Des animaux et des humains

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Publié 03/03/2009 par Pierre Léon

Les animaux ne manquent jamais de naturel, sauf à l’état domestique.
– Malcom de Chazal

– Maman, le chat m’a griffé !
– Qu’est-ce que tu lui as encore fait ?
– Je crois que je lui ai mis le doigt dans l’œil. Mais je l’ai pas fait exprès.
– Vois-tu, c’est là une des grandes différences entre un animal et une personne. Ton chat a réagi selon son instinct de défense, il n’a pas la capacité de raisonner, comme toi. Et je doute qu’il vienne s’excuser.

Eh oui, le chat est resté un peu sauvage, comme tous les animaux dits domestiques. Ils ne savent pas distinguer entre ce qui est intentionnel et accidentel.

On trouve, selon leurs espèces, des degrés d’accommodations à la nôtre. Un oiseau reste plus farouche qu’un mammifère. Il y a de rares exceptions. Enfant, j’avais apprivoisé tout petits, une pie et un geai. Comme les perroquets, ces deux-là, ont vite appris à imiter la parole humaine et toutes sortes de bruits.

Ils n’ont jamais eu de très bonnes manières de langage, d’autant plus que mes copains se régalaient à leur apprendre des gros mots et des insanités qui révoltaient ma mère.

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La pie, moins sociable que le geai, donnait des coups de bec quand sa pitance tardait trop. Ingrate, un jour elle s’est envolée et n’est plus revenue. Le geai est devenu taciturne et mauvais. Il est mort d’étouffement, le jour de ma première communion, pour avoir dérobé et avalé les «œufs mimosas» (œufs durs mayonnaise), prévus dans les hors d’oeuvre.

Pour un certain nombre de gens, l’animal est plus fidèle et agréable que bien des humains. Ainsi le chien. Il y en a d’adorables qui se laissent chahuter, peloter, caresser ou même tourmenter par de tous jeunes enfants. Il arrive aussi qu’un jour le chien retrouve son origine de loup et mord. On en a eu, ces dernières années des exemples tragiques. Et rappelez-vous le Petit Chaperon rouge!

Les animaux qui sont les plus proches de l’homme sont les primates et, parmi eux, les chimpanzés. On a trouvé que 98 à 99 % de notre ADN est identique au leur.

Une anthropologue, Jane Goodall a créé des sanctuaires de chimpanzés en Afrique, pour étudier leur comportement, avec l’idée de montrer qu’ils avaient une intelligence comparable à celle des humains. Elle a trouvé qu’ils savaient utiliser des outils et qu’ils avaient une vie sociale bien moins agressive qu’on ne pensait. Ça n’a pas empêché Fredo, un mâle de la bande, de tuer et de manger un jeune enfant.

Les recherches les plus spectaculaires pour montrer l’intelligence des chimpanzés, ont porté sur l’enseignement du langage. On s’est vite aperçu qu’ils ne posséderaient jamais la parole humaine, bien qu’ils soient équipés d’organes analogues à ceux de la phonation chez l’homme.

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On a donc cherché à leur enseigner un langage visuel, tel celui des sourds. Allen et Béatrice Gardner ont ainsi réussi à apprendre 250 signes de vocabulaire à leur célèbre, Washoe, qui pouvait communiquer de manière rudimentaire avec ses maîtres ou… des sourds, pratiquant le langage des sourds américains.

Dans les années 70, relate Margaret Wente dans le Globe and Mail (21/02/09), Madame Lafarge, utilisant aussi le langage des sourds, entreprit d’apprendre l’anglais à son chimpanzé qu’elle appela Nim Chimpsky. C’était un jeu de mot pour se moquer de Noam Chomsky, le linguiste américain dont la thèse était que le langage humain est inné.

Un coq élevé avec des vaches chantera toujours comme un coq et non comme une vache. Par contre, un enfant thaïlandais, russe ou chinois, élevé à Toronto, apprendra l’anglais sans problème.

Le chimpanzé de Mme Lafarge apprit quelques signes mais son comportement laissait tant à désirer que sa propriétaire décida de s’en débarrasser. Il finit malheureux dans un laboratoire de médecine.

Mme Lafarge, prise de remords alla le voir dans sa cage. Elle pensait sans doute qu’il serait content de la revoir et peut-être d’accepter ses excuses. Au lieu de cela, il l’attrape par une cheville et la fait tourner plusieurs fois au-dessus de sa tête. Il s’était humanisé! Elle n’en mourut que de peur.

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Le dernier avatar du genre est celui de Travis, chimpanzé de 14 ans, pesant 200 livres. Il vivait avec Sandra Herold, une dame de 70 ans qui avait appris à Travis à communiquer par signes mais aussi à se conduire comme un gentleman. Chaque jour il prenait son bain avec sa maîtresse, la peignait, prenait ses repas à table, buvait du bon vin, dormait dans le même lit qu’elle.

Vedette de la télévision et membre de la famille, il avait tout pour plaire. Vous avez lu sa fin tragique dans les journaux. Il avait essayé de tuer sa compagne humaine.

Margaret Wente se moque du journaliste du New York Post qui, relatant le drame, écrit: «Furious George», oubliant, croit-elle, le nom de Travis. C’était pourtant là une façon de rappeler les aventures de «Curious George», un singe humanisé, lui aussi, et dont la bande dessinée amusait bien les enfants. Avec lui, il n’y avait pas de danger, sauf de faire croire que l’animal peut devenir humain.

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