Camille Claudel en danse, chanson et théâtre

Avec Sylvie Bouchard, Véronique Pestel et Louise Naubert

autour de camille-Camille claudel (1 sur 2)
Véronique Pestel, Louise Naubert et Sylvie Bouchard étaient en symbiose artistique.
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Publié 19/05/2018 par Camille Simonet

«Ce que l’on va vous présenter ce soir n’existe pas encore», annonce Dominique Denis, le directeur artistique de De bouche à oreille, et pour cause: le concept d’Autour de Camille est unique en son genre. Ce premier test artistique s’est déroulé le 16 mai au 918 Bathurst.

La danseuse Sylvie Bouchard, la chanteuse Véronique Pestel et la metteure en scène et directrice artistique du Théâtre la Tangente Louise Naubert ont rendu ensemble un hommage à la sculptrice Camille Claudel.

Mêlant le chant et le piano, le théâtre et la danse contemporaine, les artistes ont interprété à leur manière la correspondance entre Auguste Rodin et Camille Claudel, n’hésitant pas à faire de l’improvisation pour sublimer cette histoire de vie.

Véronique Pestel, Louise Naubert et Sylvie Bouchard.

Le spectateur «complice»

Autour de Camille se voulait être l’hommage poignant de trois femmes artistes à la funeste vie de Camille Claudel qui a vécu dans l’ombre de deux hommes, son amant Auguste Rodin et son frère Paul Claudel.

Une quarantaine de personnes était présente pour découvrir cette expérience inédite dont les détails ont été dévoilés en toute transparence. Chaque artiste s’est exprimée sur son processus de création et sa vision artistique avant de revisiter la vie de Camile Claudel.

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Sylvie Bouchard, elle, se considère comme «l’instrument d’une pièce». Elle s’inspire des images, des textes. «J’ai tendance à ne pas penser, à laisser mon corps s’imbiber de ces matériaux», confie-t-elle sur sa manière de danser.

Le plus important pour elle lorsqu’elle travaille avec sa compagnie BoucharDanse, est de comprendre la racine de chaque mouvement de ses collègues afin de créer des chorégraphies qui, au-delà d’être pertinentes, sont de l’ordre du naturel.

Camille Claudel-Sylvie Bouchard
Sylvie Bouchard a rendu un hommage dansant à Camille Claudel.

 

Louise Naubert, a elle aussi lâché quelques confidences à l’oreille de l’audience. «Quand je fais de la mise en scène, je deviens aussi une interprète. J’essaye de faire dire à mes acteurs ce que je veux dire», a-t-elle révélé.

Véronique Pestel, quant à elle, marche à l’émotion. «Il faut que quelque chose m’interpelle et que ça me touche. Ça a été le cas par exemple, pour la loi sur le bien-être des animaux en France qui sert notamment à reconnaître l’existence d’une âme chez les animaux. Le fait que l’on en doute m’a touché et j’ai été créative».

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«On veut essayer de faire quelque chose à trois avec vous comme témoin. Une chose qui va vivre là et qui va mourir là», a résumé Louise Naubert, avant de lancer la performance.

Liaison dangereuse

Sur le conseil de son ami Alfred Boucher, sculpteur reconnu, Louis-Prosper Claudel envoie sa famille à Paris pour que sa fille Camille puisse bénéficier d’un enseignement artistique. C’est là qu’elle y rencontre Auguste Rodin qui devient son professeur, puis son amant.

C’est le début d’une suite de déceptions. Malgré ses promesses, dont le témoignage cuisant réside dans un échange épistolaire entre les tourtereaux, Rodin ne quittera jamais sa femme et sera infidèle avec d’autres élèves.

Camille Claudel subit quelques avortements et entre en dépression, rendue malheureuse par une relation amoureuse qui ne mène à rien. Son frère, le poète, dramaturge et diplomate Paul Claudel, a honte de ses agissements. Petit à petit Camille entre dans la paranoïa et en vient à détruire ses œuvres, hantée par la possibilité que Rodin la copie.

Elle finira sa vie en asile psychiatrique: 30 ans d’incarcération sans aucune visite de sa famille. «Ce qui nous intéressait, c’était de mettre en opposition la sculpture et la danse autour de ce thème de rupture amoureuse», explique Louise Naubert sur la démarche du trio.

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Cette dernière était chargée de lire les lettres tandis que Véronique puis Sylvie improvisaient tour à tour dessus.

Camille_Claudel
Camille Claudel.

Expérience captivante

Chaque fois que la situation de la lettre devenait intolérable et les suppliques de Rodin imbuvables, Sylvie exprimait sa révolte par des mouvements faussement désordonnés sous fond musical de piano, tantôt triste, tantôt plus jazz, de Véronique.

Ce sont cinq courts extraits de la correspondance qui ont été transfigurés par les trois interprètes. Philippe Noireau a également participé à Autour de Camille puisqu’il a écrit un texte en alexandrin, Les marteaux de Camille, que Véronique Pestel a chanté à la fin.

S’en est suivi un long échange avec le public qui a donné une autre dimension à la pièce, s’y intégrant à part entière. Les «passionant» et «fascinant» ont fusé de toute part, tout comme la déception face au côté éphémère du spectacle.

Comme Véronique Pestel l’a si justement dit à la fin: «je suis comme une enfant qui veut un autre bout de gâteau, mais le goûter est déjà fini».

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