Climat: Radio-Canada échoue à son propre quiz

climat, changements climatiques, réchauffement de la planète
Radio-Canada organise parfois de «grands débats» sur des enjeux locaux ou nationaux importants, dont on discute aussi beaucoup sur ses ondes. Mais sur le climat, l'enjeu qui scellerait le sort de l'humanité d'ici le milieu du siècle, pas de débat possible! Tout le monde pense pareil, la science est arrêtée, les sceptiques sont corrompus, parole de «diffuseur public»...
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Publié 14/01/2019 par François Bergeron

Radio-Canada présente en ce début d’année une série de reportages sur des démarches citoyennes et politiques mises de l’avant pour «réduire l’impact écologique de l’activité humaine», c’est-à-dire à la fois sur l’environnement et sur le climat.

Ça coïncide avec la circulation de pétitions comme «le Pacte pour la transition» (Québec) et «l’Affaire du siècle» (France) pour sensibiliser nos gouvernements à «l’urgence d’agir» pour éviter l’apocalypse.

Parmi les personnalités faisant l’objet d’entrevues complaisantes, mentionnons le martyr Nicolas Hulot, ex-ministre français de cette fameuse Transition écologique contre laquelle se sont révoltés les «gilets jaunes». Comme d’autres gourous de la nouvelle religion écolo, il considère l’humanité comme un «cancer» pour la planète.

Sur le web, la série est accompagnée d’un quiz sur les changements climatiques.

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Comme on s’y attendait (Radio-Canada s’autorisant à ne présenter qu’un seul point de vue sur cette «menace existentielle» que tous ne prendraient pas encore suffisamment au sérieux), plusieurs des 15 questions de son test «vrai ou faux?» exigent une réponse beaucoup plus nuancée, quand ce n’est pas la réponse contraire de celle qui est présentée comme la bonne.

Question 1: «Les moyennes de températures mondiales ont augmenté de façon constante depuis la révolution industrielle.»

C’est vrai qu’elles ont augmenté… de 1 degré Celsius en 150 ans, ce qui est très proche des variations naturelles. Mais pas «de façon constante»: elles montent, elles baissent, elles plafonnent, elles remontent, etc., comme elles l’ont toujours fait.

Le CO2, lui, a augmenté de façon constante, de 300 ppm en 1850 à 400 ppm aujourd’hui. Mais cela reste une très faible quantité dans l’atmosphère, et un niveau encore bas comparé à la plupart des autres grandes périodes de l’histoire de la planète.

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Question 2. «Le Soleil est responsable du réchauffement climatique.»

Radio-Canada répond «faux», même s’il est incontestable que c’est le Soleil qui a la plus grande part de responsabilité dans l’établissement de la température de la planète (qui dépend aussi de l’axe de la Terre, de l’activité volcanique et d’autres facteurs naturels).

L’explication de nos génies en herbe ici: «Les cycles solaires peuvent avoir une influence sur le climat de la Terre. Mais ce n’est pas ce qui cause le réchauffement climatique cette fois-ci»…

Question 3. «La cause des changements climatiques est clairement identifiée par les scientifiques.»

Avec une belle assurance contraire à tous les principes journalistiques, Radio-Canada répond «vrai», répétant le mantra maintes fois réfuté à l’effet que «plus de 97 % des chercheurs en science du climat estiment que les activités humaines sont responsables des changements climatiques actuellement en cours.». Pathétique.

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Et depuis quand la science est-elle un concours de popularité? De tous temps, des gouvernements et des majorités d’experts se sont trompés, pour finir par changer de direction.

Question 4. «Le réchauffement du climat sera bénéfique pour le Canada.»

Évidemment Radio-Canada répond «faux». Mais ça se discute.

Pour le Canada, comme pour toute la planète, le réchauffement ne comporte pas que des désavantages. C’est le bilan des inconvénients et des bénéfices du réchauffement qu’il faut confronter à celui des coûts proposés pour s’y attaquer ou pour s’y adapter.

Certains experts avancent que le bilan du réchauffement est et restera positif. D’autres, encore plus nombreux, qu’il est préférable d’investir dans l’adaptation plutôt que dans la mitigation.

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Question 7. «Les villes de Miami, de New York et de Vancouver sont menacées par la montée des océans.»

On aurait pu demander si les villes sont menacées par un tremblement de terre ou par un météorite. En théorie, oui, on est tous menacés par plusieurs choses, mais probablement pas de sitôt par la montée des océans, qui n’est pas plus rapide aujourd’hui (environ 3 mm par an) qu’au cours des 6000 dernières années.

Certains des modèles du GIEC, les mêmes qui se trompent depuis 30 ans, prédisent «10 mm supplémentaires chaque année d’ici 2100» à cause de la fonte des pôles et de la dilatation thermique des océans.

Au moins, à la question 6, on reconnaît que «la fonte de la banquise arctique» ne ferait pas monter le niveau des océans. C’est la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique (qui reposent sur du roc et non sur l’eau) qui aurait ce résultat, très hypothétique lui aussi.

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océans

Question 8. «Les animaux peuvent s’adapter au réchauffement de la planète.»

Radio-Canada répond «faux»… mais en parlant, au conditionnel, de «risque» de disparition d’«une espèce sur six», et en reconnaissant (de mauvais gré) que «certains animaux arrivent à s’adapter».

On ne semble pas considérer non plus que, jusqu’à maintenant, les périodes froides ont toujours été plus néfastes à la flore et à la faune (et aux humains) que les périodes chaudes.

Bref, nos amis des animaux les connaissent bien mal et n’ont aucune idée de leurs capacités d’adaptation. Cette question 8 est d’ailleurs illustrée d’une photo d’un ours polaire enjambant des glaces flottantes, alors que la plupart des populations d’ours polaires sont en croissance.

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glace, pôle nord

Question 13. «Plus de 90% des pays ont signé l’Accord de Paris en 2015.»

Trop vrai. Mais qu’est ce qu’on sous-entend ici? Que les récalcitrants sont des monstres comme Donald Trump?

En réalité, la Chine, la Russie et plusieurs autres pays ont signé l’Accord de Paris les doigts croisés dans le dos, ou parce qu’on les a exemptés d’obligations, ou carrément parce qu’on leur promettait une récompense financière.

Question 14. «Un ex-premier ministre du Canada a déjà dit que le protocole de Kyoto était un complot socialiste.»

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Réponse: «vrai», c’est Stephen Harper. Mais il s’est surtout trompé ici en surestimant l’intelligence des socialistes. Ils sont incapables de gérer quoi que ce soit, encore moins de monter et d’imposer pendant trois décennies la plus grande fraude depuis le commerce des indulgences religieuses au Moyen-Âge.

Stephen Harper
Stephen Harper

Je connais beaucoup de maniaques de l’environnement et du climat: ils ne sont pas tous socialistes.

Je connais aussi beaucoup de libéraux (au sens européen) ou de conservateurs (au sens nord-américain): ils ne sont pas tous sceptiques de l’alarmisme climatique, et la plupart veulent protéger l’environnement.

Mais tous les socialistes que je connais s’accrochent au catastrophisme écolo-climatique comme à une bouée de sauvetage. Ils y voient un moyen de redorer leur blason, de se présenter en sauveurs de la planète alors que, jusqu’à maintenant, ils arrivaient seulement à appauvrir leur pays.

Question 15. «Il est trop tard pour agir contre les changements climatiques.»

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Après un tel sermon appelant à «agir rapidement», Radio-Canada ne pouvait tout de même pas répondre «vrai» ici.

Sauf qu’on a très peu d’influence sur le climat. Sur l’environnement, oui. Occupons-nous donc de protéger la nature et la biodiversité, de cesser de jeter du plastique dans les océans et des vrais polluants dans l’air. Investissons là où on obtient des résultats dans la santé et le progrès des peuples. Développons des énergies renouvelables et de meilleures habitudes pour leurs qualités intrinsèques, pas pour faire pleuvoir ou neiger au 22e siècle.

Il n’est peut-être pas trop tard non plus pour ramener Radio-Canada à la raison.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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