Les Libéraux de Jean Charest remportent une élection partielle

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Publié 06/12/2011 par Patrice Bergeron (La Presse Canadienne)

à 23h08 HNE, le 5 décembre 2011.

QUÉBEC – Les libéraux ont réussi, lundi, à garder leur bastion de Bonaventure malgré l’insatisfaction manifestée régulièrement dans les sondages à l’encontre du gouvernement Charest.

Les péquistes n’ont pas réussi à rééditer le coup de Kamouraska-Témiscouata de l’an dernier, mais ont amélioré leur résultat par rapport à 2008, même s’ils ont concédé la victoire au libéral Damien Arsenault, à peine une heure après la fermeture des bureaux de scrutin.

Au final de cette courte soirée électorale, avec toutes les 126 boîtes de scrutin dépouillées, M. Arsenault a obtenu près de 50 pour cent des voix, à 7887, contre 5935 pour le péquiste Sylvain Roy.

L’avance libérale a fondu de près de 14 points de pourcentage par rapport au dernier scrutin général. À défaut d’une victoire, Pauline Marois, qui était à Carleton-sur-Mer avec son candidat, pouvait à tout le moins se targuer d’une sorte de succès d’estime, en gagnant 8 points de plus en suffrages, ce qui risque à tout le moins peut-être d’atténuer la grogne dans son caucus.

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Dans son discours, M. Arsenault a dédié sa victoire à son chef Jean Charest qui ne pouvait être présent en raison d’un contretemps dans son déplacement en avion.

«Le comté de Bonaventure a rejeté le cynisme et en a envoyé un message clair contre la façon de faire de la politique négative», a-t-il déclaré devant ses partisans.

De son côté, la chef péquiste a dit que ses troupes avaient fait une campagne «énergique». En effet plusieurs députés ont ratissé la circonscription pendant des semaines, tandis qu’elle-même est allée prêter main-forte à de nombreuses reprises à son candidat.

Mais les péquistes ont dû se battre contre deux «fantômes», a-t-elle convenu, celui de l’ex-ministre Nathalie Normandeau qui était solidement enracinée dans cette circonscription, mais aussi celui de François Legault.

«Francois Legault n’a pas eu le courage de présenter un candidat, a dénoncé Mme Marois, devant ses militants déçus. Il n’a même pas eu le coeur de se prononcer pour inciter les gens de Bonaventure à battre les libéraux. Peut-être a-t-il voulu empêcher la division du vote fédéraliste. Par son absence et son silence, Francois Legault aura été le complice de Jean Charest.»

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Sylvain Roy a pour sa part déjà annoncé qu’il allait être là au prochain scrutin général.

«Je reviendrai en Gaspésie» et cette fois ce sera la bonne, a promis Mme Marois.

Par ailleurs, la candidate de Québec solidaire, Patricia Chartier, a bien figuré en récoltant 1422 voix, près de 9 pour cent des suffrages, enlevant ainsi peut-être de précieux soutiens au PQ.

La présidente et porte-parole du parti, Françoise David, a fait mauvaise fortune bon coeur, se disant encouragée par la progression de son parti dans un comté situé hors de Montréal. «Je sens cet appétit de changement. On veut plus de justice sociale, plus d’intégrité, plus d’appuis aux énergies vertes. On réclame des pouvoirs accrus pour les régions. Tout cela se trouve à Québec solidaire», a-t-elle dit dans un communiqué.

L’adéquiste Georges Painchaud n’a pu obtenir que 365 voix.

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Les libéraux comptent désormais 65 députés à l’Assemblée générale, 20 de plus que le Parti québécois. L’ADQ en a quatre, Québec solidaire un. Il y a 10 parlementaires indépendants, en comptant Jean-Martin Aussant, de Nicolet-Yamaska, qui a lancé son propre parti, Option nationale.

En 2008, Nathalie Normandeau avait recueilli 64,23 pour cent des voix, contre 29,06 pour cent pour le candidat péquiste, Marcel Landry. L’ADQ s’était alors contenté de 3,52 pour cent des suffrages.

* * *

Les péquistes atterrés

Alexandre Robillard, La Presse Canadienne
à 18h01 HNE, le 6 décembre 2011.

QUÉBEC – Le député péquiste Yves-François Blanchet est atterré de voir que les électeurs de la circonscription de Bonaventure ont réélu un candidat libéral, lundi soir, malgré le manque d’éthique du gouvernement de Jean Charest.

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M. Blanchet a commenté mardi le résultat du scrutin en se disant inquiet de voir que les électeurs ont choisi Damien Arsenault, qui a récolté près de 50 pour cent des votes dans cette circonscription traditionnellement acquise aux libéraux.

Tout en reconnaissant que les citoyens ont la totale liberté de leur choix, M. Blanchet, député de Drummond, considère que le résultat du scrutin de lundi, où le PQ a terminé deuxième, est inexplicable.

«Je trouve ça inquiétant que des gens, avec le bilan de ce gouvernement et de ce parti, votent quand même par simple habitude pour eux», a-t-il dit.

«Ça m’atterre de voir ce genre de comportement. Je ne pense pas avoir le droit d’être fâché parce que la démocratie, c’est la patronne de toutes ces questions. Mais je ne réussis pas à m’expliquer qu’on puisse cautionner un gouvernement qui se moque à ce point des principes d’éthique les plus élémentaires.»

Le député péquiste Maka Kotto, qui représente Bourget, a évoqué la possibilité que les électeurs de Bonaventure ne disposaient pas de toutes les informations pour faire un choix éclairé, dans le contexte où le gouvernement Charest atteint des sommets d’impopularité dans les sondages.

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«La réponse est dans leur tête, mais est-ce qu’ils sont aussi au fait de l’information qui est générée ici sur la colline ou ailleurs dans les grands centres comme Montréal et Québec? La question se pose aussi.»

Le Parti québécois a obtenu 37 pour cent des suffrages lors de cette élection partielle que la chef Pauline Marois a refusé de voir comme un test pour son leadership, durement éprouvé au cours des derniers mois.

Plusieurs péquistes ont souligné que leur candidat Sylvain Roy avait amélioré le score du PQ, lundi, comparativement aux dernières élections générales, tandis que les libéraux ont enregistré un recul.

Le doyen du caucus péquiste, François Gendron, a affirmé que le leadership de Mme Marois n’était nullement affecté par le résultat de l’élection partielle.

«Les leaderships sont rarement paisibles, de toute façon, a-t-il dit. Mais ça n’a rien à voir. La partielle et le leadership, ça n’a rien à voir.»

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Gérard Deltell ébranlé

Sonné, le chef adéquiste Gérard Deltell peinait mardi à expliquer la déconfiture de son parti, qui a terminé au quatrième rang avec 2,3 pour cent du vote, loin derrière Québec solidaire, qui a récolté 9 pour cent des suffrages.

Même si Bonaventure n’a jamais été un terreau fertile pour l’ADQ, les résultats obtenus sont très décevants, a convenu M. Deltell en point de presse à l’entrée d’une réunion du caucus de ses députés à l’Assemblée nationale.

Selon lui, les idées de l’ADQ ont rencontré une forte résistance de la part des groupes de gauche locaux et du Nouveau Parti démocratique, qui ont mené la charge pour Québec solidaire.

«C’est un résultat qui est décevant pour nous, on ne jouera pas à l’autruche là-dedans», a-t-il dit.

Néanmoins, M. Deltell ne croit pas que les résultats médiocres de l’ADQ auront un impact négatif sur les négociations en cours en vue d’une fusion avec la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.

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À Montréal, M. Legault a affirmé que le résultat de lundi dans Bonaventure démontre qu’il est insuffisant de miser sur la seule insatisfaction pour déloger les libéraux. Selon lui, l’incertitude provoquée par ces pourparlers avec l’ADQ a probablement nui à la performance du candidat adéquiste.

«L’ADQ était dans une situation difficile parce que toute l’incertitude autour des négociations entre nous deux, ça faisait peut-être que le parti était menacé de ne pas être là éventuellement», a-t-il estimé.

La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a déclaré que le résultat de son parti lundi suscite beaucoup d’espoir pour les prochaines élections générales.

«S’il y en avait encore qui croyaient que Québec solidaire n’était que le parti du Plateau Mont-Royal, il faut vraiment se détromper, a-t-elle dit. Québec solidaire, c’est aussi et depuis longtemps _ mais, bon, là, on le voit de plus en plus _ le parti des régions.»

M. Charest a pour sa part dénoncé la stratégie du PQ qui reposait sur une politique dénonçant la corruption et la collusion dans la construction.

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Selon le premier ministre, les électeurs ont rejeté cette approche en choisissant M. Arsenault, le maire de Saint-Elzéar, une municipalité de la circonscription.

«C’est le rejet du cynisme, de cette campagne de salissage du Parti québécois», a-t-il dit.

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