Amanda Simard ne pense pas rester indépendante pour toujours

Marjorie April s'entretient avec Amanda Simard au Club canadien de Toronto.
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Publié 22/01/2019 par François Bergeron

Amanda Simard comprend «l’importance de faire partie d’une équipe» et ne pense pas «rester indépendante pour toujours» à l’Assemblée législative de l’Ontario.

La députée de Glengarry-Prescott-Russell, dans l’Est ontarien, qui a quitté le caucus conservateur dans la foulée des reculs infligés aux Franco-Ontariens le 15 novembre par le gouvernement de Doug Ford, attend l’élection d’un nouveau chef du Parti libéral avant de considérer rejoindre ce parti.

Conservatrice fiscale

«Je reste une conservatrice fiscale et une progressiste sociale», a-t-elle expliqué à la tribune du Club canadien de Toronto devant 200 personnes qui l’ont chaudement applaudie au Arcadian Court mardi midi.

Les Libéraux, présentement dirigés par le chef intérimaire John Fraser, devraient donc élire un chef «plus de droite que de gauche» pour intéresser Amanda Simard.

Elle ne reviendra pas au Parti PC quoiqu’il arrive:  «le lien de confiance est brisé».

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Marjorie April s’entretient avec Amanda Simard au Club canadien de Toronto.

Manque de respect

Interviewée par l’animatrice de Radio-Canada Marjorie April (un format que le Club canadien a inauguré l’an dernier pour quelques conférenciers), Amanda Simard a raconté les événements qui ont mené à sa décision de siéger comme indépendante à Queen’s Park le 29 novembre.

La goutte qui a fait déborder le vase a été la manoeuvre de son parti pour l’empêcher de s’exprimer en Chambre sur le projet de loi associé à la mise à jour économique qui affectait le commissariat et l’université. «On m’a empêché de faire mon travail d’élue.»

Déjà, elle cherchait à comprendre pourquoi elle, pourtant adjointe parlementaire de la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et seule élue conservatrice issue de la communauté franco-ontarienne, n’avait pas été consultée ni alertée sur ces décisions «qui ne généraient aucune épargne» et qui devenaient donc un «manque de respect» envers la francophonie.

Succès de la mobilisation

Elle a aussi frappé un mur d’incompréhension dans ses démarches auprès du premier ministre et de son entourage. «Les stratèges du Parti disaient que les gens ne se souviendraient pas de ces décisions dans trois ans.»

Grave erreur, selon elle, comme l’a démontré le succès des manifestations du 1er décembre à travers la province et dans tout le pays, qui a dépassé ses attentes et celles des organisateurs à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

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Le bureau du premier ministre l’avait également menacée de «conséquences» si elle n’annulait pas sa participation à l’émission Tout le monde en parle du 25 novembre. «Je pense qu’ils avaient peur que j’utilise mon intervention à l’émission pour annoncer que je passais au Parti libéral.»

Pour un parti et un gouvernement à l’écoute des francophones

Propulsée à l’avant-scène politique, «mon téléphone est devenu fou», image-t-elle. «On m’a jeté à l’eau et j’ai su nager.»

Mme Simard a rappelé qu’elle n’a jamais été hyperpartisane. Si le gouvernement Ford présente des mesures sensées de redressement des finances publiques – «ce pour quoi nous avons été élus, pas pour la bière à 1$» – elle les appuiera.

Plusieurs autres candidats conservateurs élus le 7 juin, comme elle, faisaient partie de l’équipe de Patrick Brown, «qui était à l’écoute des francophones», avant sa chute et son remplacement par Doug Ford à l’hiver 2017.

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Invitée à commenter la récente nomination d’une ex-candidate conservatrice dans sa circonscription, Marilissa Gosselin, au poste de conseillère du premier ministre aux affaires francophones, Mme Simard se demande si elle sera «un pont avec la communauté ou une simple porte-parole de Doug Ford».

«J’étais là, j’aurais pu le conseiller, il n’est pas venu me voir…»

Ambitions nationales?

Amanda Simard a remercié le gouvernement fédéral d’avoir lancé récemment une bouée de sauvetage d’1,9 million $ à l’équipe de l’Université de l’Ontario français. Même si Ottawa offre de participer au financement de l’UOF à hauteur de 50%, le gouvernement provincial refuse encore d’embarquer, déplore-t-elle.

Ironiquement, alors que c’est à Doud Ford et à Caroline Mulroney qu’on prêtait des ambitions nationales, très compromises depuis le 15 novembre, c’est maintenant Amanda Simard que plusieurs attendent un jour sur la scène fédérale… ce qu’elle n’a ni confirmé ni démenti.

Environ 200 personnes sont venues entendre Amanda Simard au Arcadian Court, rue Bay, mardi midi.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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