Adieu au poète du Nouvel-Ontario Robert Dickson

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Publié 27/03/2007 par René Cormier (FCCF) Yvon Malette (RÉCF) Jean Mohsen Fahmy (AAOF)

Nous réalisons à peine ce qui vient de nous arriver. L’âme du Nouvel-Ontario, le grand poète Robert Dickson nous a quittés. Il s’est éteint la semaine dernière comme il a vécu: tel une comète, une étoile filante illuminant le «Nord» de l’imaginaire franco-ontarien.

Installé à Sudbury au début des années 70, professeur de littérature à l’Université Laurentienne, cet anglophone du sud de l’Ontario a été de toutes les naissances artistiques franco-ontariennes, celle de la Coopérative artistique du nord de l’Ontario devenue la formation musicale CANO, celle du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) qui fêtait l’an dernier 35 ans de création, celle de la Galerie du Nouvel-Ontario (GNO), celle de la mythique Cuisine de la poésie et bien sûr, celle de la maison d’édition Prise de parole dont il assumait la présidence depuis bientôt 20 ans avec sa complice et directrice générale Denise Truax.

Des noms légendaires comme ceux d’André Paiement, Robert Paquette, Robert Marinier, Patrice Desbiens, Brigitte Haentjens, Jean Marc Dalpé sont associés au Sudbury du poète qui clamait «au nord de notre vie».

Professeur, éditeur et écrivain, couronné du prix du Gouverneur général en 2002 en poésie avec Humains paysages en temps de paix relative, il nous a aussi légué plusieurs autres bons crus dont Une bonne trentaine, Or «é» alité,Abris Nocturnes, Grand ciel bleu par ici, et dernièrement Libertés provisoires.

Traducteur à ses heures, il nous a permis de connaître au moins deux visions du monde, celle de Lola Tostevin dans Kaki et de Tomson Highway dans Champion et Ooneemeetoo, deux traductions remarquées par leur sensibilité intelligente.

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Parfaitement bilingue, il a fait connaître le théâtre de Jean Marc Dalpé aux Canadiens anglais en traduisant trois de ses pièces dont In the ring (traduction de Eddy) qui fut produite au Festival de Stratford.

Il a également collaboré à plusieurs films dont Le dernier des Franco-Ontariens, film de Jean Marc Larivière tiré du livre choc de Pierre Albert. Bref, il a été de toutes les manifestations créatrices de sens.

Quelques-uns d’entre nous avons eu le grand bonheur d’apprécier une dernière fois son inspiration poétique au Lion d’Or à Montréal, dans le cadre de la dernière édition du Festival international de littérature (FIL), en compagnie de bons amis de la confrérie des poètes du Canada français, dont Herménégilde Chiasson et Roger Léveillé, dans un spectacle de poésie intitulé d’après le titre d’un de ses recueils «Grand ciel bleu par ici».

Plusieurs représentants de la francophonie canadienne se souviendront aussi avec beaucoup d’estime de son rôle et de sa présence lors du premier Forum national sur la situation des arts au Canada français qu’il co-organisait à Sudbury en 1998, en partenariat avec l’Institut franco-ontarien, sous le titre «Toutes les photos finissent-elles par se ressembler?» (clin d’oeil à Herménégilde Chiasson).

Son départ nous fait réfléchir à la différence déterminante que peut faire un artiste engagé dans son milieu? Il ne l’a pas fait seul mais il a su insuffler la bonne dose de folie, d’énergie et de sens pour rallier, créer, moderniser et se projeter dans l’avenir!

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Il nous restera beaucoup d’empreintes créatrices du passage de Robert Dickson dans l’univers canadien. Une oeuvre littéraire couronnée, une maison d’édition animatrice littéraire au coeur du nord de l’Ontario, plusieurs milliers d’étudiants marqués, touchés et disséminés aux quatre vents de l’Ontario français.

Après la peinture de Magritte, il y aura maintenant la poésie de Dickson?

ai-je la poitrine assez grande les poumons
assez forts élastiques amoureux pour
accueillir l’été des Indiens l’automne
la lumière qui s’en va comme tant d’autres
puis la saison où tout est de l’à-vif
sauf moi qui ne rêve que de truites de
retrouvailles de mauvaises herbes qui percent
le sol comme un homme se lève avec l’espoir d’un café.

Au nom du milieu littéraire et artistique de la francophonie canadienne nous écrivons – encore des mots – pour saluer aujourd’hui le poète, son oeuvre et son engagement ancré au coeur du Nord ontarien et pour lui dire avec beaucoup d’amitié: merci Robert!

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