Honfleur, Trouville, Deauville… Petits berceaux culturels et havres de paix

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 19/08/2008 par Aurélie Resch

Pour ceux d’entre vous qui ne peuvent se résoudre à voyager sans se cultiver, saviez-vous que c’est depuis la Côte Normande que la première expédition vers le Canada a été lancée? Samuel de Champlain partit en effet du port d’Honfleur avec navires et équipages pour aller explorer l’Acadie et le Canada entre 1603 et 1607. Séduit par ce qu’il découvrit, il quitta à nouveau les rives de cette belle ville en 1608 pour retourner sur ce grand continent fonder la ville de Québec.

Aujourd’hui, à l’occasion du 400e anniversaire de la francophonie, Honfleur rend hommage à cet explorateur inspiré avec une plaque commémorative érigée sur le bel édifice de la commanderie du port qui garde une ville devenue désormais un célèbre lieu de villégiature et le berceau créatif de nombreux artistes.

Avec ses petites ruelles pavées que surplombent de ravissantes façades à colombages, ses greniers à sel, son église Sainte Catherine dont la nef évoque la coque renversée d’un bateau, ses nombreuses galeries d’art, ses musées, ses sympathiques restaurants gastronomiques qui contemplent le reflet des bateaux de plaisance et des façades «à l’italienne» des édifices colorés dans les eaux calmes du port, Honfleur a vraiment de quoi séduire.

D’ailleurs, artistes et touristes ne s’y trompent pas. Séduits par la lumière et le charme pittoresque du lieu, ils viennent embrasser la douceur de vivre ou exercer leurs talents créatifs sur une toile ou du papier. Le célèbre musicien Erik Satie y vit le jour (1866), tout comme le peintre Eugène Boudin (1824), tandis que d’autres vinrent y mourir, comme ce fut le cas du grand acteur français Michel Serrault le 30 juin 2007, venu vivre les dernières années de sa vie à Honfleur.

Légion sont ceux qui rendirent hommage à cette petite bourgade tranquille et chaleureuse. Parmi les plus célèbres, citons le poète Charles Baudelaire, les peintres Gustave Courbet, Claude Monet qui formèrent l’École de Honfleur et contribuèrent ainsi à l’apparition du mouvement impressionniste.

Publicité

Pour le voyageur fuyant le rythme trépident de la capitale et les plages saturées de monde de la Riviera, ce petit coin de Normandie qui enfile les villes de Honfleur, Trouville et Deauville, telles des perles rondes et lisses sur un collier épuré et élégant, est une promesse au repos de l’âme et des sens.

Après avoir flâné dans l’adorable ville d’Honfleur, prendre la petite route qui mène à Trouville et Deauville est un enchantement. Bordée de superbes demeures aux toits d’ardoise surplombant la mer, de jardins bien entretenus, d’antiquaires et de fleurs splendides, ces quelques kilomètres d’asphalte offrent une vue imprenable sur la Manche, le très beau Pont de Normandie et une plongée dans un coin de nature vert et frais qui semble avoir traversé le temps, intact.

La descente sur Trouville offre un spectacle superbe de maisonnettes blanches rassemblées autour d’un clocher avec façades boisées et fleuries qui plongent vers les immenses plages de la côte Atlantique. L’une des toutes premières maisons est ornée d’une plaque rappelant aux curieux que Marguerite Duras y a vécu, aimé et écrit plusieurs années de sa vie depuis 1963.

C’est à Trouville également que Proust vint parfois chercher de l’inspiration et qu’en 1836 Gustave Flaubert tomba éperdument amoureux d’une belle jeune femme, Elisa Schlésinger, mariée et mère d’un petit enfant. Ce coup de foudre non partagé va décider de la vie du futur grand écrivain en lui inspirant sa toute première œuvre qu’il achèvera d’écrire en 1838 Mémoire d’un fou. En contemplant les levers et les couchers de soleil à couper le souffle sur les immenses plages de sable fin, en suivant des yeux les marées et le ballet des bateaux de pêche escortés d’une escouade de mouettes, on se laisse envahir par la poésie et la quiétude des lieux qui ont inspiré ces artistes et qui saurait séduire les plus récalcitrants au romantisme.

Un peu plus loin, à un jet de pierres, Deauville s’érige en opposition à sa voisine au charme désuet, avec son côté chic et ses boutiques de luxe. Avec ses longues plages aux célèbres parasols colorés et sa promenade sur laquelle ont posé tant de stars qui y ont leur nom gravé sur des stalles en bois, Deauville la belle invite au bain de soleil et à la flânerie nonchalante.

Publicité

Les champs de courses rassemblent les amateurs et les propriétaires du monde entier, venus assister aux exploits de certains des meilleurs coursiers du moment. Véritables événements mondains, les ventes de yearling (jeunes chevaux de un an qui rassemblent toutes les qualités pour être les plus belles bêtes du moment et les futurs gagneurs de courses hippiques) attirent chaque année des acheteurs du monde entier qui investiront de véritables fortunes pour l’acquisition de ces superbes chevaux.

Pour ceux que les baignades et les manifestations équestres laissent froid, sachez que de nombreuses brocantes offrent de véritables trésors à qui sait chercher, que les marchés vous feront découvrir les meilleurs produits du terroir et que le cinéma vient fréquemment au rendez-vous dans cette ville chic et agréable. Immortalisés par le film de Claude Lelouch Un homme et une femme qui remporta plus de 7 oscars et récompenses internationales à sa sortie en 1966, la plage de Deauville et son célèbre Hôtel de Normandie deviennent chaque année le lieu de rencontres et rendez-vous du 7e art. Le très célèbre Festival du Film Américain plonge Deauville dans le monde effervescent du celluloïd pendant une semaine au mois de septembre.

Avec un cachet différent, mais un front de mer toujours spectaculaire et un rythme de vie qui invite à la quiétude, Honfleur, Trouville et Deauville offrent un visage serein et culturel de la Normandie qui vient aplanir le souvenir (encore présent dans les constructions de bunkers un peu partout sur la côte) encore douloureux de la guerre et du grand débarquement. Une destination qui mérite d’être découverte ou mieux connue et qui se savoure en prenant son temps, avec langueur et bonheur, comme une gorgée de bière, un rayon de soleil… ou un roman.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur