Des francophones bien vivants et qui le disent

Numéro spécial de L’itinéraire

Francophones hors Québec
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Publié 12/11/2018 par Lucas Pilleri

Alors que les propos de Denise Bombardier ont soulevé une vague d’indignation à travers le pays depuis son passage à Tout le monde en parle le 21 octobre dernier, plusieurs voix s’élèvent autour d’un message commun: non, les francophones hors Québec ne sont pas morts.

La francophonie canadienne est décidément dans le feu des projecteurs ces derniers temps. Après la montée au créneau de Franco-Canadiens pour répondre à Mme Bombardier, c’est au tour d’un magazine montréalais de prendre la défense des communautés.

Francos et fiers de l’être! Ainsi s’intitule l’édition du 15 novembre de L’Itinéraire, magazine bimensuel montréalais produit et vendu par des personnes en réinsertion. En sous-titre, on peut y lire «Le français bien vivant, coast to coast to coast», soit un joli clin d’œil à l’actualité.

«Ça n’aurait pas pu mieux tomber», commente Josée Panet-Raymond, éditrice adjointe et rédactrice en chef précisant que le numéro était déjà en préparation lorsque Denise Bombardier a largué une bombe à propos de la disparition quasi totale des communautés francophones et acadiennes.

Denise Bombardier
Le numéro du 15 novembre est consacré aux francos coast to coast to coast.

Surfer sur la vague Bombardier

Par une coïncidence fortuite, les propos de Denise Bombardier font écho au choix éditorial du numéro, incitant la rédactrice à peaufiner son édito dans les derniers instants du bouclage: «Hors du Québec point de salut? Détrompez-vous, Mme Bombardier! Il existe partout au Canada des communautés francophones dynamiques et extrêmement fières de vivre en français», signe-t-elle.

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Zachary Richard, l’un des «gardiens de la langue, de la culture et de l’héritage francophones», trône en couverture. «Il garde le français cajun en vie et le fait rayonner bien au-delà de sa Louisiane natale», souligne Josée Panet-Raymond.

Aussi cite-t-elle tous ces francophones qui ont contribué à forger la culture et l’identité franco-canadiennes: Antonine Maillet, Daniel Lavoie, Chantal Hébert, Herménégilde Chiasson, Claude Julien, Roméo LeBlanc, Damien Robitaille, Véronic DiCaire, Katherine Levac, Louis Riel et Gabrielle Roy.

Denise Bombardier
L’éditrice adjointe et rédactrice en chef de L’Itinéraire, Josée Panet-Raymond. (Photo:Milton Fernandes)

Ces Québécois qui pensent autrement

Josée Panet-Raymond fait partie de ces Québécois qui ne partagent pas la vision des choses de Denise Bombardier. «J’ai sursauté quand elle a dit ça dans l’émission. Je me suis dit : “Mon dieu, elle est complètement à côté de la plaque”. Mais, quelque part, ça ne m’étonne pas. Beaucoup de Québécois ignorent. C’est une forme de mépris qui me dérange personnellement.»

Née à Montréal mais élevée en milieu franco-ontarien, la rédactrice a attisé sa flamme pour la francophonie au-delà des frontières québécoises. «On vit à une époque où le français pourrait être menacé plus que jamais avec les Netflix et les réseaux sociaux. On devrait être solidaires», estime-t-elle.

 

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francophonie canadienne

Katherine Levac

L’édition de L’Itinéraire comprend pour l’occasion une section inédite, «En français s.v.p.!», qui dresse le portrait de francophones épanouis en régions. On retrouve ainsi l’humoriste Katherine Levac, «une Franco-Ontarienne qui rit de son coin de pays», la productrice Janelle Wookey, «une Franco-Métisse qui produit des documentaires percutants», et la directrice de La Voix acadienne Marcia Enman, «une femme de tête à l’Île-du-Prince-Édouard».

«On voulait montrer la diversité des voix francophones. C’est important de montrer qu’il y a des francophones hors Québec qui travaillent, vivent, s’amusent, jouent, chantent en français», commente Josée Panet-Raymond. «C’est pas toujours évident quand tu viens d’une petite communauté enclavée dans une majorité anglophone. Je leur lève mon chapeau. J’ai une grande admiration pour ces gens-là. Il faut que les gens réalisent ça.»

Denise Bombardier
Un logo pour #RéveilTLMEP créé par Marc Keelan-Bishop.

Place aux régionalismes

Une place est même faite aux régionalismes, ces expressions fleuries qui bourgeonnent dans la francophonie canadienne: «Tooter d’la horn» pour klaxonner, «T’as fait un shittycoup!» pour faire un mauvais coup, «fourbir» pour laver le plancher, etc. Une autre façon de souligner la diversité linguistique au sein de la francophonie canadienne.

Ces projecteurs braqués sur la francophonie canadienne aideront-ils à changer les perceptions? Quoi qu’il en soit, les Franco-Canadiens peuvent remercier Denise Bombardier: malgré elle, elle aura grandement aidé à faire parler d’eux.

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Denise Bombardier
Au printemps dernier, William Burton avait remporté l’un des trois Prix de la francophonie de l’Ontario 2018.

Réveiller les consciences

L’Itinéraire s’ajoute à une autre réaction qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux, le mouvement #Réveil.

L’initiative a été lancée par William Burton, un jeune Franco-Ontarien qui agite la toile en exhortant Tout le monde en parle à donner plus de visibilité aux francophones hors Québec. «Pourquoi TLMEP ne parle-t-il pas de tout le monde?», interroge-t-il.

Auteur

  • Lucas Pilleri

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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