Fernand Dorais fit de l’Ontario français un objet d’études

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Publié 17/04/2012 par Paul-François Sylvestre

Fernand Dorais (1928-2003) est connu pour deux essais très franco-ontariens: Entre Montréal… et Sudbury et Témoins d’errances en Ontario français. Son œuvre littéraire est cependant beaucoup plus vaste. Elle comprend nombre d’articles et causeries, voire quelques œuvres de création. Gaston Tremblay se fait le mémorialiste de Dorais en réunissant et présentant tous ces écrits. Le premier volume du Recueil de Dorais renferme les essais.

Né à Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), éduqué chez les jésuites, Fernand Dorais entre au noviciat en 1949 et fait le vœu suivant: «Aime à vivre inconnu et à n’être compté pour rien.»

Il sera, en effet, un homme œuvrant dans l’ombre. Ordonné prêtre jésuite en 1961, il arrive à Sudbury en 1969 pour enseigner au Département d’études françaises et de traduction, à l’Université Laurentienne; il y fera carrière jusqu’à sa retraite en 1993. Il ne quittera jamais la Société de Jésus. Son décès survient en 2003.

Fernand Dorais est arrivé à Sudbury juste au moment où on commençait à parler d’identité franco-ontarienne, en opposition à la traditionnelle vision canadienne-française. Il participe activement à une prise de parole en «rupture viscérale et radicale avec tout ce qui avait été jusqu’alors».

Les années Dorais à Sudbury sont celles de la naissance des Éditions Prise de parole, du Théâtre du Nouvel-Ontario, de La Nuit sur l’étang et de la Coopérative artistique du Nouvel-Ontario (CANO). Le professeur Dorais a souvent œuvré en coulisse de cette mouvance franco-ontarienne des années 1970.

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«À l’instar de Socrate, Fernand Dorais se voulait un praticien de la maïeutique, dont le rôle est d’aider les personnes qui le consultent à accoucher de leurs pensées ou de leur projet de vie», précise Gaston Tremblay.

Les textes réunis dans Le recueil Dorais, volume 1, peignent le portrait d’un adversaire acharné de la censure, d’un ardent défenseur de la liberté d’expression et d’une figure de proue du mouvement intellectuel franco-ontarien.

En parcourant ces textes, on se rend compte que Fernand Dorais fut l’un des premiers à faire de l’Ontario français un objet d’études. Le penseur jésuite s’exprime sur une variété de phénomènes littéraires, sociaux, culturels et scientifiques.

Le recueil de Dorais, volume 2, paraîtra en 2012 et réunira ses textes de fiction. L’un d’eux sera Trois contes d’androgynie, qui comprend l’Hermaphrodismes que Prise de parole a publié en 1978 sous le pseudonyme de Tristan Lafleur. Fernand Dorais a toujours affirmé que ce livre avait paru sans sa permission.

De par son contenu homosexuel, Hermaphrodismes était jugé trop osé en 1978. Fernand Dorais a donc acheté tous les exemplaires en stock et les a brûlés dans l’incinérateur de la résidence des jésuites à l’Université de Sudbury. Le volume 2 est vivement attendu.

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Le recueil de Dorais, volume 1 – Les essais, textes réunis et présentés par Gaston Tremblay, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2011, 600 pages, 39,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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