Soliman le Magnifique

Portrait attribué au Titien (1488-1575) de Soliman le Magnifique, vers1530.
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Publié 13/09/2016 par Gabriel Racle

Il y a 450 ans, le 7 septembre 1566, décédait à Szigetvár, une bourgade du sud de l’actuelle Hongrie, un personnage connu en Occident sous le nom de Soliman le Magnifique.

Premier calife

Soliman est probablement né en 1494 dans l’actuelle ville turque de à Trabzon sur les bords de la mer Noire. Son père, Selim Ier dit «le brave» ou «le terrible», est le neuvième sultan de l’Empire ottoman et le premier à porter le titre de calife à partir de 1517. Sa mère, la sultane Hafsa Sultan, meurt en 1534.

À sept ans, Soliman est envoyé à l’école du palais de Topkapi à Constantinople pour y étudier les sciences, l’histoire, la littérature, la théologie et les techniques militaires. À 17 ans, Soliman est nommé gouverneur de Kefe (Théodosie) dans l’actuelle Crimée, puis de Manisa en Turquie.

À la mort de son père, le 20 septembre 1520 à Constantinople, Soliman lui succède en tant que dixième sultan ottoman. Seul fils de Selim, il prend le pouvoir sans problème de succession contrairement à ses prédécesseurs.

«Certains historiens avancent que, dans sa jeunesse, Soliman avait une admiration pour Alexandre le Grand. Il était influencé par la vision que portait Alexandre pour un empire mondial, qui s’étendrait de l’Est à l’Ouest. Vision qui pourrait avoir encouragé Soliman à entreprendre ses futures campagnes militaires en Asie, en Afrique et en Europe, afin d’étendre l’Empire ottoman.»

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Le conquérant

Dès la mort de son père, Soliman entreprend une série de conquêtes militaires. Conscient de l’importance stratégique de Belgrade pour la conquête de l’Europe, il prépare la prise de l’actuelle capitale de la Serbie, alors défendue en principe par le Royaume de Hongrie (1001-1946) et que son arrière-grand-père Mehmed II le Conquérant (1451-1481) n’avait pas réussi à prendre en 1456. Sans soutien de la Hongrie, la ville tombe en août 1521.

À l’été 1522, Soliman prend la tête d’une flotte de 400 navires et d’une armée de 100 000 hommes pour déloger de l’île de Rhodes les Chevaliers hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, perçus comme une menace. Après un siège de cinq mois, Rhodes capitule et les Chevaliers quittent Rhodes pour s’installer dans l’île de Malte (L’Express, 10 août 2010).

En 1526, l’Empire hongrois s’effondre après une bataille perdue contre l’armée de Soliman qui domine désormais toute la région. Mais la puissance ottomane en Europe centrale va marquer le pas après l’échec, en 1529, de Soliman devant Vienne qu’il ne pourra jamais prendre (L’Express, 24 juin 2014).

En infligeant à Soliman sa première défaite, les Autrichiens marquent sans le savoir le début d’une rivalité entre les Ottomans et les Habsbourg qui a duré jusqu’au XXe siècle. Mais «avec l’affaiblissement de ses rivaux européens, Soliman s’était assuré un rôle de premier plan dans les affaires européennes».

Campagnes contre les Perses

Les frontières européennes de son empire étant désormais assurées, Soliman décide de s’en prendre à la menace que représente pour lui la dynastie chiite perse.

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Une première campagne débute en 1533 mais n’est pas un franc succès. Une deuxième campagne est lancée en 1548-1549. Soliman fait des gains territoriaux sans battre l’armée perse qui se replie.

Une troisième campagne se termine par un traité avec le shah de Perse. Les Perses conservent leurs territoires du Nord-Ouest, mais Soliman s’empare de Bagdad, de la Mésopotamie, des l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, et d’un débouché dans le golfe Persique. Le shah s’engage également à cesser toutes ses incursions en territoire ottoman.

Il faudrait encore mentionner la présence des navigateurs ottomans dans l’océan Indien où ils s’opposent particulièrement aux Portugais et s’emparent d’une partie du Yémen.

Fort de son contrôle indiscuté sur la mer Rouge, Soliman parvint à contrecarrer l’influence portugaise et à poursuivre un commerce important avec l’Empire moghol (L’Express, 30 septembre 2014) durant tout le XVIe siècle. Son amiral Piri Reis dirige une flotte ottomane qui s’empara de Mascate (sultanat d’Oman) alors portugaise en 1552.

Soliman a aussi cherché à établir son influence en Méditerranée contre les Espagnols, mais sans réussir à s’imposer réellement. Il n’a pu chasser de Malte les Chevaliers hospitaliers soutenus par des renforts espagnols.

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Réformateur

Soliman était aussi un poète accompli, un bâtisseur de monuments historiques, un réformateur administratif qui lui vaut en Orient le surnom de «Législateur».

En août 2016, des chercheurs hongrois ont retrouvé le tombeau de Soliman à Szigetvár, à 30 kilomètres de la frontière croate. Il était décédé à 71 ans lors du siège de la forteresse de cette ville.

«Les gens considèrent la richesse et le pouvoir comme le plus grand des destins, Mais dans ce monde un moment de santé est le meilleur des états. Ce que les gens appellent souveraineté est une lutte temporelle et une guerre constante; La vénération de Dieu est le plus haut des trônes, le plus joyeux de tous les états.» (Extrait d’un poème de Soliman)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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