l’adolescence

Un autre documentaire prometteur cette année, La marche à suivre de Jean-François Caissy. Ce dernier nous fait réenfiler les baskets de l’adolescent que chacun a été, et nous offre un fin regard sur cette étape de la vie.

Il s’agit d’une vitrine sur l’adolescence, puisque le documentaire a filmé pendant un an les jeunes d’une école secondaire à Saint-Omer en Gaspésie, le village natif du cinéaste.

«J’aime l’expérience d’un sujet universel», explique le cinéaste, qui travaille «par accumulation». Avant de s’intéresser à la jeunesse, son documentaire précédent abordait en effet le thème de la vieillesse. «L’idée est d’aborder la thématique d’une génération, d’en faire un portrait.»

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Dans une petite salle à la lumière tamisée, sorte de huit clos, le documentaire nous dévoile les parcours et confidences de jeunes, rendant des comptes à un professeur ou responsable pédagogique, dont on n’entend que le son de la voix.

Problèmes de discipline, d’attention, d’apprentissage, disputes… le documentaire met en lumière les préoccupations quotidiennes de ces jeunes et leur confrontation à l’autorité.

Mais c’est en alternant ces scènes d’encadrement, souvent individuelles, avec des scènes collectives, filmées pendant les temps libres dans les grands espaces, que le cinéaste met en avant cette notion de liberté, que les jeunes semblent retrouver pendant ces moments en dehors des murs.

«Le but n’était pas de suivre une trame narrative», explique Jean-François Caissy. «On passe des moments plus intimes avec ces jeunes, et des moments plus anonymes, ou chacun peut se reconnaître, sans pour autant mettre en avant de personnage.»

Sans être une critique du système scolaire, le documentaire oppose ainsi deux mondes: l’école, comme endroit disciplinaire et assez contrôlé, et un espace ouvert où l’on peut s’exprimer. «Ce sont deux formes d’apprentissage, deux manières d’explorer la vie», explique le cinéaste, qui donne une très grande place à la nature, où les jeunes s’évadent régulièrement et repoussent les limites, souvent en jouant à l’adulte. Ce qui est bel et bien universel.

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Renseignements

Toute la programmation est disponible sur le site d’HotDocs

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