4000 Arméniens sauvés par la marine française en 1915

Une exposition bilingue à la Bibliothèque de Toronto

Noms de certains des résistants arméniens du Musa Dagh sur bois, à l'exposition Les 40 jours de Musa Dagh
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/11/2017 par Laurie Humbert

Du 12 au 14 septembre 1915, la marine française en Méditerranée, sous le commandement du vice-amiral Dartige du Fournet, évacue 4000 Arméniens de la région de Musa Dagh fuyant l’Empire ottoman, qu’elle débarque ensuite à Port-Saïd en Égypte.

L’exposition bilingue Les 40 jours de Musa Dagh : Testament de la résistance au coeur du génocide arménien , pendant tout le mois de novembre au troisième étage de la Bibliothèque de référence de Toronto sur la rue Yonge au nord de Bloor, rappelle ce sauvetage – que raconte Franz Werzel, écrivain originaire de Prague et ami d’enfance de Franz Kafka, dans un roman écrit après un voyage en Syrie en 1930.

C’est à la fois à son roman et aux faits historiques que s’intéresse l’exposition ludique, enrichissante et émouvante, organisée par le Sara Corning Centre for Genocide Education, et le Comité canadien du centenaire du génocide des Arméniens, dans le cadre de la Semaine d’éducation sur l’Holocauste du Sarah and Chaim Neuberger Holocaust Education Center.

Vatché Iskedjian présente l'exposition Les 40 jours de Musa Dagh au maire de Toronto John Tory le 1er novembre.
Vatché Iskedjian présente l’exposition Les 40 jours de Musa Dagh au maire de Toronto John Tory le 1er novembre.

Plus d’un million de morts

Pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman (actuelle Turquie) voit le parti Jeunes Turcs au pouvoir se radicaliser, notamment à cause d’une perte de territoire dans les Balkans et de l’arrivée des Russes, ennemis de l’Empire ottoman à la frontière nord.

L’Empire soupçonne les Arméniens de sympathiser avec les Russes, en plus de craindre leurs élites intellectuelles, et lance au printemps 1915 un grand plan d’éradication de cette population. Jusqu’à la fin de la guerre, les Arméniens sont déportés, et massacrés. Sur 2 000 000 d’Arméniens, 1 300 000 sont exécutés.

Publicité

Musa Dagh est un mont situé à la frontière de la Turquie et de la Syrie actuelles près de la Méditerranée. En 1915, la population d’Arméniens qui y habite organise une résistance au génocide, avant d’être sauvé par la flotte française.

Photo d'archive de certains des Arméniens de Musa Dagh
Photo d’archive de certains des Arméniens rescapés de Musa Dagh
Image d'archive du débarquement des Arméniens de Musa Dagh en Égypte par la flotte française.
Image d’archive du débarquement des Arméniens de Musa Dagh en Égypte par la flotte française.

L’importance de l’éducation

Déjà présentée à Montréal il y a deux ans pour le centenaire du génocide arménien, l’exposition Les 40 jours de Musa Dagh a été inaugurée à Toronto le 1er novembre en présence du maire John Tory, qui a indiqué y avoir «appris de nouvelles choses».

Le maire a souligné l’importance de la commémoration du génocide arménien, mais aussi la nécessité d’inclure l’Histoire du génocide dans l’enseignement.

«L’Histoire du peuple arménien est aussi notre Histoire», dit-il. «Il est nécessaire de l’enseigner pour mieux comprendre d’autres évènements d’actualité, et empêcher la reproduction de ce genre de crimes».

En effet, plus de 100 ans après, la Turquie refuse toujours de reconnaître ce génocide.

Publicité
Affiche présentant plusieurs premières de couverture du roman Les 40 jours de Musa Dagh de Franz Werfel.
Affiche présentant plusieurs premières de couverture du roman Les 40 jours de Musa Dagh de Franz Werfel.

Histoire méconnue

Vatché Iskedjian, président de l’association Sara Corning Center for Genocide Education, et descendant des habitants du Musa Dagh sauvés par la marine française, confie à L’Express qu’il espère que la Turquie admette un jour le génocide.

«Plusieurs générations turques ont grandi sans être au courant de ce que leurs ancêtres ont commis sur la population arménienne. Un pays bâti sur un mensonge finira par s’écrouler.»

Il indique que cette exposition et le roman de Franz Werfel «rappellent au monde qu’il y a eu durant le génocide des actes et des événements qui, non seulement ont donné espoir au peuple arménien, mais ont aussi servi de source d’inspiration à d’autres peuples opprimés, comme les Juifs d’Europe durant la période nazie».

Selon lui, l’exposition assure la transmission aux générations futures de l’histoire de ces résistants, à laquelle ont participé ses grands-parents.

«Si l’humanité ne tire pas de leçon des atrocités et des génocides du passé, alors comment pouvons-nous les prévenir à l’avenir? Éduquer les jeunes et le grand public sur ces évènements historiques est la meilleure façon de promouvoir l’harmonie et le respect entre les peuples.»

Greg Chitilian, président du Comité canadien du centenaire du génocide des Arméniens, section Ontario, remet au maire un livre qui résume toutes les activités et tous les événements organisés dans le cadre du centenaire du génocide en 2015.
Greg Chitilian, président du Comité canadien du centenaire du génocide des Arméniens, section Ontario, remet au maire un livre qui résume toutes les activités et tous les événements organisés dans le cadre du centenaire du génocide en 2015.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur