Arielle Kayabaga, modèle d’engagement civique

Sa propre mère ne croyait pas qu'elle serait élue à London

23 février 2019
Arielle Kayabaga, à droite, en compagnie du conférencier et chanteur Abel Maxwell et de Florence Ngenzebuhoro, directrice générale du Centre francophone de Toronto.
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Publié 25/02/2019 par Alicia Blancher

Arielle Kayababa, première femme noire élue le 22 octobre dernier au Conseil municipal de London, est un bel exemple de «diversité», thème majeur de la célébration du Mois de l’Histoire des Noirs organisée par le Centre francophone de Toronto, ce samedi 23 février au centre Beanfield du Parc des Expositions.

Née au Burundi, elle est arrivée à l’âge de 10 ans au Canada. Diplômée en sciences politiques, c’est à la surprise générale qu’elle a été élue dans le 13e quartier de la ville: sa propre mère n’y croyait pas et priait pour que sa fille ne soit pas trop déprimée au lendemain du scrutin.

Une vingtaine de personnes sont venues assister à son atelier sur l’engagement civique à l’invitation du Centre francophone. Ils n’ont pas été déçus!

«Je crois au pouvoir de la communauté» 

 

Qu’est-ce que l’engagement civique?

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«C’est donner le meilleur de soi-même à sa communauté, sa famille, son pays», répond spontanément l’économiste et ancien ministre de la Défense du Burundi, Zenon Nicayenzi, résidant à Toronto depuis huit ans, qui participait à l’atelier.

«Combiner nos connaissances, nos compétences, et nos motivations, afin d’enrichir la vie de quelqu’un d’autre», complète Arielle Kayabaga.

Celle-ci est catégorique: on ne peut pas se plaindre de ne pas être représenté si on ne s’engage pas. «Si tu veux un changement, il faut que tu t’impliques!»

Cette dernière trouve notamment «ridicule» qu’elle soit la première femme noire élue à London en 2018. «Cela montre qu’il y a un véritable problème dans nos communautés», souligne-t-elle.

Impliquer les jeunes et les femmes

«Nous sommes tous concernés, pas seulement les politiciens.»

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Les minorités visibles, les jeunes, les femmes… Arielle Kayabaga souhaiterait que ces catégories de la population s’impliquent davantage dans les prises de décisions.

23 février 2019
Arielle Kayabaga, conseillère municipale à London, a discuté d’engagement civique.

C’est pourquoi elle a été à la rencontre de nombreux jeunes pendant sa campagne, malgré les conseils contraires de ses proches collaborateurs, selon qui c’est un «suicide politique» de se concentrer sur l’électorat jeune.

Ainsi, en plus d’avoir remporté les élections, Arielle Kayabaga peut être fière d’une autre victoire: 3000 personnes de plus ont voté en 2018 par rapport aux années précédentes, dont beaucoup de jeunes et de femmes célibataires selon des statistiques.

«Cela m’a beaucoup touché», confie-t-elle.

Une femme de 28 ans en politique

Néanmoins, elle reconnaît les obstacles auxquels doivent faire face les minorités, les femmes et les jeunes pour se faire entendre.

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«Lors de ma campagne, j’ai réalisé que j’étais une femme!»

En effet, Arielle Kayabaga a été confrontée à de nombreux rejets: pas invitée aux réunions, des réactions telles que «on ne vote pas pour une femme», sans cesse associée aux déboires des femmes politiques, etc.

«J’étais parfois traitée comme une enfant du secondaire», résume-t-elle.

«La culture burundaise ne m’a pas aidée» 

 

À une question de Zenon Nicayenzi, «la culture burundaise t’a-t-elle donné la force de te présenter aux élections?», Arielle Kayabaga semble amusée.

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Si elle reconnaît avoir gardé certains traits de sa culture d’origine, comme l’hospitalité et l’amour des autres, elle confie également comment cela a pu l’handicaper lors de sa campagne.

«Je n’arrivais pas à me vendre lors des élections, car on ne se vante pas au Burundi. J’ai donc décidé de divorcer de cet aspect de ma culture, qui nuisait à ma campagne», précise en souriant la conseillère municipale.

23 février 2019
Les danseuses de Connect Burundi. À droite: Zenon Nicayenzi et son épouse.

«C’est l’amour de la communauté qui m’a réellement poussé à m’engager», résume-t-elle.

C’est pourquoi Arielle Kayabage préfère se présenter comme une femme noire, plutôt que Burundaise. «Cela me permet de me connecter à davantage de personnes», ajoute-t-elle.

Un modèle qui inspire 

Plusieurs participants à l’atelier ont tenu à souligner «le courage» de l’intervenante. Maman à 18 ans, mère célibataire à 20 ans, conseillère municipale à 28 ans… Son parcours a de quoi inspirer.

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«Elle sera bientôt ministre!», a-t-on entendu.

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