Calissons d’Aix-en-Provence, une denrée bénie

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Publié 29/09/2011 par Aurélie Resch

Pour qui aime partir à la rencontre du folklore, la bénédiction des calissons à Aix-en-Provence, est une découverte tout à fait originale.


Un peu d’Histoire


Confiserie provençale traditionnelle, le calisson, douceur de confit de melon, de miel et d’amandes, recouverte de sucre glacé, fait le bonheur des Aixois et des gens du monde entier.


Offerts au repas nuptial du Roi René en 1454, les calissons sont devenus la friandise provençale la plus connue depuis. Au XVIIe siècle, une épidémie redoutable de la peste ravagea la ville d’Aix-en-Provence. Dans un premier temps, les magistrats forcèrent les habitants à se séquestrer pour endiguer la propagation de la maladie. On fit placer de nombreuses statues de la Vierge dans des niches à chaque coin de rue, afin que les Aixois puissent prier pour leur salut de chez eux.


On peut encore observer de nos jours la plupart de ces statues qui agrémentent les bâtiments de la ville aux mille fontaines.


Malgré ces précautions, le mal empira, emportant davantage de victimes. Épouvantés, les magistrats s’enfuirent, abandonnant Aix à son mal.


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Seuls le Prévost du Chapitre Mimata, le Consul Borilli et l’assesseur Martelly restèrent. Ils firent front et restèrent jusqu’à ce que les premiers signes de recul de la maladie se fassent observer.


Monté à la tête du peuple et des notables, Martelly, lors d’une grande messe, fit vœu de célébrer chaque année la Vierge de Seds qui protégea le peuple aixois durant cette période noire de l’Histoire.


C’est durant ce rassemblement que des calissons furent distribués, tels des pains bénis. La légende, racontée par Marcel Provence, veut que les Aixois aient aussi traduit les mots du prêtre,Venite Ad Calicem(venez au calice) par «Venez tous aux calissons» et que depuis, ce bonbon entra dans le quotidien et les mœurs et acquit ainsi ses titres de noblesse.


La tradition


Devenu le véritable emblème gourmand de la région de Provence, se vendant dans le monde entier, après une production annuelle de près de 400 tonnes, le calisson a droit à une cérémonie de bénédiction chaque première fin de semaine du mois de septembre. Un événement qui rassemble de nombreux Aixois et attire les foules d’à côté et du monde entier.


Depuis seize ans, la ville d’Aix-en-Provence rend hommage au calisson en offrant toute une procession depuis la place des quatre dauphins jusqu’à la très belle église de Saint Jean de Malte où la nouvelle production est bénie. De nombreux Aixois, vêtus des habits traditionnels provençaux ouvrent le défilé avec des danses folkloriques et de la musique de tambour et de flûte.


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Ces danses traditionnelles soulignent le côté festif et social de la vie provençale sur plusieurs siècles. Accompagnées de musiques et chants traditionnels en provençal, elles précèdent le cortège des chefs pâtissiers et producteurs de calissons qui viennent portant la bannière de leur région ou confiserie.


Au centre du cortège, la Vierge de Seds, élevée sur son brocard. Reconstitution d’époque oblige, des magistrats et hauts dignitaires costumés viennent à la rencontre du cortège, saluent artisans et villageois et remontent la rue qui mène de la place des quatre dauphins à l’église de Saint-Jean de Malte.


Un office y est célébré durant lequel le prêtre insiste sur l’importance de la douceur dans la société et sur l’art de rendre hommage à la vie en partageant et dégustant ensemble la bonne chère.


Ensuite vient la bénédiction à l’encens et à l’eau bénite de la nouvelle production, portée dans des cabarets autour du cou de belles Provençales revêtues des traditionnels vêtements.


La cérémonie achevée, la procession repart avec force rires et joie et au rythme des tambours sur la place des quatre dauphins, où les calissons sont distribués aux badauds sur les bonnes paroles du maire de la ville et du président des artisans confiseurs: «Honorons le calisson fruit du soleil, d’une pincée d’histoire, des plus beaux ingrédients de la terre et d’une louche de savoir-faire» et réjouissons-nous ensemble dans sa dégustation.


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Chacun repartira alors chez lui avec du sucre et du soleil en bouche, les yeux pleins de lumière et de couleur, la tête résonnant encore des rires et des chants provençaux. Une façon comme une autre d’entrer au cœur d’un peuple. D’une région.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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