Au bout du chemin et au bout de soi-même

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Publié 23/02/2016 par Paul-François Sylvestre

Le chemin de Compostelle ou le Camino a fait couler beaucoup d’encre. On ne compte plus les récits, carnets, poèmes, romans et essais sur le sujet. Y a-t-il quelque chose à ajouter? Oui, parce que le Camino est différent pour chaque pèlerin. Gabriel Osson en fait foi dans J’ai marché sur les étoiles.

Point de départ: Saint-Jean-Pied-de-Port (France); arrivée: Santiago (Espagne). Nombre de kilomètres: 887; nombre de jours à pied: 26; nombre de leçons apprises: 7. «Aller vers Santiago n’est pas le but ni la destination. Le chemin en soi, c’est le but!»

Les raisons qui motivent cette longue marche varient selon les gens. Pour certains, c’est l’évasion ou la fuite; pour d’autres, ce sont des «vacances à bon marché» (beau jeu de mots). Il y a aussi le besoin de faire de l’exercice ou le besoin de grand air.

Gabriel Osson a parcouru le Camino pour faire le vide en lui-même, «pour laisser parler les voix qui ne s’entendent qu’en silence». Pour lui, aller au bout du chemin, c’était aller au bout de lui-même. «On ne fait pas le chemin pour se retrouver, mais pour changer.»

Les leçons apprises peuvent être pratico-pratiques, comme voyager léger et savoir se ménager. Elles peuvent être plus intimistes, comme faire preuve d’humilité et partager avec les autres pèlerins.

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On partage les repas et les dortoirs, bien entendu. On partage aussi les renseignements sur le trajet à suivre. Mais pour Gabriel Osson, il n’est pas nécessaire de partager son curriculum vitae, ses exploits antérieurs. Cela n’a pas d’importance. La seule chose qui compte est l’ici maintenant. Le Camino devient le pays du pèlerin.

Gabriel Osson a marché pendant 26 jours. Certains ont fait le trajet en beaucoup moins de temps car, pour eux, le Camino était une course contre la montre, une compétition en survêtements griffés, espadrilles à la mode et sac à dos de marque. Pour l’auteur, «cela jure un peu avec l’esprit de dépouillement du chemin».

Se rendre à Santiago n’est pas le but. Si tel était le cas, on prendrait un autobus et on y arriverait en moins de cinq heures. L’essentiel consiste à «découvrir le chemin, à se découvrir, à se dévoiler à soi-même».

«Prendre le temps et vivre au présent» demeure une des sept leçons apprises par Gabriel Osson. Il a découvert qu’il est important de se perdre, qu’il est nécessaire d’«apprendre à se perdre pour se retrouver et se dépasser physiquement et mentalement.»

Quelques sections du récit ou leçons sont étayées de photos, mais on les retrouve surtout dans une galerie à la fin du livre (il y en a 29). Côté pratique, l’auteur signale tous les effets dont il s’est départi en route et dresse une liste des vêtements strictement nécessaires: 2 t-shirts, 2 pantalons convertibles en shorts, 2 sous-vêtements, 2 paires de chaussettes coussinées, 1 chandail, 1 veste sans manche et 1 paire de sandales.

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Parmi les articles à inclure dans son sac à dos, il y a un minimum d’accessoires de toilette, une trousse de premiers soins, une lampe frontale et, bien entendu, un «Camel pack» de 4 litres d’eau. La boussole, le chronomètre et la montre sont inutiles. Le soleil, les étoiles et le pas-à-pas avec l’Autre suffisent à guider le vrai pèlerin.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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