Guide populaire du Québec

Livre
Normand Cazelais, Dictionnaire géographique du Québec, Montréal, Éditions Fides, 2018, 152 pages, 29,95 $.
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Publié 24/06/2018 par Paul-François Sylvestre

Dans le Dictionnaire géographique du Québec, Normand Cazelais ne présente pas les lieux selon l’ordre alphabétique de leur toponyme (Amos, Bethierville, Charlevoix, etc.), mais plutôt selon quelque 160 génériques comme: anse, baie, colline… pointe, portage, rapide saut, etc.

On y découvre alors plus de 400 lieux, tous accessibles par la route, ce qui exclut de multiples caps et baies de la mer d’Hudson ou le cratère du Nouveau-Québec.

Le générique «anse» est peut-être le plus populaire: «il y en a des milliers, sinon des millions»! Celles aux noms les plus descriptifs sont anse Chatouilleuse en face de Percé, anse des Bonnes-Femmes sur la Basse-Côte-Nord ou anse à Mouille-Cul dans le parc de conservation du Bic près de Rimouski.

Un canal est une voie d’eau artificielle, souvent dotée d’écluses. On pense évidemment au canal de Lachine ou au canal de Beauharnois. Le chenal et sa variante chenail sont des voies navigables naturelles, parfois invisibles parce que surcreusées dans le lit d’un cours d’eau. Le chenal du Moine se trouve à Sainte-Anne-de-Sorel.

Il y a probablement autant d’îles que de rivières. Les plus connues sont les îles de la Madeleine, d’Orléans, aux Grues et Anticosti. Ce générique me permet de signaler que l’auteur inclut souvent une citation littéraire pour étoffer son propos. Ainsi, Félix Leclerc chante «Pour supporter le difficile et l’inutile / Y a l’ tour de l’île, quarante-deux milles de choses tranquilles / Pour oublier grande blessure dessous l’armure / Été, hiver, y a l’ tour de l’île, l’île d’Orléans».

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Sous le générique portage, on apprend que le plus long toponyme amérindien officialisé au Québec est Kamushkuapetshishkuakanishit, d’origine innue; il signifie «quand on passe par ce portage, on s’accroche les pieds dans les racines».

Le Québec est parsemé de rivières, que les Amérindiens appelaient «les chemins qui marchent». La plus grande est sans doute l’Outaouais. En Mingamie, près du lac Manitou, se trouve la rivière Bat-le-Diable. Voulait-on conjurer le démon? Curieusement, le Dictionnaire ne mentionne pas Trois-Rivières.

Parfois un toponyme se compose de deux génériques, comme rivière de la Savane, en Mauricie. Au Québec, une savane correspond à un terrain à fleur d’eau, parfois marécageux. Dans Maria Chapdelaine, Louis Hémon écrit: «Le bois par ici est à moitié bois et à moitié savane. […] La terre est couverte d’une couche de mousse […] toute imprégnée d’eau; on marche sur une énorme éponge mouillée.»

Cet ouvrage est le premier dictionnaire «populaire» de géographie québécoise. On y voit déjà un modèle à une nouvelle génération de guides touristiques québécois.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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