Bienvenue au polar islandais

Siglufjördur, le village isolé

roman
Ragnar Jónasson, Sótt, roman traduit de la version anglaise d’après l’islandais par Ombeline Marchon, Paris, Éditions de La Martinière, 2018, 352 pages, 34,95 $.
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Publié 20/11/2018 par Paul-François Sylvestre

Rare sont les romans islandais traduits en français. C’est le cas de Sótt, écrit par Ragnar Jónasson dont la famille est originaire de Siglufjördur, un des villages les plus isolés du nord de l’Islande.

Une partie de l’action se déroule dans ce fjord bloqué entre la côte et les hautes montagnes, «le genre d’endroit où on perd facilement la tête» en raison de l’isolement, du froid et de la noirceur.

Nous sommes en 2012 et la police est appelée à revisiter la mort d’une femme, 55 ans passés. Elle serait décédée après avoir confondu un pot de sucre et un pot de mort-aux-rats.

Plusieurs croient à un suicide, mais son soi-disant neveu en doute. Il a une photo qui le montre à cinq mois avec ses parents, son oncle, sa tante et un jeune homme qui le porte dans ses bras. Personne ne sait qui est ce jeune homme…

Vaut mieux cacher la vérité

L’auteur échafaude toute une intrigue où le policier qui fait enquête se sent mal à l’aise de résoudre le mystère, où il se demande s’il vaut mieux cacher la vérité. «Il s’était efforcé de faire la lumière sur le passé, mais peut-être n’avait-il rien arrangé.»

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Plusieurs intrigues s’entrecroisent dans ce roman policier. Outre le suicide suspect d’une femme 50 ans passés, il est question de magouille politique, d’enfant kidnappé et de musicien mort pas si accidentellement que ça. De plus, Siglufjördur se relève d’une épidémie de fièvre hémorragique (sótt, en islandais).

Une journaliste mène sa propre enquête et pimente allègrement ce polar qui nous montre comment certains villages dans le nord de l’Islande sont à ce point plongés dans les ténèbres que leur isolement demeure presque palpable. Le dénouement des multiples intrigues s’avère lui aussi ténébreux.

Isolement et noirceur

Nous sommes loin des fjords sous un ciel étoilé ou rayonnant d’aurores boréales.

Peut-on mourir de peur dans l’isolement et la noirceur? Est-ce que vivre dans l’obscurité peut jouer sur le moral? Des fantômes surgissent-ils dans ces conditions? Le policier enquêteur n’a pas réponse à toutes ces questions, mais il sait que «la colère ne fait jamais bon ménage avec le chagrin»…

C’est l’agent du romancier suédois Henning Mankell qui a découvert Ragnar Jónasson et vendu les droits de ses livres dans vingt pays.

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Né à Reykjavik, Jónasson a traduit plusieurs des romans d’Agatha Christie en islandais, avant d’écrire ses propres «enquêtes de Siglufjördur», qui connaissent un succès retentissant en France et à l’étranger.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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