Dans les eaux de la Fontaine de Vaucluse

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/05/2016 par Aurélie Resch

Il existe au cœur du Vaucluse une exsurgence sortant d’une falaise en à pic de 240 mètres, d’un tel débit – 630 millions de mètres cubes annuels – et d’une eau si émeraude qu’elle marqua longtemps les esprits avant de devenir aujourd’hui l’une des attractions touristiques les plus prisées de la région. L’occasion pour moi d’une petite excursion au cœur du paysage provençal.

Les eaux limpides de la Fontaine de Vaucluse furent l’objet d’un véritable culte sous l’Antiquité romaine, en témoignent les nombreuses pièces d’or récupérées lors de plongées et fouilles et gardées aujourd’hui dans le musée du village.

La couleur émeraude due à la présence d’une algue très particulière est en effet saisissante et je comprends bien pourquoi elle nourrit fantasmes et légendes.

Sous le Haut Moyen-Âge, un monstrueux dragon, la Coulobre, veillait farouchement dessus et terrorisait les villageois. Ce fut un ermite, Véran, qui la chassa et fit retrouver le calme au village.

En prenant de la hauteur et en arpentant la montagne, j’aperçois les grottes qui abritaient la bête et ceux venus méditer loin du tumulte, près des eaux fraîches.

Publicité

Il règne ici, un calme bienvenu après le tumulte des eaux (et des touristes à fuir absolument pendant la haute saison) en bas dans le village. Le vent y souffle parfois violemment, mais l’harmonie du paysage est telle qu’elle invite à la méditation.

Les vers du George de Scudéry remontent jusqu’à moi :
Les vents, même les vents, qu’on entend respirer,
Et parmi ces rochers, et parmi ces ombrages,
Eux qui me font aimer ces aimables rivages,
Ont appris de Pétrarque à si bien soupirer.
Les flots, même les flots, qu’on entend murmurer,
Avec tant de douceur, dans des lieux si sauvages,
Imitent une voix qui charmait les courages,
Et parlent d’un Objet qu’on lui vit adorer.
Au lieu même où je suis, mille innocents oiseaux
Nous redisent encor, près de ces claires eaux,
Ce que Laure disait à son amant fidèle :
Ici tout n’est que flamme ; ici tout n’est qu’amour ;
Tout nous parle de lui ; tout nous entretient d’elle ;
Et leur ombre erre encor en ce charmant séjour
.

Le poète Pétrarque vint à la Fontaine du Vaucluse épancher son chagrin sur les eaux vertes. Il écrivit ici ses plus beaux poèmes d’amour.

En se penchant sur les ondes, on pourrait croire voir ses larmes se mêler. À condition de venir tôt le matin et d’éviter les visiteurs bruyants.

La fontaine de Vaucluse joua au XVe siècle un rôle important dans l’économie et ce jusqu’en 1950 en alimentant les moulins à papier et donc les imprimeries. C’est aussi un paradis pour les amateurs de kayak qui naviguent sur la rivière jusqu’à l’Île sur la Sorgue.

Publicité

L’exsurgence de Fontaine de Vaucluse reste un mystère pour les scientifiques. Aucun n’arrive à assurer sa profondeur. On retient à ce jour un siphon de 308 m de profondeur, dont 223 m sous le niveau de la mer.

Ce qui en fait la source la plus importante de France qui a donné son nom à toutes «les fontaines vauclusiennes» du monde.
Pour moi, le lieu est une invitation à la méditation et à la poésie. Une halte rafraîchissante au cœur de la Provence.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur