Des livres calcinés du Parlement du Canada-Uni retrouvés dans le Vieux-Montréal

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Publié 27/08/2013 par Mélanie Marquis (La Presse Canadienne)

à 17h31 HAE, le 26 août 2013.

MONTRÉAL – Le site de l’ancien Parlement du Canada-Uni, qui avait pignon sur rue à Montréal entre 1844 et 1849, continue à livrer certains de ses secrets.

Des restes calcinés de plusieurs bouquins qui se trouvaient sur les rayons des anciennes bibliothèques parlementaires du bâtiment ont été retrouvés dans le cadre de la campagne de fouilles archéologiques du musée Pointe-à-Callière.

Sept ouvrages ont été extirpés vendredi dernier et lundi des décombres calcinés de l’ancien édifice, lequel avait été complètement rasé par un violent incendie à la suite d’une émeute le 25 avril 1849.

En entamant les fouilles sur la place d’Youville, en juillet dernier, les chercheurs entretenaient un mince espoir de déterrer de tels trésors, mais ils ont malgré tout été surpris de tomber sur ces restes de papier consumés, relate Louise Pothier, responsable du chantier.

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«C’est une découverte symbolique extraordinaire dans l’histoire du bâtiment qu’on n’osait même plus espérer parce que (le musée) Pointe-à-Callière fouille depuis 2010 sur le site», expose l’archéologue.

«On espérait tomber sur ce qui pourrait être les restants d’une bibliothèque, et ça commence à ressembler à ça, alors on est très heureux», poursuit-elle.

Les artéfacts seront rapidement envoyés au Centre de conservation du Québec, qui en fera l’analyse afin d’en évaluer les possibilités de restauration.

La tâche promet d’être ardue. On parle, après tout, de livres qui ont été lourdement endommagés par les flammes avant d’être possiblement emportés dans l’effondrement de l’édifice, puis imbibés d’eau lors des efforts visant à maîtriser l’incendie.

«En fait, c’est comme des grosses ‘mottes’ de papier carbonisé», illustre Manon Goyette, chargée de projet pour la firme d’archéologie Ethnoscope. «Mais il y a une technicienne qui en a ouvert une et qui s’est aperçue qu’on voyait encore de l’écriture. Et depuis ce temps-là, on pense avoir trouvé environ une dizaine de livres.»

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Les premières observations des archéologues ont permis de déterminer que ce livre est écrit en français et traitait possiblement de la faune.

Une riche bibliothèque

Selon le musée Pointe-à-Callière, entre 22 000 et 25 000 livres et documents d’archives, dont certains remontant à la Nouvelle-France, ont été réduits en cendres le soir de l’incendie.

«On sait qu’il y avait là une bibliothèque extrêmement précieuse dont les livres provenaient des débuts de la colonie, du régime français», expose Mme Pothier.

Des législations importantes sur la création du Canada ont été votées au Parlement du Canada-Uni à Montréal avant le sinistre, dont celle établissant le «gouvernement responsable» de 1848.

Une loi qui était en cours d’élaboration a même été sauvée des flammes in extremis.

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«Le document a été sauvé le soir de l’incendie, probablement parce qu’il était déposé sur une table, étant en processus de signature. C’était une loi adoptée à l’Assemblée législative en mars 1849 concernant la protection des biens-fonds des immigrants naturalisés», explique Louise Pothier.

«Il est maintenant conservé aux archives du Sénat (à Ottawa), poursuit la chercheure. On voit très bien, sur ce document-là, des traces de feu sur les plis, de chaque côté.»

Le Parlement du Canada-Uni a été assailli le 25 avril 1849 par des centaines de membres de la communauté des affaires montréalaise. Furieux de l’adoption de la Loi sur l’indemnisation des victimes des Rébellions des Patriotes de 1837-1838, des anglophones avaient mis le feu à l’édifice.

Orchestrée par le musée Pointe-à-Callière, l’actuelle campagne de fouilles archéologiques doit prendre fin dans environ trois semaines.

Ces recherches s’inscrivent dans la foulée du travail amorcé en 2011. Les fouilles avaient alors permis de mettre au jour les fondations de pierre du bâtiment d’une dimension de 100 mètres par 20, ainsi qu’une section de l’égout collecteur William, construit sur la petite rivière Saint-Pierre, aujourd’hui recouverte.

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La mise en valeur du marché Sainte-Anne, devenu le Parlement du Canada-Uni, fait partie du projet de la Cité de l’archéologie. Celui-ci devrait être complété à temps pour les célébrations du 375e anniversaire de la Ville de Montréal et du 150e anniversaire de la fédération canadienne, en 2017.

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