Aix-en-Provence: ville d’eau, ville d’art

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Publié 12/04/2011 par Aurélie Resch

Aix. Un aveugle croit qu’il pleut
Mais s’il pouvait voir sans sa canne
Il verrait cent fontaines bleues
Chanter la louange de Cézanne.»

Dans un de ses célèbres quatrains, Jean Cocteau résume avec justesse et poésie, la pensée de tout visiteur à propos d’Aix-en-Provence. Impossible en effet de dissocier la ville d’Aix-en-Provence de ses sources et sa centaine de fontaines. Chaque place, chaque coin de rue révèle un joyau de fontaine, en pierre, en mousse qui rafraîchit le passant tout en chantant une douce musique d’eau qui coule dans une vasque.

Un peu d’Histoire

En -122 av. J.-C., le général Romain Caïus Sextius trouve un site d’eau chaude et d’eau froide sur lequel il décide de construire un ensemble thermal, Aquae Sextiae. Ce sera la naissance de la ville d’Aix-en-Provence, Aix, venant du mot latin «aquae» qui veut dire eau.

Aujourd’hui, Aix-en-Provence a conservé ses thermes, en haut du Cours Sextius, centre de balnéothérapie convoité de la région.

Durant la période impériale, les Romains construisirent quatre aqueducs autour d’Aix, d’est en ouest pour faire couler l’eau des réserves naturelles des alentours: celui de Taconnade, de Vauvbenargue, de Saint Antonin et de Touloubre.

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Ceux-ci alimentaient un château d’eau dans le centre de la ville; là où se trouve aujourd’hui la place Richelme.

Ils bâtirent également de nombreuses fontaines à utilité autant sociale que thérapeutique, les eaux chaudes et froides de la région semblant calmer de nombreux maux.

Ces fontaines furent malheureusement détruites au Moyen Âge, jugées sources de maladies et d’épidémies. Aix se ravitailla alors en eau depuis des puits et des sources aux environs.

Au XVe siècle, la ville d’Aix-en-Provence connaît un nouvel essor et devient LA capitale de la Provence grâce au Roi René qui y installe ses quartiers.

Entouré d’une cour raffinée et cultivée, il fait de la ville une plaque tournante universitaire et culturelle de la région et contribue à son embellissement.

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Son père, le Conte de Provence Louis II restaure la place des fontaines dans la «ville d’eau» et multiplie leur construction dans les trois bourgs d’Aix: le bourg Saint-Sauveur, la ville de Tours et la ville comtale. La mère du Roi René, Yolande d’Aragon autorise quant à elle le détournement des eaux du Pinchinats, quartier rural au nord-est d’Aix-en-Provence pour les approvisionner davantage.

Au XVIIe, alors que la population connaît un accroissement sans précédent, le cardinal Mazarin réorganise la ville d’Aix et donne une nouvelle image à la fontaine.

D’utilitaire, la fontaine devient esthétique, élément incontournable de l’architecture d’Aix-en-Provence.

Les grandes épidémies de la peste et du choléra au XVIIIe, impose de repenser la distribution d’eau dans la ville. Le marquis de Vauvenargues remet sur pied l’aqueduc de la Traconnade pour puiser davantage dans les sources des Pinchinats.

La construction des barrages Zola et Bimont ainsi que l’élaboration de canalisations sous-terraines à partir du canal du Verdon pour desservir l’eau directement chez les particuliers achèvent de consacrer les fontaines d’Aix comme ornements historiques de la ville et marque de fabrique d’une ville d’eau… et d’art.

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Quelques-unes des plus célèbres fontaines aixoises

Les fontaines sont légion à Aix-en-Provence et font partie intégrale du paysage urbain.

Certaines fontaines ont disparu, détruites par des nécessités d’aménagement du territoire ou remplacées par d’autres.

Mythiques, pratiques, marques des grands hommes qui ont fait l’Histoire, elles personnalisent la ville et en font un écrin de sources de fraîcheur et de réalisations architecturales. Parmi les plus populaires ou plus imposantes, on compte:

La Fontaine d’eau chaude, dite «la fontaine moussue», fut la première construite sur le Cours Mirabeau en 1668. Elle est encore aujourd’hui alimentée par l’eau des Thermes.

Sa température est à 18 degrés. Entièrement recouverte de mousse et de végétation, elle offre un habitat naturel aux oiseaux et enchante les visiteurs par sa simplicité naturelle.

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La Fontaine des quatre dauphins est une œuvre de J.C. Rambot en hommage au Cardinal Michel de Mazarin. Elle est la première fontaine construite au milieu d’une place publique. Avant, toutes les fontaines, dont le rôle était utilitaire, étaient bâties à flanc de mur.

On peut admirer un très beau travail de ciselage et d’imagination dans l’ornement de quatre dauphins crachant de l’eau dans une vasque en pierre au mouvement demi-cintré.

En bas du Cours Mirabeau, la Fontaine de la Rotonde, trône majestueusement au milieu d’une place ouverte aujourd’hui à la circulation.

Érigée en 1860, elle se compose d’un bassin de trente-deux mètres de diamètre, et d’une construction de douze mètres de haut, comprenant une vasque plus petite que la première et trois statues, trois muses, en haut d’une colonne personnifiant la justice, les beaux arts et l’agriculture.
Alimentée à l’origine par les eaux du canal du Verdon, son eau est depuis 1974 recyclée.

Le temps de vivre à l’ombre d’une source

Pour ceux qui viennent découvrir la Provence et le pays d’Aix, une visite ne pourrait se passer d’une halte fraîcheur près d’une des cent fontaines de la ville. S’asseoir à une terrasse d’un café, à l’ombre d’un platane, admirer l’une de ces constructions en pierre ou en fer et écouter le chant de l’eau qui coule et se perdre dans le vent, c’est goûter au raffinement et replonger dans l’Histoire.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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