Élections 2018 : débat en français imprécis

Tous veulent promouvoir la francophonie mais les contours restent flous

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Tous disent vouloir promouvoir la francophonie mais les contours restent flous
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Publié 30/05/2018 par Chloé Berry

Mardi 29 mai a eu lieu un rendez-vous très attendu par les citoyens francophones: Ce n’était pas le débat des chefs, mais celui de leurs plus fidèles soldats de la francophonie.

Un Gilles Bisson à l’aise sur les thématiques francophons pour le NPD, une Marie-France Lalonde vivace pour le camp libéral et une Gila Martow discrète à cause de son français pour défendre Doug Ford ont croisé les fers. À chaque parti sa stratégie et ses arguments phares.

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Les 3 soldats de la francophonie : Gilles Bisson (NPD), Gila Martow (PC), Marie-France Lalonde (PLO)

Appelée à la barre, la ministre aux Affaires francophones Marie-France Lalonde s’est attachée à défendre le bilan du mandat Wynne: un ministère autonome, le projet d’université francophone et l’entrée à l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Mais Gilles Bisson ne manque pas de s’amuser du soudain regain d’intérêt de la question francophone en période électorale: «cela fait 15 ans que vous êtes là Madame Lalonde, pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?» s’exulte-t-il.

À la relance, la candidate libérale pour la circonscription d’Orléans pointait du doigt l’absence de plateforme électorale chez l’un (Doug Ford) et les 10 jours qu’il a fallu au NPD pour traduire en français la leur.

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De son côté, Gila Marlow fait du francophone un Ontarien comme les autres en défendant un Ontario bilingue (qui prendrait plusieurs années de rouages). Une position à l’image du chef du parti conservateur, qui est le seul à ne pas avoir prononcé un mot en français lors des messages pré-enregistrées pendant le débat.

À l’Atrium de Radio-Canada de la rue Front, le débat co-animé par Étienne Fortin-Gauthier (TFO, #ONfr) et Gabrielle Sabourin (Radio-Canada) a permis aux électeurs francophones d’y voir plus clair sur des thématiques, francos ou non.

Éducation: tensions autour de l’UFO

Avec l’Université de l’Ontario français (UFO), l’éducation est l’un des sujets brûlants de la francophonie ontarienne. Les 3 partis sont accordés: elle ouvrira ses portes et tout sera fait pour assurer son succès. Pour autant, l’UFO a grandement fait débat et a secoué l’Atrium.

Dans un message vidéo, Doug Ford rappelle que soutenir l’UFO, c’est reconnaître les 2 langues officielles du Canada. Il va même plus loin en demandant aux parents d’envoyer leurs enfants en école d’immersion afin d’assurer le bilinguisme de la province et le dynamisme du marché du travail.

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Mais Gilles Bisson doute que les conservateurs, qui ont été capables de fermer le Collège des Grands Lacs, puissent avoir l’esprit post-secondaire francophone.

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«Le parti de Ford est toujours le même que celui de Harris, qui critiquait les francophones» lance Lalonde.

Le candidat de la circonscription de Timmins tient aussi à rappeler que Hearst existe déjà et plaide pour la coopération entre les universités. Le débat provincial/régional était déjà en question il y a quelques mois et pour le NPD, il n’y a pas de doute: le mandat provincial est plus approprié.

Madame Lalonde reste dans son couloir et signe: «nous nous sommes engagés à créer l’université». Mais pour Gila Marlow, les libéraux ne devraient pas faire de zèle: «c’est juste avant les élections que les libéraux ont eu l’idée d’une université de langue française».

Mais la question de l’éducation ne s’arrête pas là où l’UFO commence. «Il faut s’assurer d’offrir des solutions pour nos jeunes qui veulent étudier en français chez eux» lance Gilles Bisson.

Alors que pour Gila Martow, le meilleur moyen d’atteindre les 5% de francophones en Ontario, c’est de développer des partenariats avec des universités francophones dans le monde. Les étudiants immigrants sont la clé pour atteindre cet objectif que la province s’est fixé il y a plusieurs années.

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«Il n’y a plus rien dans mon porte-feuille après les libéraux et avec le NPD on n’aura que des reconnaissances de dettes» s’exclame Gila Martow.

Santé : Ford veut recruter au Québec

La Loi 8 sur les services en français est mise sur la table. Un des engagements de campagne du parti libéral est la «modernisation» de cette loi. Mais Marie-France Lalonde reste évasive sur les contours de cette modernisation et se réfugie derrière la création d’un sous-ministre adjoint-responsable au service en français.

Le NPD compte investir pour permettre le plein épanouissement de la Loi 8, notamment en finançant 35 centres de santé communautaire dont «une grande partie seront en français».

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Gilles Bisson sur les questions de santé: «ce n’est pas un système bilingue que l’on veut avoir, c’est un système français»

Le gouvernement de Mike Harris ayant fermé le seul hôpital universitaire francophone de l’Ontario en 1997, Gila Marlow était attendue au tournant sur les questions de santé.

Selon elle, le problème est que les médecins, en particulier les spécialistes, ne peuvent pas s’exprimer en français. Pour pallier à ce manque d’offre médicale, Doug Ford assure qu’il irait recruter des médecins au Québec si nécessaire.

Système de garde et Hydro One

Pour le système de garde, Wynne promet la gratuité de la garderie pour les enfants d’âge préscolaire. Bisson affirme que le NPD veut rendre le système public et que les ménages touchant moins de 40 000$ ne paieront aucun frais.

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Le parti conservateur opte plutôt pour le crédit d’impôt. Les parents recevront 7 000$ pour chaque enfant de 0 à 15 ans. Cela laisserait plus d’options de garde aux parents et serait une réponse plus adaptée aux petites villes.

Les prix de l’électricité ont explosé en 15 ans de gouvernement libéral. Gila Marlow attaque Marie-France Lalonde, la rendant responsable du dépôt de bilan d’entreprises de petites villes faute d’une facture trop élevée.

Gilles Bisson affirme que s’il est élu, le NPD reprendra le contrôle d’Hydro One. Gila Marlow le fait réagir sur le coup de cette déprivatisation alors que Lalonde certifie que ce n’est pas cela qui faira baisser les prix.

Auteur

  • Chloé Berry

    Journaliste à l-express.ca. Formée en sciences politiques et au journalisme en France. Adepte des questions de société et férue d'histoire.

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