Transgenres : difficile prise de conscience

L’avocat Sasha Cragg-Gore, la députée Cheri Di Novo et la psychologue Françoise Susset.
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Publié 28/06/2016 par Maëva Saint-Albin

41% de personnes transgenres ont déjà tenté de se suicider. 19% ont été victime de violences ou d’abus par un des membres de leur famille. 26 % ont déjà perdu leur emploi en raison de leur identité. Pour la psychologue montréalaise Françoise Susset, qui participait à Toronto à un événement du festival Franco-Fierté, «de tels chiffres devraient provoquer une crise de santé mondiale».

Jeudi dernier au Collège Boréal, on a également eu droit à une discussion avec Cheri Di Novo, la députée néo-démocrate provinciale de Parkdale, championne des droits LGBT, et Sasha Cragg-Gore, avocat au Centre francophone de Toronto, pour un éclairage sur le dernier projet de loi fédéral, l’historique législatif, ainsi que les procédures de recours face aux défis rencontrés par les personnes transgenres.

Pour mieux comprendre, les personnes transgenres – dont l’identité diffère de celle que la nature leur a attribuée à la naissance – les participants ont aussi pu voir la série documentaire Je suis Trans et rencontrer deux de ses protagonistes.

Françoise Susset fait aussi référence à l’histoire et aux peuples autochtones du monde pour documenter l’intolérance qui est née dans le monde occidental sur cette problématique.

Chez les peuples autochtones, on parle de bispiritualité ou de «Mahu» pour démontrer l’idée d’une troisième identité, ni homme ni femme mais unique à chacun. À l’époque, on disait des personnes bispirituelles qu’elles étaient plus proches des dieux. Encore aujourd’hui, les Hijra indiens en difficulté socialement dans leur pays sont appelés pour bénir des enfants ou des unions.

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Depuis quelques années, on assiste à un renouveau sur la question trans. Les tentatives de légiférer sur l’accès aux toilettes aux États-Unis inquiètent, par exemple. De plus, la récente attaque à Orlando montre que les personnes LGBT ne sont pas en sécurité.

Mais on voit aussi que les problèmes de la communauté trans touchent de plus en plus de gens en raison de «l’intersectionnalité». En effet, la misogynie et le racisme causent encore plus de difficultés pour les femmes trans et plus précisément les femmes transgenres noires.

Statistiquement, elles ont plus de chances d’être emprisonnées, violentées ou assassinées. On pense à Cece McDonald, femme trans noire américaine emprisonnée dans une prison pour hommes pour légitime défense après une attaque transphobe et raciste.

Le magazine américain Times titrait en 2014 «The Transgender tipping point». On voit que la question trans prend une grande place dans les médias et en politique. La situation sociale, économique et culturelle des personnes trans inquiète de plus en plus de citoyens.

Surtout, de nombreuses célébrités Trans gagnent en visibilité. En tête de gondole, Laverne Cox, première actrice Trans à être nommée pour un Emmy ou encore l’ancien champion olympique Bruce/Caitlyn Jenner devenue porte-parole de cette communauté.

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Malgré cette nouvelle visibilité, la violence physique et morale vécue par les personnes trans est en hausse. Françoise Susset parle d’une violence qui commence dès la naissance et prend son zénith autour de la puberté. «Parents, croyez vos enfants», s’exclame-t-elle. Elle affirme que l’identité Trans se déclare statistiquement assez tôt, avant 14 ans et qu’il faut réagir en conséquence.

Elle plaide pour un meilleur traitement des personnes trans ou non binaire (ni homme, ni femme et ne correspondant pas physiquement à ces deux genres) dans les milieux scolaires ainsi que pour plus de flexibilité par rapport à l’identité de genre chez les parents et dans la société.

En tant que psychologue, elle voit directement les résultats ce mauvais traitement et souhaite voir tout cela changer. Avec Françoise Susset, l’éducation devient le premier pas vers le changement.

Cet après-midi organisé par Franco-Fierté est un des nombreux pas vers cette démarche d’éducation générale. À la clé, une amélioration des conditions de vie pour les personnes aux identités non conformes.

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