Frédéric Choinière tente de vivre 100% canadien

Qu’est-ce qu'on fabrique encore chez nous?

Frédéric Choinière dans son appartement torontois qu'il commence à équiper 100% canadien.
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Publié 30/08/2016 par François Bergeron

Pendant quatre saisons, le journaliste Frédéric Choinière, basé à Toronto, veut se nourrir, se vêtir, se loger, se divertir et se déplacer avec des produits et services exclusivement canadiens.

C’est le défi qu’il s’est donné et que documentera pour Unis TV la maison de production Machine Gum du réalisateur Philippe Burnet. Il en résultera une série de quatre épisodes de près d’une heure, Ma vie made in Canada, qui sera diffusée à l’automne 2017.

Pile pour le 150e anniversaire du Canada… «Mais ce n’est pas spécialement une démarche patriotique», explique le cobaye en entrevue à L’Express dans son appartement du quartier Leslieville.

Inspirés par le film français L’année où j’ai vécu 100% français (2004), «nous voulons voir à quel point il est possible et souhaitable de ne consommer que des produits et services canadiens, mais aussi de découvrir ce qui se fait encore au Canada».

Ex-animateur de Volt, une émission pour les ados à TFO, Frédéric Choinière a vécu aux États-Unis pendant quelques années, travaillant à la radio et pour un journal de l’ONU, avant de revenir au Canada, où il anime pour une troisième année l’émission d’affaires publiques Couleurs locales à Unis TV, la chaîne pancanadienne de TV5.

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Très intéressé par les enjeux environnementaux et ouvert aux principes du «locavorisme» (manger des produits locaux) et de la «traçabilité» (savoir d’où vient ce qu’on consomme), il aborde son année 100% canadienne sous cet angle, «mais sans préjugés ni idéologie», assure-t-il.

La caméra le suivra à l’épicerie et dans les magasins, examinant les étiquettes et discutant avec les marchands. «Nous rencontrerons aussi des spécialistes de ces questions, dont certains qui ne sont absolument pas d’accord avec l’idée de se limiter aux produits locaux, tant pour des raisons économiques qu’environnementale ou de santé».

Les quatre épisodes coïncideront avec les quatre saisons. «Cet été, j’ai déménagé. On fait donc l’inventaire de ce qu’on garde (canadien) et ce qu’on jette (étranger). Et il faut combler des besoins de base.»

Frédéric Choinière possède déjà plusieurs vêtements faits au Canada (mais pas encore de souliers de course), quelques chaudrons, assiettes et ustensiles, un petit poêle électrique sur son balcon, et un vélo tandem CCM. Un gros meuble stéréo RCA Victor, véritable antiquité, trône dans son salon. Divan et matelas, achetés chez Leon’s en compagnie de l’équipe de tournage, sont également canadiens.

«Ce qui est plus difficile à trouver, ce sont les petits appareils: grille-pain, four à micro-ondes, apparemment tous fabriqués en Asie.» Il devra remplacer son téléphone portable par un Blackberry, mais pour son ordi, ce sera peut-être impossible.

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Côté transports, comme Bombardier fabrique les wagons de métro et les streetcars de Toronto, de même que des avions utilisés par Porter, notre aventurier ne sera pas confiné à son quartier. Mais, pour l’automobile, il devra non seulement s’assurer qu’elle est construite ici, mais aussi qu’elle l’est avec des pièces canadiennes.

Au restaurant, il devra donc aussi analyser les menus, sinon interroger le chef, pour connaître la provenance de la nourriture.

L’automne sera consacré à la culture: spectacles, concerts, littérature, médias. Abandonnera-t-il la lecture du New York Times? Il ne s’y résigne pas encore. Il n’anticipe pas de difficultés à s’habiller pour l’hiver et à s’équiper pour le sport: «nous sommes un pays nordique quand même!»

Le grand défi de l’hiver sera l’alimentation. «Déjà je ne mange plus de fruits et légumes exotiques, mais l’hiver, un grand nombre de produits essentiels viennent des États-Unis.» Finis le café et le beurre de pinotte… place aux confitures locales et au beurre de tournesol…

On verra aussi si ses fêtes de Noël et du Nouvel An pourront être 100% canadiennes.

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Au printemps 2017, l’émission se penchera sur les services, notamment les services financiers puisque c’est la saison des impôts…

Il se dit un peu étonné de la réaction des commerçants et des gens à qui il décrit son expérience: «tous sont emballés, trouvent que c’est une idée magnifique et m’encouragent!» Près de 4000 personnes «aiment» déjà la page Facebook de Ma vie made in Canada.

Sa démarche – qui vient pourtant à peine de commencer – lui a déjà permis de découvrir «une foule d’entrepreneurs innovants, souvent des jeunes, qui trouvent le moyen de fabriquer ou d’offrir des produits et services de qualité et à des prix comparables aux importations.» Il a hâte d’en rencontrer d’autres. La série nous en présentera quelques-uns.

«On a soif de ce qui est authentique», explique-t-il. «Je suis moi-même un mondialiste et je voyage beaucoup, mais je remarque qu’on retrouve souvent les mêmes produits dans plusieurs pays. On est donc heureux de rencontrer, chez nous, des gens qui font des choses originales.»

Frédéric Choinière sur le balcon de son appartement torontois qu'il commence à équiper 100% canadien.
Frédéric Choinière sur le balcon de son appartement torontois qu’il commence à équiper 100% canadien.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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